Côte d’Ivoire – Education : ces filles qui ne méritent pas d’aller à l’école

Article : Côte d’Ivoire – Education : ces filles qui ne méritent pas d’aller à l’école
Crédit:
SOS
31 mai 2013

Côte d’Ivoire – Education : ces filles qui ne méritent pas d’aller à l’école

Campagne de scolarisation de la jeune fille menée par le CEFCI
Campagne de scolarisation de la jeune fille menée par le CEFCI

« Prendre soin d’une fille c’est labourer le champ de son voisin sans contrepartie ». Ce proverbe qui existe dans la majorité des langues ivoiriennes montre combien de fois la femme et plus particulièrement la fille est reléguée au second plan quand il s’agit de poser des actes pour son développement. Cette réalité est encore plus vraie lorsqu’il s’agit de parler d’instruction et surtout de scolarisation de la petite fille. Les petits garçons dans plusieurs localités sont préférés par rapport aux petites filles lors de la rentrée des classes. Ce phénomène est très récurent dans les régions du nord de la Côte d’Ivoire où de nombreuses familles, en lieu et place de l’école, préparent la fillette dès le bas âge à une vie future de ménagère. Les fillettes sont obligées de rester à la maison pour aider leurs mères à faire la cuisine, laver le linge et faire la vaisselle. Pour Charles Yahovi Djrékpo, ancien Directeur-résident du NDI (National Democratic Institut) pour la Côte d’Ivoire « les cultures africaines sont un véritable frein à l’émancipation de la femme ».

« Nous évoluons dans un contexte culturel et social marqué par une domination masculine et cette domination est très forte. Notre culture idéalise la femme dans une présence au foyer et non dans les arènes de développement. Partant de ce fait, il faut éviter de donner à la femme les armes de son émancipation donc de lui donner un accès à l’instruction » nous explique Charles Yahovi Djrékpo.

Molière le soulignait dans son œuvre « Les Femmes Savantes« , les femmes comme les poules doivent s’abstenir de chanter devant les coqs et la société traditionnelle Ivoirienne consacre cette image.

Cette discrimination est un frein à l’émancipation de la femme et le Ministère de l’Education National entend lutter contre ce fléau. Pour promouvoir de façon générale l’accès des enfants à l’éducation, filles et garçons partent avec des chances égales. L’école est gratuite pour chaque enfant en Côte d’Ivoire et dans les régions où le taux de scolarisation des filles est très bas, le Gouvernement fait la promotion de mécanisme d’aide aux parents démunis pour les encourager à scolariser les petites filles. Pour donner plus de chance aux filles, une politique d’instauration des collèges et lycées de jeunes filles existe au plan national. L’objectif à court terme est de permettre à un nombre plus important de fille d’avoir accès à des études secondaires avec une possibilité de prise en charge de 100%. Tous ces efforts du Gouvernement sont certes louables mais sans une action de sensibilisation auprès des parents les salles de classes resteront toujours vides. L’ONG Carrefour de Réflexion et d’Action pour l’Education des Filles et des Femmes en Côte d’Ivoire (CRAEF-CI) mène des campagnes de sensibilisation dans les villes et les villages où le taux de scolarisation des filles est bas. L’organisation offre des kits scolaires aux filles et fait la promotion d’un système de parrainage dans lequel des familles au plan national ou international s’engagent à prendre soin d’une petite fille qui veut aller à l’école.

De la sensibilisation pour faire changer les mentalités, c’est également l’objectif que s’est fixé le CEFCI, le Centre Féminin pour la Démocratie et les Droits Humains en Côte d’Ivoire. Grâce au soutien de Fondation comme la Global Fund for Women, l’ONG Ivoirienne a investi les hameaux les plus reculés du pays pour convaincre les familles de la nécessité de scolariser les jeunes filles. Force est de constater que dans cette lutte les mères de famille quand bien même n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école ne s’opposent pas vraiment à la scolarisation de leurs filles. La véritable opposition vient des hommes.

« Il faut convaincre les pères donc les hommes parce que c’est eux qui ont le dernier mot dans la famille Ivoirienne. Ils doivent comprendre que scolariser la jeune fille n’est pas une perte. Fille ou garçon chaque enfant à droit à l’éducation et aujourd’hui les filles encore plus. Remarquez très bien que les filles qui arrivent à émerger socialement après leurs études sont celles qui reviennent pour prendre soin de leurs familles » nous explique Nathalie KONE directrice du CEFCI.

SUY Kahofi

Partagez

Commentaires

Nelson
Répondre

j'apprécie grandement ce billet. et je crois que c'est vraiment important la lutte pour l'éducation intégrale des jeunes filles.
j'espère que ce billet puisse sensibiliser tout le monde pour aider à l'émancipation des femmes.

Kahofi SUY
Répondre

Merci de bien souligner ÉMANCIPATION DE LA FEMME ! C’est très important.

Kiko Marchante
Répondre

Bon article, raisonnable et progressiste. Les peuples progressent et ils sont rendus grands, quand ses jeunes seront formés et développés et disposent des niveaux de formation qui progressent continuellement, principalement par la planification, au niveau national, que le gouvernement programme pour tous ses jeunes, sans exclusion dont ou d'homme ou de femme.
La participation de la femme, dans le tissu productif de la société, est tellement importante comme celle qu'exercent les hommes. Dans le monde de travail, les tâches, généralement, requièrent des habilités, quelques les plus relatifs aux hommes, mais d'autres plus réglables à la femme, et y compris certaines qui requièrent la combinaison de de tous les deux.
Par des principes, on ne doit jamais discriminer à la femme à l'heure de former. Les femmes ont tant droit comme l'homme en prendre part tous les programmes de formation de de programmées pour le développement de la population.
Il faut abolir la culture qui subroge à la femme seulement pour tâches domestiques, ses capacités sont tellement puissantes comme celles de tout homme, et son intégration dans le monde de travail, apporte à la société davantage de bénéfices que des préjudices. Aidons à ce que la femme progrès et collabore le progrès des peuples.

EBOULE AKA
Répondre

c'est bien de souligner l'émancipation de la femme car la femme est faite pour le foyer mais elle peut contribuer aussi au développement de la cote d'ivoire car il y a des femmes qui travaillent mais elles s'occupent bien de leur foyer sans problème

Franck YOBOUE
Répondre

« Nous évoluons dans un contexte culturel et social marqué par une domination masculine et cette domination est très forte. Notre culture idéalise la femme dans une présence au foyer et non dans les arènes de développement. Partant de ce fait, il faut éviter de donner à la femme les armes de son émancipation donc de lui donner un accès à l’instruction » nous explique Charles Yahovi Djrékpo.

J'ai été choqué de lire ce propos de ce monsieur qui est de surcroît, africain et Directeur d'une institution internationale. Dire que : « les cultures africaines sont un véritable frein à l’émancipation de la femme », est plus que scandaleux, voir même honteux pour ce monsieur, car il ne connait même pas sa propre culture.
De toute les civilisation, l'Afrique est le seul continent dont la culture met sur le meme pied d'égalité, l'homme et la femme. Par exemple, en raison de son origine matriarcale, la société africaine pharaonique, non soumise aux influences culturelles extérieures, n’a jamais cherché à restreindre la liberté des femmes.
Ainsi, la femme n’est pas seulement définie par son sexe mais aussi par sa nature divine. C’est celle qui a la possibilité de donner la vie, de procréer. Sa nature profonde est donc valorisée et divinisée.
Au-delà, elle est celle qui, dans son rapport à l’homme, bénéficie d’une quadruple perceptions. En effet, elle est la mère, l’épouse, la déesse et la sœur. Héritée du sédentarisme et du matriarcat, cette perception sociale reflète les idéaux spirituels des africains anciens :
- La divinité de la sagesse, de la vérité et de la justice (Maat) est une femme,
- La protection de pharaon était confiée à une nubienne, la déesse Anouket,
- Isis, était à la fois la femme et la sœur d’Osiris,
- La mère est désignée en écriture hiéroglyphique par le vautour en raison de l’attention que porte cet animal à sa progéniture.

C'est considération de la femme, nous retrouvons encore des traces dans biens de cultures africaines de nos jours. Je suis akan, donc je sais très bien de quoi je parle.
C'est vraiment attristé de me rendre compte du niveau d'aliénation de nos élites.