Kahofi SUY

‘’Berrymania’’ : Ne vous faites pas avoir !

Quand on veut un téléphone ‘’révolutionnaire’’ il faut pouvoir le reconnaitre

A Abidjan on ne jure que par ce téléphone qui semble ne pas avoir de concurrent. Le BlackBerry est le téléphone qui fait courir les Ivoiriens. Si les marchants de téléphone portable avaient pion sur rue au tout début de l’invasion du BlackBerry, les compagnies de téléphonie veulent aujourd’hui rattraper le retard. Mais attention : acheté dans un magasin ou sur le marché le BlackBerry peut réserver des surprises !

Le buzz du BlackBerry

Après la folle période des portables multimédia, ceux à écrans tactiles ou à deux SIM et du célèbre iPhone, Abidjan vit désormais au rythme du BlackBerry. Ce téléphone aux multiples applications et au design hi-tech fait jazzer les uns et les autres. La mise sur le marché de nouveaux modèles alimente les conversations et les férus de téléphone à la mode ne manquent pas d’occasion pour passer dans la nouvelle dimension. Il faut débourser entre 150.000 f CFA et 300.000 f CFA pour un BlackBerry. Ces prix ne donnent nullement des sueurs froides aux amoureux du téléphone qui n’hésitent pas à écumer les marchés et magasins de la capitale à la recherche de la dernière série. Malheureusement plus un objet a du succès, plus il est sujet à la contrefaçon et à toute sorte de trafic. Acheter un BlackBerry semble être une affaire toute simple mais les connaisseurs et les vieux routiers de la filière portable à Abidjan nous disent le contraire. Sur les pas des commerçants et acheteurs du BlackBerry nous nous rendons dans deux points stratégiques du business du téléphone : le Black d’Adjamé et la Gare de Bassam à Treichville (quartier populaire). Entre pic-pockets, receleurs et vendeurs, ils nous donnent quelques conseils pour ne pas tomber sur un téléphone à problème.

Quelques astuces à retenir avant tout achat

Beaucoup de personnes ne veulent pas acheter des portables simlockés (verrouillés par les maisons de téléphonie mobile) voici pourquoi elles viennent directement sur le marché se ravitailler mais il faut faire attention. Soro est vendeur de téléphone portable au Black market d’Adjamé, il nous donne quelques conseils pour éviter de se faire plumer aussi bien pour l’achat d’un BlackBerry que de tout autre téléphone portable. « N’achetez jamais un Blackberry ou même un quelconque téléphone portable avec un vendeur à la sauvette : dans 80 % des cas le vendeur vient de le voler. Si vous l’achetez en seconde main faite le vérifier par un bon électronicien même si vous le reprenez à votre meilleur ami. Le vrai Blackberry n’est pas un téléphone mais un bijou NTIC qui sert à communiquer. Si quelqu’un s’en sépare c’est en grande parti parce que le téléphone vient d’avoir un problème. Exigez toujours un acte de vente sinon vous risquez de vous retrouver en prison pour recel ».

Toujours s’adresser à un expert

Moustapha nous attend à la gare de Bassam : sa spécialité est le dépannage des portables. Lui aussi à quelques conseils pour nous. « Vous voyez ce téléphone, vu son apparence il doit être bon ; mais si je vous le vends il vous sera utile juste deux semaines car son système est infecté par un virus. Aucune barrière n’existe plus vraiment contre les programmes malveillants et avec la vague des chinetok (produit contrefait venant en général d’Asie) tout est possible. Plus un BlackBerry à des applications installées, plus il est un potentiel nid de virus car rares sont ceux qui payent pour les applications qu’ils téléchargent ».

Etre prudent pour éviter le ‘’Blackborry’’ !

BlackBerry à ne pas confondre avec BlackBorry ! La seconde expression issue de l’argot ivoirien désigne toute camelote sans valeur qu’on vous revend en lieu et place du vrai BlackBerry. Le mot ‘’Borry’’ placé à la fin de l’expression signifie en Dioula fuir car généralement le faux vendeur se tire avec vos sous une fois l’affaire conclue. Alors pour ne pas être un ‘’gaou’’ (ignorant) à la merci des petits délinquants soyez prudent ! Si vous achetez votre BlackBerry sur le marché faite le dans un magasin et non sur une étale dans la rue : respectez les prescriptions du vendeur et faites vous rembourser automatiquement si le téléphone ne répond pas à vos aspirations. De nombreux clients courent depuis des mois après des commerçants véreux pour récupérer leur argent après l’achat d’un BlackBerry défectueux.

Suy Kahofi


Côte d’Ivoire présidentielle 2010 : Début de la campagne sur un air d’affichage !

Les affiches ventent les programmes de chaque candidats

« C’est parti » comme dirait ce jeune Ivoirien que nous avons croisé au Collège Moderne de Cocody (quartier présidentiel) venu retirer sa carte nationale d’Identité et sa carte d’électeur. Ce 15 octobre 2010 marque officiellement le top départ de la campagne électorale pour la présidentielle du 31 octobre 2010. Malgré la pluie qui s’abattait sur Abidjan, les bénévoles et partisans des 14 candidats ont pris d’assaut les rues de la capitale économique Ivoirienne pour inonder les murs et autres espaces publics des affiches de leurs candidats. Gares routières, agoras, écoles ou entreprises, aucun espace n’est laissé ! « Là où il y a des hommes et des femmes susceptibles de voter nous affichons » soutien Camille Bazié fidèle du candidat Laurent Gbagbo. Il arrive que des militants se retrouvent dans un même espace : sans animosité aucune on cède la place à l’opposant pour placarder son affiche. « Voilà la photo de Bédié » affirme N’da Kouakou Carlos avant de conclure en riant « j’ai laissé la place pour ADO, Mabri et les autres ».

Au-delà des petites affiches collées par les partisans, c’est aussi un gros business d’imprimerie et d’affichage sur panneaux géants qui tourne ! Les régies publicitaires en charge de la gestion des panneaux et enseignes peuvent se frotter les mains. A voir le nombre important de panneaux occupés par les politiciens, on se dit que cette campagne sera aussi une histoire de gros sous. En plus des affiches visibles dans toute la ville, c’est également des tours d’Abidjan avec fanfares, réunions publiques et point de presse qui ont émaillé cette journée. « Bon je peut dire maintenant que nos politiciens sont dans le vrai ! Sans le dire ils avaient commencé la campagne mais je crois que désormais ils ont le droit d’y aller à fond » soutien Camara Ladji. « Moi je veux que cette campagne se tienne sans violence et surtout sans qu’un seul candidat ne joue la carte régionale ou ethnique. La Côte d’Ivoire doit rompre avec les vieux démons de la division pour se bâtir un avenir meilleur » souligne Oka Simplice.

Le top départ de la campagne est aussi le moment choisi pour un appel des comités politiques aux militants pour que ceux-ci aillent récupérer leurs cartes d’identité et leurs cartes d’électeurs. Si au début de la distribution on sentait un certain enthousiasme en sein de la population, il faut reconnaître que cette ferveur baisse d’intensité. L’autre grand défi des partis politiques sera la formation de leurs militants au vote par bulletin unique vu que ce système sera testé pour la première fois en Côte d’Ivoire. Attention donc aux bulletins nuls !

Suy Kahofi


Billy Billy : Voici pourquoi les Ivoiriens adorent le lyriciste de wassakara

Billy Billy en prestation

Il est aujourd’hui la figure la plus représentative du hip-hop Ivoirien. Yao Billy Serges a.k.a Billy Billy est le fer de lance de la zulu nation version Côte d’Ivoire. Précurseur d’un rap 100% Ivoirien fait en nouchi (l’argot Ivoirien), il compose des textes qui sont le reflet des problèmes de la Côte d’Ivoire moderne. Du nord au sud, d’est en ouest, tous les Ivoiriens adorent ce jeune chanteur qui à cause des propos véridiques et directs dans ses chansons qui énerve souvent les autorités et les personnalités publiques du pays.

L’enfant de wassakara

Wassakara est un quartier de la grande commune culturelle de Yopougon, la plus peuplée de Côte d’Ivoire. C’est le quartier d’origine de Billy Billy et en chantant les réalités de son bled, il est arrivé à toucher par la même occasion les problèmes des jeunes ivoiriens. « Il chante ce que nous vivons : je veux dire le chômage, l’alcool qui détruit la jeunesse, le SIDA, la prostitution et plusieurs autres thèmes dans lesquels nous nous reconnaissons » soutien Christian Koffi. Grâce à Billy Billy, le petit quartier de wassakara est devenu une terre de tourisme : chacun veut voir comment cet univers décrit de façon comique par le chanteur se présente. Une fois sur place chacun voit comment des familles ivoiriennes souffrent au quotidien, comment des enfants sont livrés à eux-mêmes, comment des jeunes filles sont obligées de se livrer à la prostitution… Wassakara est le microcosme que Billy Billy utilise pour décrire le macrocosme Ivoirien.

A chacun son titre

Réunion de famille le deuxième album de l'enfant de wassakara

« J’aime bien le titre Nouvelle du Pays où le chanteur expose en quelques minutes les problèmes du pays. Je l’apprécie aussi pour Wassakara acte 2 où il montre comment un homme peut partir de rien et réussir dans la vie » souligne Koué Bi Jacques. « Moi j’aime Billy Billy quand il égratigne les politiciens. J’apprécie le titre Article 48 qui dérange aujourd’hui » soutien Jean Yves Aka. Les fans de la star se comptent dans toutes les classes sociales et dans toutes les classes d’âge. Chacun apprécie l’enfant de wassakara parce qu’un jour il a touché à un thème qui le concerne directement. Billy Billy on l’aime aussi parce qu’il défraie la chronique. Il y a quelque temps on lui reprochait son appartenance au RDR, le parti du Docteur Alassane Dramane Ouattara candidat à la présidentielle d’octobre 2010. Au micro de Claudy Siar de Radio France International il réaffirmait sa neutralité en tant qu’artiste et invitait les Ivoiriens au civisme en cette période électorale. « Billy Billy passe partout et quand on ne le voit pas quelque part on pense qu’il a retourné sa veste. Il n’est pour personne sauf pour le peuple et c’est pourquoi toute la Côte d’Ivoire l’aime » soutien N’dri Pacôme.

Suy kahofi


Abidjan : Nouveaux quartiers l’envers du décor !

Rue impraticable d'un nouveau quartier après la pluie!

Le ballet des bennes de sable et de gravier est quasi quotidien dans la périphérie abidjanaise. Les travailleurs sans relâche s’activent à faire sortir de terre des villas et autres studios pour le bonheur des nombreux locataires de la capitale économique Ivoirienne. Les nouveaux quartiers d’Abidjan offrent certes de nouvelles maisons mais y habiter expose le plus souvent les populations à des désagréments.

Maison construites à la hâte

Il a fallu juste trois mois pour livrer 40 studios à la CIAD, 2 mois pour cette grosse villa de GESCO extension ou 3 mois pour cette duplex à N’pouto ! Avec des délais de livraison aussi courts et des matériaux de construction souvent de seconde qualité, les locataires doivent au quotidien colmater les maisons qu’ils occupent ! « Le premier des problèmes c’est les poignets des portes, ensuite la robinetterie et les systèmes d’évacuation d’eau puis les canalisations » soutien Dame Kouassi Brigitte enseignante avant de conclure « il ne se passe pas une seul semaine sans que le plombier ou le menuisier ne vienne faire une réparation et cela à nos propres frais ». En d’autres termes, les locataires reconstruisent les maisons qu’ils occupent. Dans certains quartiers, le manque d’électricité a poussé certains propriétaires de maison à opter pour les compteurs groupés ! Les baisses de tension sont alors fréquentes et les appareils électroménagers s’abîment souvent.

Quartier difficile d’accès

« Vous voyez, à partir de mon domicile il faut parcourir 6 kilomètre chaque matin pour atteindre le premier arrêt de bus » soutien Jean Charles jeune informaticien. « Le matin pour aller à l’école ou au travail c’est tout un problème ». Les nouveaux quartiers d’Abidjan sont difficiles d’accès. Les taxis communaux appelés wôrô-wôrô et les bus ne circulent plus au-delà de 22 heures et les quelques taxi compteur refusent de rallier ces quartiers. « C’est dangereux d’y circuler la nuit : les rues réalisées à la hâte sont impraticables et cela nous expose » soutien Vamoussa chauffeur de taxi. « C’est vrai que les maisons sont belles et souvent moins chères mais lorsqu’il pleut on ne peut pas sortir des maisons. Le quartier est inondé ! » s’indigne Akré Gisèle élève. Certains habitants interpellent donc les Mairies pour que celles-ci se préoccupent du sort des habitants de la périphérie abidjanaise. « Les services techniques viennent encaisser l’impôt et les taxes municipales mais personne ne s’occupe de nos rues. Quand il s’agit de l’argent nous sommes dans la commune mais après on nous dit débrouillez-vous. Il faut que ça change ! » souligne Kouakou Blaise infirmier.

Suy Kahofi