Les assises complètement décalées (acte 2) : un héritier de Blaise Pascal à la barre !
Comme le disait ma mère Mohou : « Aller à l’école c’est bien ! » Cela vous permet de savoir lire et écrire, mais surtout d’avoir des diplômes et d’être quelqu’un de bien, de grand et même d’incontournable dans la société. C’est encore plus important d’aller à l’école, car cela vous permet de rendre les choses très simples pour les personnes qui ne vous comprennent pas ou qui font semblant de ne pas vous comprendre. C’est l’exercice auquel s’est livré l’ambassadeur Gnamien Yao conseiller du président Laurent Gbagbo dans un passé récent. Dans le cadre du procès en assise de la crise, le diplomate s’est retrouvé à la barre pour se prononcer sur ses relations avec le président Gbagbo et son implication dans la crise. L’homme à la barre s’est montré très éloquent au point de donner l’impression au président de la cour « qu’il animait un meeting politique ». A son aise sur tous les sujets relatifs au quiproquo électoral du second tour de l’élection présidentielle de 2010, il a démontré au parquet général qu’en Afrique les chefs font tout pour ne rien entendre.
Le parquet général : avez-vous demandé au président Gbagbo de reconnaitre la décision du panel ?
Gnamien Yao : Si je lui ai demandé ?…Vous savez Monsieur, on va chez le chef avec ses idées et on ressort de chez le chef avec les idées du chef (rires dans la salle).
Jusqu’à la fin de son audition, le diplomate n’a jamais accepté de dire à un seul moment que Laurent Gbagbo n’était plus le chef de l’Etat au lendemain du second tour. Il atteste n’avoir jamais prôné la violence, mais avoir utilisé tous les moyens légaux et non violents pour que son candidat puisse être reconnu par tous comme président élu.
Le parquet général : alors pour vous, c’est le président Laurent Gbagbo qui a gagné l’élection ?
Gnamien Yao : Vous savez Monsieur, dans la culture des diplomates nous sommes respectueux du protocole. Lors du premier tour, les résultats ont été obtenus selon un schéma très clair. A+B+C = résultats (mine curieuse et amusée de la cour, du parquet général et de l’assistance).
Que vient chercher une théorie de calcul à la barre ? Et le diplomate d’éclairer l’assistance. A pour la proclamation des résultats provisoires par la CEI, B pour la certification et C pour la consolidation et la proclamation finale par le Conseil constitutionnel. Ainsi ce schéma a été respecté au premier tour, mais l’homme s’étonne que par le plus spectaculaire des revirements on tente d’imposer une autre théorie aux Ivoiriens.
Gnamien Yao : Messieurs on nous demande au second tour de dire désormais que le résultat = A+C+B ! Voici comment les problèmes sont arrivés (murmures et rires obséquieux dans la salle).
Le président de la cour : Monsieur Gnamien Yao, un des jurés a une question. Et si les résultats de A et C sont les mêmes que fait B ?
Gnamien Yao : Monsieur le Président ,le protocole est une appréciation qualitative et non quantitative ! A+B+C est un ordre protocolaire j’ai indiqué (rires dans la salle et mine gênée du juré auteur de la question).
Comme quoi avoir à la barre un diplomate, homme politique, militant du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et surtout amoureux des mathématiques, ça donne forcément une audience sur fond de cours de mathématiques !
SUY Kahofi
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