D’Abidjan à Douala via Cacaveli : à chacun son parapluie !

Article : D’Abidjan à Douala via Cacaveli : à chacun son parapluie !
Crédit:
9 juin 2013

D’Abidjan à Douala via Cacaveli : à chacun son parapluie !

La piscine municipale version Abidjan
La piscine municipale version Abidjan

C’est la saison des pluies dans plusieurs pays africains et pour vous faire vivre cette ambiance de fraîcheur, d’eau de ruissellement et de ciel gris ; trois Mondoblogueurs ont bravé les gouttes.

En côte d’ivoire, c’est SUY Kahofi qui commence…

On a coutume de dire que les Ivoiriens n’ont pas peur des armes mais ils craignent terriblement la pluie et c’est une réalité ! A peine les premières pluies ont commencé à s’abattre sur Abidjan que les habitudes des Ivoiriens ont foncièrement changé. Tout le monde (ou presque) à son parapluie et son imperméable. Les femmes ont retrouvé les joies du bonnet de bain en pleine rue sans oublier les chaussures en caoutchouc made in China qui se vendent aujourd’hui comme des petits pains. Abidjan, c’est désormais des percées de soleil très rare, un ciel gris digne de la City, des pluies fines interminables qui trempent piétons et autres commerçantes sans oublier ces caniveaux qui refusent le trop plein d’eau. Ce n’est pas encore l’heure des cordes quotidiennes qui occasionnent inondations et destructions mais chacun s’y prépare. En effet voici près de cinq ans que les pluies sont particulièrement meurtrières sur les bords de la lagune Ebrié. Les victimes se comptent principalement dans les bidonvilles. Gobelet, Washington nouveau quartier, Mon mari m’a laissé, Boribana…dans tous ces quartiers précaires les populations implorent le ciel et consolident leurs frêles baraques dans l’espoir que les eaux de ruissellement ne les emportent pas. Le Gouvernement pour prévenir les morts et autres dommages a déjà offert 150.000 f CFA de prime de relogement temporaire. Cette somme est jugée insignifiante par Moussa Camara habitant du quartier Gobelet. « J’ai une famille de 6 personnes : quelle maison je peux bien louer avec 150.000 f  quand les propriétaires exigent des cautions ? » se demande le père de famille. Malgré les injonctions de la protection civile, les habitants des bidonvilles font la sourde oreille.

Si Abidjan n’a pas encore les pieds dans l’eau, on ne pas en dire de même pour Cacaveli qui est déjà passé en mode inondation. La personne la mieux placée pour en parler n’est tout autre que le mondoblogueur Aph Tal.

J’ai du mal à croire que mon ami SUY a les pieds secs ! Plus j’y pense, plus j’ai mal ! Franchement. Mon asthme m’a toujours imposé d’être attentif à tout changement brusque de température (et de pression, probablement). Depuis un mois déjà, j’ai la nette impression d’être un astronaute, tellement je passe dans tous les états, et dans les degrés, ici à Cacaveli. Tu t’allonges, le temps de regarder la fille moche qui présente la prévision météo (une menteuse, en plus), brusquement l’air devient sec et frais ; le temps d’aller chercher ta capsule de Ventoline, il fait sombre tout à coup, et les branches des arbres à ta porte s’affolent : c’est sûr, il va pleuvoir ! Offre-toi quelques secondes de paresse, et ton linge qui n’a pu sécher la veille sera mouillé à nouveau. Tu t’es fait surprendre par la pluie, sur la dalle, en essayant d’ôter le linge, tu es déjà mouillé, alors c’est à toi de positionner les bassines pour recueillir de l’eau de pluie. Dieu seul sait combien elle est abondante, cette eau ; et utile en plus, pour mettre au propre les engins et pour la prochaine lessive. Ouf, tu rentres et tu te mets au sec, tout grelottant, pensant te blottir dans tes couvertures et te connecter à Internet pour t’évader : Delestron t’en empêche. Isolé du reste du monde, tu ronges seul ton frein dans ta chambre, et tu te mets à hanter les couloirs de ta maison. J’ignore quel péché à commis Cacaveli mais ces pluies sont de véritables déluges. Tu sors enfin de l’arche, pour respirer l’air pur, et prouver aux voisins que tu as survécu au déluge, et que tu es un élu : c’est là que tu te rends compte de l’ampleur des dégâts : les canaux d’évacuations sont bouchés, pleins à exploser, débordés, et les alentours immédiats…inondés ! Pauvre Cacaveli, qui perd pour quelques jours sa beauté (s’il y en avait une) poussiéreuse pour arborer l’hideux masque taché de boue, d’eau stagnante et de débris de tous gabarits ! Il faut voir la galère des habitants de la cour commune, à côté de chez moi : toute la cour est sous l’eau, sur laquelle plane des sachets et des déchets de tout genre ; certaines chambres prennent également de l’eau, et il faut plusieurs heures, pour s’en débarrasser. En ce qui concerne les risques de maladies, je préfère me taire. Un camarade m’a une fois dit, que la qualité des infrastructures d’un pays est toujours mise à l’épreuve, en saison des pluies, et seuls les Etats censés et bien organisés arrivent à la réussir ! S’il a raison, alors le Togo fait très mal ses routes. Je le sais, je les vois tous les jours ! Certains endroits de Lomé sont pires que Cacaveli, mais je m’en fous, car c’est pour Cacaveli (et à Sokodé, probablement), que je désire être Député ! Suivez mon regard… Cacaveli est une carte postale, en tout temps : c’est un joli paysage désertique de la Mauritanie, en saison sèche, et une version chinoise de Venise, en saison pluvieuse.

A Douala, bizarrement le soleil refuse de partir !

Nous sommes le 8 juin. Et les pluies denses sont rares. Il pleut tous les 4 jours. Les parapluies ne sont pas encore à la mode comme à Abidjan. Cependant, l’inondation à cette période de l’année, est la chose la mieux partagée.  Il est capable de pleuvoir et l’inondation (dans certains coins de la ville) persiste au moins pendant une semaine. La communauté urbaine nous rappelle que cela est dû aux égouts bouchés. Elle est  la cause des embouteillages. L’érosion écaille les routes. Pourtant bitumées, elles deviennent impraticables. Nous ne sommes ni à Cacaveli, ni Abidjan. Bizarrement nous avons la même piscine municipale. C’est vrai ! Pas la peine d’aller se doucher ou se baigner. L’eau vient à nous. Le centre ville (Akwa) ressemble à une ile engloutie. Le courant est si fort que les années précédentes, elles ont été à l’origine de plusieurs décès. Le travail commence véritablement lorsque la pluie cesse. Les stations services sont bondées par des moto-taxis. Les taxis sont garés. Nous sommes comme en été. On travaille moins, on dort plus et bizarrement on râle moins. (Suivez mon regard). Ceux qui en souffrent le plus, ce sont les habitants des bidonvilles. Comme à Abidjan, tous les moyens sont mises en place pour résister à la pluie. On entasse les affaires ménagères dans un coin de la maison où il ne pleut pas. Et on attend que ça passe. A Douala, la population est si dense que les habitations sont le plus souvent construites sur un marécage. Le terrain, le loyer  y sont moins chers. La saison de pluies n’est qu’une étape pour être propriétaire ou mieux vivre. Juillet, Aout, Septembre, Octobre sont les mois les plus pluvieux de l’année. Le ciel est gris. Le climat est glacial. Les bébés sont conçus. Quoi ? Nous sommes à Venise oh ! En tous cas, on a l’inondation. C’est déjà ça non ?

Cynthe Ibone, Aph Tahl et Suy Kahofi…tous très trempés !

Partagez

Commentaires

Aphtal CISSE
Répondre

Brrrrrrrrrrr actuellement même il pleut sur Lomé ooh

Limoune
Répondre

Pas de saison des pluies chez nous, mais des pluies de quelques heures d'octobre à février et des journées d’inondation. Y'en a-t-il un parmi vous qui sache comment installer un système artisanal d'évacuation des eaux ?

Nora
Répondre

Bon travail au trio!

Ahhhhh la pluie! Quand il fait chaud on la réclame et quand elle vient on la rejette!!! sacrée vie!