Quand l’hygiène fait défaut sur les marchés d’Abidjan

9 juillet 2012

Quand l’hygiène fait défaut sur les marchés d’Abidjan

Un marché d’Abidjan
Un marché d’Abidjan

Il est 13 h sur le marché de Belleville dans la commune de Treichville, le soleil est au zénith et la chaleur accablante. Les commerçants crient à tue-tête pour venter les qualités de leurs produits. On transpire par ici mais ce n’est pas la chaleur qu’on redoute le plus. L’ennemi de ce 13 h a pour nom « mauvaise odeur ». Et si sa présence est aussi tenace c’est parce que le marché est ceint d’immondices. Difficile de comprendre comment à proximité de ces tas d’ordure, des personnes arrivent à vendre et surtout à se nourrir !

Au-delà du marché de Belleville, nombreux sont les autres marchés d’Abidjan où le mot hygiène semble ne pas exister. Malgré le passage des agents chargés de l’assainissement, les tas d’ordure se voient un peu partout. « Avec les mouches et tout ça c’est difficile pour nous qui vendons le poisson ou la viande. Nous avons beaucoup de pertes à cause des mouches qui viennent laisser leurs asticots dans nos poissons » soutient Dame Kassi Marthe avant de conclure « vous voyez, on ne peut pas vendre le poisson infesté  d’asticots aux clients. Si nous le gardons il risque de détruire le reste de nos produits ». Les commerçants nous assurent qu’ils font tout pour maintenir le marché propre, car en matière de commerce la propreté attire la clientèle. « On ne peut pas vendre dans les ordures ; ça c’est clair ! Le soir le boucher racle sa table, les commerçantes balaient le matin et le soir à la fermeture. Le vrai problème c’est que la municipalité ne vide pas les poubelles » affirme Ousmane Barry, vendeur de garba.

Pour les agents communaux et les entreprises en charge de l’enlèvement des déchets, les commerçants ont de drôles de comportements, pour des gens qui se disent être soucieux de leur cadre de vie. « On nous accuse ? Regardez le marché, nous sommes passés ici ce matin mais regardez vous-même ! Ils jettent les ordures en précisant ‘’la mairie va ramasser’’ » souligne ce chef de service assainissement à Adjamé. Au-delà du non respect de leurs efforts, les techniciens de surface fustigent surtout certaines indélicatesses observées chez les commerçants. « Tenez vous bien monsieur, certains commerçants font leurs besoins dans des grosses boites de conserve ou urinent dans des sachets. Nos hommes les dénichent fréquemment dans les recoins du marché. Imaginez-vous l’odeur ! » souligne Pascal Y. technicien de surface. Pour lui cette situation s’explique par le fait que les commerçants ne veulent pas quitter leurs magasins de peur de perdre des clients. « Regardez ce mur, nous venons de livrer ce magasin il y à peine 1 mois, mais il est déjà tâché par le jus de cola (salive) » soutient S. Ali personnel du service technique de la Mairie d’Attécoubé. Les techniciens de surface insistent sur le fait que les commerçants doivent utiliser les WC publics pour leurs besoins et faciliter la gestion des ordures. « Il y a des poubelles, elles sont là pour recevoir les ordures, elles doivent être utilisées » affirme S. Ali avant de souligner « ce sont des hommes qui enlèvent les ordures et je pense qu’à ce titre il faut les respecter en leur facilitant la tâche ».

SUY Kahofi

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