16 février 2012

Quelle attitude face à la presse ?

 

Que font-ils ? Ils s’informent à travers les titres !

« Je regarde le journal à la télévision pour m’informer et je lis aussi les journaux ou plutôt je fait le titrologue. Lorsque je vois les titres et je lis le contenu je me rends compte qu’il  a une différence » affirme Francine K. « Je parcoure les journaux quand j’ai le temps mais j’écoute aussi la radio. Je marque que pour le même fait les journalistes donnent plusieurs versions en fonction que le quotidien soit bleu ou vert » soutien Koffi E. A l’image de ces deux Ivoiriens interrogés nombreuses sont les personnes en Côte d’Ivoire qui émettent de sérieux doutes sur le contenu de l’information distillée par les organes de presses nationaux. L’avènement du multipartisme autour des années 1990 a occasionné une floraison de journaux dont certains sont adossés à des chapelles politiques. Le même fait est commenté d’une parution à l’autre avec une telle passion et avec des titres incendiaires qu’ils jettent le plus souvent la psychose au sein de la population. Alors quand la presse Ivoirienne passe son temps à déformer les faits pour des raisons politiques, le peuple préfère ne plus croire aux journalistes ! « Croire aux commentaires ? Pas vraiment il y a tellement d’informations que je n’arrive plus vraiment à croire ! J’émets des doutes sur ce qui est dis par les journaux et les titres sont si alarmants que souvent je me dis que le pays est en danger et que nous vivons dans une situation de guerre latente » nous explique Syvain O. un huissier de justice. « Nous sommes obligés de lire les journaux parque que sans eux nous ne savons pas ce qui se passe dans le pays. Quand vous ne les lisez pas vous êtes moins inquiet mais quand vous avez le premier titre entre les mains vous êtes automatiquement affolé ! A force d’être dans le doute d’un titre à l’autre vous n’arrive plus à savoir qui dis la vérité » soutien Francine K avant de nous dire qu’elle n’a plus confiance aux journalistes.

Il n’ ya pas que les journalistes qui tordent le cou à l’information. Ils se contentent d’écrire dirons-nous mais le danger permanant dans ce circuit de l’information viciée est le Titrologue ! Ce mot désigne ces personnes qui en Côte d’Ivoire se contentent de lire les titres sans jamais s’attarder sur le contenu. Pire ils alimentent la rumeur par leurs propres commentaires qui le plus souvent contribue à accroitre les craintes des populations. Mr Bognon est professeur de lettre moderne il s’insurge contre cette pratique. « Je déplore l’attitude de ces personnes parce que le lecteur se doit d’être réellement informé. Ce que je demande à ces personnes c’est lorsqu’elles sont marquées par un titre, elles doivent s’efforcer d’acheter le journal pour le lire. C’est à ce moment seulement qu’elles seront utiles à ceux à qui elles veulent porter l’information. Si vous vous basez sur les titres en disant simplement « j’ai entendu dire » ou « j’aurais appris que » vous donnez dans la désinformation et c’est dangereux ». Les titrologues sont aussi des acteurs clés du réseau des rumeurs car au-delà du titre ils inventent toute une série de commentaires personnels. Ces commentaires loin de la réalité transmise par le journaliste jettent le discrédit sur le quotidien.

Alors face aux titrologues, à la rumeur, au manque de confiance aux journalistes et au contenu des quotidiens comment se rapprocher de la vérité ? Le Chercheur et Sociologue Rodrigue Koné du CERAP, le Centre de Recherche et d’Action pour la Paix et Responsable de la Recherche de l’Institut de la Dignité et des Droits Humains propose ici une piste de solution. « Pour avoir une bonne information il faut voir le contenu du journal avant de donner un point de vue. Prendre le journal et voir son contenu ne suffit pas car il ne faut pas se limiter à un seul journal. Il faut se référer à plusieurs journaux pour arriver à se faire une opinion et je dirais que cela revêt du bon sens ! Si vous vous attardez sur un seul titre vous vous inscrivez dans une logique de confortation de vos propres idées et vous serez en ce moment dans une logique idéologique de la recherche de l’information et non dans la logique citoyenne ». Une recherche crédible de l’information par le peuple passe aussi par un toilettage de la presse et surtout un journalisme de qualité basé sur le respect scrupuleux des règles de déontologie de ce métier noble. Voici pourquoi Mam Camara le Président de l’UNJCI (l’Union des Journalistes de Côte d’Ivoire) ne cesse d’appeler ses confères à plus de professionnalisme. « J’invite chacun pour cette année 2012 à un strict respect des faits : contentez vous en temps que journaliste de décrire les faits et laissez de côté les commentaires personnels. Soyez responsable, corporatistes afin que la presse soit réconcilié avec le peuple » recommande Mam Camara.

SUY Kahofi

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