Kahofi SUY

Présidentielle 2010 : Abidjan vote dans le calme et la discipline (actualisé)

Les Ivoiriens sortent timidement pour accomplir leur devoir civique

Depuis ce matin 28 novembre les Ivoiriens votent pour le second tour de l’élection présidentielle. Contrairement au premier tour qui vu une forte participation, l’affluence est plutôt faible dans les bureaux de vote de la capitale Ivoirienne. La raison évoquée est celle du couvre feu qui a sérieusement retardé l’ouverture de plusieurs bureaux de vote. Jusqu’à 9 h 30 certains centres de vote et bureaux n’avaient pas encore été ouverts. Les votants ont dû attendre plusieurs heures à l’extérieur des centres avant le début des opérations de vote. Dans des centres tels que celui du lycée Technique d’Abidjan Cocody, certains votants venus depuis 6 h 30 mn n’ont pu voter qu’à 11 h 30 mn. « Malgré les observations du premier tour les choses n’ont pas changé ici : c’est toujours la même lenteur et l’indiscipline » soutien N’dri Hyacinthe étudiant.  Aucun incident n’est à signaler pour cette matinée dans l’ensemble. Seul des rapports d’intimidation ont été recensés par endroit. La vie tourne au ralenti comme tous les jours de vote : on remarque une reprise du trafic urbain. Les bus notamment, wôrô wôrô (taxi communaux) et les gbaka (car rapide abidjanais) après un moment d’arrêt en début de matinée reprennent du service

Dans l’après midi la chaleur accablante n’a pas arrangé des choses. Si au premier tour il était bien difficile de trouver une place dans les longs rangs aux abords des bureaux de vote, la réalité était tout autre au second tour pour la même heure. 15 h 49 dans la majorité des bureaux de vote de la capitale l’affluence est toujours timide : l’enthousiasme du premier tour semble avoir fait place à un certain dépit pour ne pas dire un découragement. Oui on ne sait pas pourquoi mais les Ivoiriens ne sont pas venus voter massivement comme au premier tour. Le constat est le même dans tout le pays : Dimbokro, Bouaflé, Abengourou, San-Pédro…le faible taux de participation s’est invité comme le trouble fête de cette journée. « Vous savez il y a le couvre feu et la présence massive des forces de l’ordre. C’est comme si le pays était en guerre : les autorités ont tout fait pour accentuer nos craintes au lieu de les dissiper » soutien un électeur après son vote. Alors qu’il était 18 h 40 mn (T.U), certains bureaux de vote ont commencé à fermer car le couvre feu débute à 22 h 00 mn. De nombreux observateurs ont fait cas de scènes d’intimidation visant à décourager des votants. Dans certaines villes des urnes bourrées ont été découvertes ainsi que des bulletins marqués. Aucun incident majeur n’était à déplorer au moment où nous postons ce billet.

Suy Kahofi



Difficile de surmonter la psychose de la peur

Abidjan vivra au ralenti pendant cette période électorale

C’est demain dimanche 28 novembre que les Ivoiriens iront aux urnes pour la décision finale. Ce vote devra dire qui de Gbagbo Laurent et d’Alassane Ouattara doit diriger la Côte d’Ivoire. A quelques heures de ce scrutin, la peur est omniprésente dans les rues et foyers Ivoiriens. Il ne se passe pas une seule heure sans que de nouvelles rumeurs ne se rependent dans la ville comme une trainée de poudre. Risque d’affrontement, supposé coup d’Etat, violence en zone CNO, activités lugubres du BIMA français…autant d’informations sans fondements qui circulent via les sms et des conversations entre amis. Le couvre feu imposé par le président de la République n’a pas arrangée les choses, bien au contraire. Nombreux sont les Ivoiriens qui se posent des questions sur le bien fondé d’une telle décision. « Au premier tour on n’a pas eu besoin de couvre feu et tout s’est bien passé. Que cherche le président ? » s’interroge un jeune militant du RDR. Même au sein de La Majorité Présidentielle les avis sont partagés sur le bien fondé de cette décision. « Je pense bien que cela accentue la peur au lieu de calmer les uns et les autres » soutien Essui Patrice sympathisant du FPI.

Une chose est sûre, toute la Côte d’Ivoire sait que les heures pour allé faire dodo ont été fixé. Samedi 27 et Dimanche 28, de 22 heures 06 heurs. Lundi 29, Mardi 30 et Mercredi 01 Décembre, de 19 heures à 06 heures. « J’invite les Ivoiriens à respecter ce couvre feu » avait lancé comme appel le Général Philipe Mangou sur les antennes de la RTI. Les Ivoiriens ont donc profité du temps qui leur restait pour fondre sur les magasins. « Cinq jours de couvre feu c’est long. Il faut faire des réserves » soutien Mr Kouassi Yao Hyppolite. Sac de riz, pâte alimentaire, poulet, saucisses, boîtes de conserve manquaient dans certaines boutiques de quartiers. Dans certaines zones de la capitale certains commerçants véreux ont profité de la situation pour majorer les prix des produits de première nécessité. Les augmentations oscillent entre 25 f et 500 f CFA selon les produits. La Côte d’Ivoire s’apprête donc à vire cinq longs jours d’anxiété dans l’attente du vote et des résultats du second tour de l’élection présidentielle.

Suy Kahofi


Sms mania, les petits courriers papier ont trouvé un solide remplaçant !

Les jeunes communiquent plus par sms que par appel

Le vieux Baldé Karim est un ferrailleur à la retraite et il appartient à une autre génération, celle qui on ne sait comment a pu vivre sans le téléphone portable. Difficile pour lui de percer le mystère des sms surtout quand celui-ci a un alphabet et un vocabulaire qui mute chaque jour. « Vous les jeunes votre histoire de ‘’petites lettres’’ avec vos portables là, on comprend rien ! Pour lire tu vas faire toutes les gymnastiques ». Toutes les langues se côtoient et se bousculent pour au final véhiculer un message. Si à l’origine on pouvait dire Short Message Service, il serait tant de dire désormais Very Short Message Service !

L’univers sms, un univers très jeune

Le vocabulaire du sms est propre aux jeunes de la génération téléphone portable. Il est conçu pour aller vite : les jeunes n’ont pas le temps ! « Le sms fait juste 160 signes or on a beaucoup à se dire donc pour profiter un max on crée des raccourcis » indique Pascal Kouadio élève. « Il faut être habitué à groupe de personnes partageant les mêmes passions ou les mêmes habitudes pour lire certains sms » soutien Bilé Koua étudiant avant de conclure « certains codes sont passe partout d’autre plus restreins ont été crée par des groupes pour quelque part ‘’crypter’’ leurs messages ». Chiffres et lettres peuvent composer une phrase : « Tu va b1 ? mw j’m100 mal bne n8». Les abréviations sont de plus en plus courtes : « 2solé j’pe pa vnir ». Si les jeunes aiment au fond les sms avec leurs langages propres, c’est parce qu’ils protègent d’une certaine manière leur vie privée. « Moi et mes copines nous avons inversé certains mots ou déformé certaines expressions. Si vous n’êtes pas initié vous ne pourrez jamais comprendre un sms qu’on s’échange. Du coup je n’ai pas peur que mes parents fouillent ma messagerie » souligne Prisca Coulibaly une adolescente de 16 ans.

Sms : pourquoi les papys et les mamys ne l’aiment pas

Un petit sondage auprès des personnes du troisième âge montre très clairement que les sms n’ont pas vraiment la côte. On reproche aux sms « d’avoir appauvris le vocabulaire des jeunes ». « Je suis enseignant et je peux vous dire que cette manière quasi insolente de massacrer le français contribue à augmenter les fautes des enfants » soutien Georges Hyllarion professeur de français dans un lycée. « Je ne dis pas que le vocabulaire des sms est le seul mal mais pour moi il joue un rôle important dans la baisse du niveau des enfants » conclue t-il. « C’est vrai que le vocabulaire des enfants dans leurs sms peuvent donner la migraine pour nous qui ne sommes pas habitués mais je pense qu’ils peuvent avoir cette manière d’échanger et avoir un bon niveau en français. Une bonne lecture et un nombre important d’échanges autour de la langue française peuvent relever leur niveau » affirme Dame Koné Djéné mère de famille.

Sms au cœur des rumeurs

En Côte d’Ivoire les sms sont le souffre-douleur de l’ATCI (Agence des Télécommunication de Côte d’Ivoire). En effet ceux-ci ont été à chaque fois l’arme fatale d’un nombre incalculable de personnes aux intentions inavouées qui les ont utilisées pour véhiculer des rumeurs souvent assassines. A titre d’exemple la prétendue mort du Président Chirac en pleine crise Franco-Ivoirienne. Des millions de sms ont circulé avec le même contenu : Chirac l’ennemi de la Côte d’Ivoire est mort. Cette situation avait jeté dans la rue des milliers d’Ivoiriens qui sortaient ‘’fêter’’ cette victoire alors que le peuple pleurait encore la cuisante défaite de l’après midi face à l’équipe de foot du Cameroun. Plus proche, nous citerons les sms de mort lors de la campagne de la présidentielle qui invitaient souvent des groupes ethniques ou sociaux à se lever les uns contre les autres. La situation a empirée lors de l’attente des résultats et des récentes échauffourées entre militants du RHDP et du LMP. Le Premier Ministre Soro Guillaume a voulu suspendre le service des sms durant la présidentielle. Cette situation aurait pu être fort dommageable pour les professionnels des médias et autres observateurs qui devaient rendre compte de la réalité de l’élection présidentielle au monde.

Suy Kahofi


L’Ambassade des USA a Abidjan exprime le voeux d’élections appaisées

Les USA soutiennent le processus de paix en Côte d’Ivoire

L’Ambassade des Etats-Unis à Abidjan, comme au premier tour de l’élection présidentielle Ivoirienne a émis un communiqué de presse pour inviter les Ivoiriennes à s’impliquer dans le processus de sortie de crise. Depuis l’annonce de la date des élections, l’ambassade n’a jamais manqué de contribuer par ses programmes à la formation des leaders d’opinion et des différentes couches socio-culturelles. Les Etats-Unis accordent une grande importance à la recherche de la paix et à la consolidation des Etats de droit en Afrique. Voici pourquoi ils accordent une grande importantce aux élections en cours en Côte d’Ivoire.

Abidjan, le 26 novembre 2010 – L’Ambassade  des Etats-Unis se joint à la Communauté Internationale et à tous ceux qui veulent  voir la Côte d’Ivoire réussir l’organisation des élections de dimanche aussi parfaitement que celles du premier tour le mois dernier. Nous encourageons  tous les Ivoiriens remplissant les conditions à  voter. Nous invitons par ailleurs tous les ivoiriens  à apporter leur contribution  à la tenue d’élections pacifiques et transparentes, sans intimidation ni  violence. Nous  leur lançons en outre un appel à accepter les résultats d’élections apaisées et transparentes et à œuvrer de concert pour tourner la page du passé et construire un brillant avenir pour la côte d’Ivoire. Le lundi 29 novembre, le soleil se lèvera à nouveau et la vie reprendra son cours quelque soit celui qui est déclaré vainqueur des élections de ce dimanche. La suite des évènements se trouve entre les mains de tous les Ivoiriens. Le bon déroulement du processus requiert la non-violence, la coopération, la tolérance de toutes les parties et de chaque individu. Cela requiert en outre que tous les leaders adhèrent au code de bonne conduite. De même, le processus requiert des journalistes qu’ils respectent  le code de déontologie de leur profession pendant les élections. Par ailleurs, s’il y a  d’éventuels désaccords, ceux-ci  doivent être pris en charge par les instances appropriées. Enfin,  de même que le vainqueur accepte le verdict gracieusement le perdant lui aussi concède la  victoire à son adversaire, et que toutes les parties prenantes appellent leurs partisans à œuvrer ensemble pacifiquement pour l’avenir. L’Ambassade des Etats-Unis  souhaite à  la Côte d’Ivoire une journée d’élections paisibles et réussies.