9 juin 2012

Petits remèdes du village : nécessité ou retour aux sources ?

Les vrais guérisseurs et les charlatans se battent pour convaincre

Quand les difficultés frappent aux portes des abidjanais chacun trouve l’astuce pour retourner aux sources. Les racines et canaris du village refont surface. Si pour certains il s’agit d’une habitude pour d’autres le choix est liés aux difficultés financières.

Il y a trois catégories d’Ivoirien quand il s’agit du choix de la médecine idéale pour guérir d’une maladie. D’un côté ceux qui estiment que leur corps n’est un laboratoire pour recevoir les médicaments de « blanc » ! Vient la catégorie de la médecine mixte : injections et mixtures amers peuvent cohabiter. La dernière catégorie est celle où on estime que seule la médecine moderne peut réellement guérir. Chacun a ces arguments pour défendre sa position. « Avant l’arrivée des blancs nous les africains on se soignait avec ces plantes que certains déracinés trouvent sans effet sur le corps humain aujourd’hui. Je suis fier de dire que je me soigne exclusivement à la médecine traditionnelle et sa marche ! » déclare N’guessan Antoine employé dans une entreprise de maintenance électrique. Koné Aïssatou, elle aussi témoigne de cette efficacité. « A l’hôpital on m’a diagnostiqué deux grosses boules qui étaient dans mon bas ventre : des fibromes. On devait m’opérer mais j’avais peur. Ma copine m’a parlé d’un naturo-thérapeute qui m’a donné une mixture que j’ai bue juste trois jour« . Le résultat se lit sur cliché de la radiographie : les fibromes ont disparu ! La médecine traditionnelle certains y croient depuis toujours mais aujourd’hui avec la crise certains y viennent pas pure nécessité. « L’argent fait défaut et même si les autorités nous disent que les soins sont gratuits à l’hôpital, les médecins nous font toujours payer quelque chose. Nous n’avons pas d’argent et le peu qu’on gagne ne peut pas passer dans des soins de santé » se lamente Memel un enseignant avant de conclure « on ne tourne pas le dos à l’hôpital mais chaque fois qu’on pourra se soigner à moindre coût avec les racines on choisira cette option« .

Les naturo-thérapeutes très sollicités

Pour certains ils sont des guérisseurs, pour d’autres des tradi-praticiens mais généralement les acteurs de la médecine traditionnelle aiment bien qu’on les appelle naturo-thérapeutes. L’expression semble être plus valorisante et nos « docteurs » spécialistes en racines, herbes et écorces nous gratifient d’un large sourire quand ils entendent le mot. Avec la crise le secteur des tradi-praticiens est plus que jamais sollicité. « Les choses vont bien » soutien Aladjy dit docteur neuf mois. « Aujourd’hui les Ivoiriens comprennent que rien ne vaut le retour aux sources. La nature est une force qui porte en son sein tous les remèdes pour guérir toutes les maladies. La preuve est là : même les médicaments en pharmacie ne sont que des molécules naturelles synthétisées » nous explique Aladjy à travers un récital bien rodé. Sur les marchés, les Ivoiriens n’ont plus véritablement honte de s’approcher des tables pleines de racines. « On ne peut pas jouer les snobs quand on est malade et qu’on a pas les moyens. Ici on a de petits remèdes qui font effet et surtout ce n’est pas cher » soutien Alain Achy. Des remèdes pas chers sur le marché ça existe et il y en a pour toutes les maladies. A titre d’exemple le paludisme se guérit à 1000 f CFA, la fièvre typhoïde à 1500 et le mal de tête chronique avec un cataplasme à seulement 500 f. Avec la modernisation les naturo-thérapeutes proposent leurs remèdes dans des boites et bouteilles avec notices. Les modes d’emploi de la médecine traditionnel qui se résumaient aux suppositoires, aux purgeoirs et aux bains souvent salissants enregistrent aujourd’hui les sirops, les laxatifs et même les comprimés !

Attention aux charlatans

Malgré le succès de la médecine traditionnelle une frange non négligeable d’Ivoiriens n’y croient pas pire ils s’en méfient comme la peste. Ils estiment que des charlatans et petits sorciers du dimanche se sont improvisés guérisseurs et font plus de mal que de bien. « J’ai toujours pris l’habitude de me soigner avec la médecine traditionnelle et la médecine moderne mais depuis un certain temps j’ai peur d’acheter les remèdes des naturo-thérapeutes » soutien Hermann Brou un père de famille qui souligne « qu’on ne sait plus réellement qui est le bon ou le mauvais naturo-thérapeute« . Alors dans ces conditions autant s’abstenir car on ne sait pas sur qui on risque de tomber un matin. Traoré Djénéba a fait l’amère expérience des faux naturo-thérapeutes. Le vendeur ambulant qui proposait un remède contre la sinusite dans un car inter-urbain lui a vendu simplement un mélange de beurre de karité, un peu d’eau et des cendres d’origine inconnue. « J’ai fait couler le mélange dans mes narines et ma sinusite s’est aggravée » nous explique la jeune femme. Elle n’est pourtant pas déçue et martèle qu’elle continuera d’avoir recours aux racines et aux feuilles pour se soigner. « Elle n’a pas les moyens pour les cliniques et les hôpitaux » confie-t-elle. Alors comment ne pas se faire avoir ? Pour Aladjy dit docteur neuf mois il faut éviter d’acheter des médicaments traditionnels aux marchants ambulants ou aux petits revendeurs. Toujours choisir des étales permanentes ou des cabinets de naturo-thérapeutes qui sont aujourd’hui légions dans toute la Côte d’Ivoire.

SUY Kahofi

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Commentaires

emma
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J'aimerai par votre biais recevoir les coordonnées pour ces naturophates qui soignent les fibromes j'en ai et j'en souffre et je ne veux pas me faire operer parceque je veux faire mes enfants