Côte d’Ivoire : l’audit 2012 de la liberté économique rendu public
Pourquoi refuser le progrès aux Ivoiriens ? C’est autour de cette interrogation que AIA (Audace Institut Afrique) a réunit les autorités administratives et politiques, les leaders d’opinion, les économistes, les hommes de média et les étudiants à l’occasion de l’audit 2012 de la liberté économique en Côte d’Ivoire. L’amphithéâtre de l’espace CRRAE-UEMOA a servit de cadre d’échange entre les orateurs et le public toute la matinée du 19 septembre. Trois organisations se sont jointes à Audace Institut Afrique pour rendre possible cet audit. Il s’agit de la Fondation ATLAS pour la recherche économique, le Projet Un Monde Libre et le FRASER Institute. Deux orateurs se sont succédé au pupitre pour tour à tour exposer sur un pan de la thématique du jour. Le Professeur Mamadou Koulibaly, Président d’Audace Institut Afrique s’est évertué à décortiquer le thème « La liberté économique, un défi incontournable sur la voie du progrès« . Quant au Docteur Emmanuel Martin du Projet Un Monde Libre, il a présenté, chiffre à l’appui « L’audit de la liberté économique en Côte d’Ivoire » pour cette année 2012.
Il est important de noter qu’en septembre 2011 le premier audit post-crise de la liberté économique a été rendu public par Audace Institut Afrique. Depuis cette date « les choses se sont un tout petit peu améliorées mais il reste beaucoup à faire pour rassurer les investisseurs et garantir la liberté aux Ivoiriens » a souligné Emmanuel Martin. L’audit de la liberté qu’il a présenté a été réalisé sur la base de cinq indices principaux : la taille de l’Etat, le système juridique, l’accès à une monnaie saine, la liberté du commerce international, la réglementation du crédit, du travail et des affaires. Sur ces cinq indices qui ont servit de base à l’audit de la liberté, les notes attribuées à la Côte d’Ivoire ne sont fameuses ! Elles démontrent un malaise au plan économique mais surtout au plan structurel. L’administration est lourde et budgétivore, la corruption gangrène les arcanes du pouvoir financier, le climat des affaires laisse à désirer et pour couronner le tout la Côte d’Ivoire à mal à sa justice !
Indices |
Cote |
Taille de l’Etat | 7/10 |
Système juridique |
3,2/10 |
L’accès à une monnaie saine |
6,6/10 |
la liberté du commerce international |
6,2/10 |
La réglementation du crédit, du travail et des affaires |
6,3/10 |
Notes globales de la Côte d’Ivoire pour l’audit 2012
Ce tableau démontre très clairement que l’Etat Ivoirien est encore trop envahissant, au sens où le poids des investissements des entreprises du secteur public et de l’Etat reste important. Les taxes et les impôts ont des seuils et des discontinuités qui embrouillent encore l’économie. Au plan juridique le pays recul ! La situation pourrait bien s’apparenter à un véritable chaos juridiques tant des reformes s’imposent. Cette justice ne rassure ni les Ivoiriens eux-mêmes à plus forte raison les investisseurs. La cote globale Ivoirienne sur l’accès à une monnaie saine reste inférieure à la moyenne mondiale. La réglementation des taux d’intérêt combinée à l’inflation même faible génère de l’incertitude et perturbe les projets d’investissement des entreprises et des particuliers. Il est essentiel que la Côte d’Ivoire qui ne respecte pas les critères de convergence de l’UEMOA fasse des progrès dans ce domaine. On constate aussi une sur-taxation du commerce extérieur en Côte d’Ivoire. L’Etat croit gagner en faisant d’importantes recettes en termes de droit de douane mais le revers de la médaille c’est que la courbe des échanges sera décroissante. Pour ce qui est de la réglementation du crédit, du travail et des affaires ; la corruption, les lourdeurs administratives, les procédures de création d’entreprises longues et coûteuses ruinent les entrepreneurs et favorisent le chômage. La faible densité du réseau bancaire doit être améliorée pour favoriser l’épargne et la libre concurrence entre les banques.
Face à ce tableau assez préoccupant, faut-il désespérer ? NON car selon le Professeur Mamadou Koulibaly « l’audit de la liberté économique 2012 pour la Côte d’Ivoire porte en son sein des recommandations pour améliorer la situation ». Celles-ci reposent essentiellement sur le respect des libertés garanties pour chaque citoyen. La liberté d’investir, celle de jouir de ses biens et de sa propriété foncière, la libre concurrence en affaire, le libre accès au crédit pour chaque Ivoirien et la lutte contre la pauvreté peuvent améliorer les conditions de vie des Ivoiriens. Pour ce qui est de l’orientation générale de la vie économique après la grave crise que le pays a connu, il faut rompre d’avec la logique d’un Etat fort, dirigiste et protectionniste. En période de crise les politiques les plus flexibles sont les meilleures et les décideurs Ivoiriens doivent s’inspirer des exemples qui ont réussit dans l’histoire récente de certains pays du monde !
SUY Kahofi
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