La CEDEAO renforce son plan de lutte contre le VIH-SIDA

15 juillet 2014

La CEDEAO renforce son plan de lutte contre le VIH-SIDA

Les experts oues-africains réunis à Abidjan
Les experts ouest-africains réunis à Abidjan

La 5ème Réunion du Comité Multi-sectoriel de lutte contre le VIH/SIDA de la CEDEAO a eu lieu les 14 et 15 juillet 2014 à Abidjan. Les experts de la CEDEAO ont fait le bilan de la lutte et adopté des résolutions pour freiner l’évolution de la maladie dans la sous-région.

La vision de la CEDEAO pour 2020 de passer de la CEDEAO des États, à la CEDEAO des peuples prend en compte les Objectifs du Millénaire pour le Développement et considère le VIH/SIDA comme un véritable frein aux efforts de développement régional. C’est pour faire obstacle à cette pandémie que l’organisation sous-régionale a décidé de mettre en place le Comité Multi-sectoriel de lutte contre le VIH/SIDA. En effet bien que des progrès significatifs aient été enregistrés dans la lutte contre le VIH-SIDA en Afrique de l’ouest force des de constater que des défis importants restent à relever.

Le taux de prévalence dans cette partie de l’Afrique oscille entre 1 et 3,9% avec 30 fois plus de cas enregistrés en zone urbaine. 30% d’adulte et seulement 12% d’enfant dans la zone CEDEAO ont accès aux ARV (pour ceux qui sont éligibles). La couverture PTME (prévention de la transmission mère-enfant) est de 39%, un chiffre qui nous donne de constater que les objectifs d’éradication fixés en 2011 n’ont pas été concluants. Environ 4.500.000 adultes et enfants sont touchés par la maladie (OMS 2013) ! Les pays les plus touchés sont la Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Ghana avec 83% des cas.

« Si la CEDEAO veut freiner la propagation du VIH-SIDA dans la sous-région, il est important qu’une attention particulière soit apportée à ces trois pays » soutient Léopold Zekeng, directeur régional adjoint ONUSIDA pour l’Afrique de l’ouest et du centre.

En plus de ces chiffres alarmants l’on note également une forte féminisation de la pandémie, un taux d’adolescent très important touché par la maladie et des pics inquiétants au sein de certains groupes à risque.

« La CEDEAO ne peut donc pas fermer les yeux sur cette situation » indique Docteur Xavier Crespin, Directeur Général de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS).

La CEDEAO veut donc réagir pour que le SIDA ne soit plus une menace en termes de santé public. L’organisation s’approprie donc l’objectif des 3/90 annoncé à Malabo. 90% des personnes infectées doivent être dépistées, 90% des malades doivent avoir accès au traitement (ARV) et 90% en phase de suppression virale. Sur le point de l’accès aux ARV la CEDEAO marque un point. Elle a mis en place un stock de sécurité logé au sein de la nouvelle pharmacie de la santé publique à Abidjan. Ce stock d’ARV a été constitué grâce à un effort des 15 pays membres de l’organisation et l’engagement de deux entreprises pharmaceutiques sous-régionales. Il s’agit de DANADAMS LTD du Ghana et de EVANS Medical PLC du Nigéria.

« En cas de rupture dans un pays de la CEDEAO, celui-ci pourra faire sa demande et la Côte d’Ivoire grâce à ce stock pourra répondre » nous explique Raymonde Goudou Coffie, la ministre ivoirienne de la santé et de la lutte contre le SIDA.

Le stock de sécurité étant bien différent d’un stock de départ, « un mécanisme de rétrocession des ARV par les pays qui en font la demande a été mis en place » tient à préciser le Docteur Xavier Crespin.

Pour maintenir l’élan de la lutte contre le VIH-SIDA, les experts ouest-africains réunis à Abidjan ont adopté d’importants recommandations dont plusieurs concernent la disponibilité et l’accès aux ARV. Il s’agit entre autre pour chaque Etat membre de la CEDEAO d’augmenter et de sécuriser les financements nationaux en faveur de l’achat des intrants de lutte contre le VIH/SIDA. L’autre axe important est l’indépendance de la CEDEAO dans sa politique de lutte. En vue de baisser la dépendance au Fonds mondial, les acteurs de la santé doivent mener des réflexions pour la pérennisation du stock de sécurité en insistant sur la production locale des ARV. En militant pour une synergie des efforts dans la lutte, les pays membres de CEDEAO pourront faire reculer la maladie.

SUY Kahofi

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