11 avril 2016

A chacun son 11 avril !

Laurent Gbagbo arrêté le 11 avril 2011

En Côte d’Ivoire, le 11 avril est un anniversaire au double sens qui montre combien de fois les ivoiriens restent divisés sur la lecture de leur histoire récente. Pour les partisans de Laurent Gbagbo, c’est le jour de la mort de la démocratie ivoirienne et pour les partisans d’Alassane Ouattara le jour de la libération. Une divergence qui montre combien de fois la cohésion sociale est loin d’être un acquis.

Il y a 5 ans jour pour jour, 83 missiles et un nombre tout aussi impressionnant de roquettes étaient tirés par l’armée française sur la résidence du président Laurent Gbagbo où il était retranché avec femme, enfants, sympathisants et collaborateurs. Les images qui suivront sa capture n’avaient jamais été vues au pays des éléphants. Militaires exécutés sur des bases ethniques, ministres de la République humiliés et tabassés, bruits de viol sans oublier le pillage en règle d’une résidence construite pierre par pierre par le père de la Nation Ivoirienne, Félix Houphouët Boigny. Ironie de la bêtise, ceux qui se réclament héritiers d’Houphouët Boigny sont ceux qui sont venus raser la maison où il reposait son corps et après lui, d’autres présidents que la Côte d’Ivoire a connu ! Le 11 avril 2011, la rue ne connaitra pas un sort meilleur avec des opérations de chasse à l’homme, des exécutions sommaires et des pillages attribués aux hommes d’Alassane Ouattara qui prenaient le contrôle de la capitale économique ivoirienne. Les récits les plus morbides parlent d’hommes égorgés comme de vulgaires moutons lors d’une fête de tabaski !

5 ans de retour à une relative stabilité sociale mais le temps, loin de calmer les cœurs meurtris, a plutôt accentué les haines. La justice des vainqueurs dénoncés par les ONG nationales et internationales, l’impunité et la grâce accordée aux ex-rebelles et aux commandants de zone sans oublier la présence de Laurent Gbagbo à la CPI auront contribué à plomber le processus de réconciliation nationale. 5 ans après l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir et malgré ses beaux discours les prisons sont toujours bondées de détenus politiques. Les rancœurs persistent 5 ans après la crise post-électorale, symbole de l’échec d’Alassane Ouattara qui avait promis de réconcilier les ivoiriens dès son arrivée au Palais présidentiel. En effet les routes et les ponts ne suffisent pas à promouvoir le vivre ensemble et la cohésion nationale. Il faut plus et c’est bien cette équation qu’Alassane Ouattara peine à résoudre.

SUY Kahofi

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