Radios Communautaires et paix en Côte d’Ivoire
A l’occasion de la première journée mondiale de la radio je suis allé à la rencontre des professionnels qui animent l’univers des radios communautaire en Côte d’Ivoire pour savoir ces radios pouvaient contribuer à asseoir un climat de paix en plein processus électoral.
Les radios communautaires sont celles qui sont les plus proches des populations. Elles constituent donc un moyen privilégié pour les autorités locales et nationales de se rapprocher des populations. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette règle mais dans le contexte de sortie de crise qui marque l’actualité du pays, les autorités veillent à ce qu’il n’y ait pas de dérives susceptibles de mettre à mal la cohésion sociale. Les craintes de autorités Ivoiriennes sont fondées dans la mesure où certaines radios communautaires ont été utilisées pour relayer des propos haineux lors de la crise post-électorale issue de la présidentielle. D’autres élections, cette fois-ci locales sont programmées pour se tenir avant la fin de l’année et les professionnels des radios communautaires veulent se mettre résolument au service de la paix et de la cohésion sociale pour des élections apaisées.
Les radios communautaires ou de proximité
En Côte d’Ivoire c’est sous l’appellation radio de proximité que les chaînes de radios communautaires sont connues. A la faveur du premier mouvement de libéralisation de l’espace audio-visuel, plusieurs fréquences en FM ont été attribuées à des particuliers, des Mairies, des Conseil Généraux et des Communautés villageoises pour mettre en onde des émissions sensées soutenir le développement socio-économique des localités où les stations rayonnent et surtout promouvoir la cohésion sociale. Konan Konan Sylvain est le Directeur de programme de NOBEL Fm la radio de proximité de la commune de Djébonoua. Il a décidé pour le cas particulier de sa station de promouvoir le dialogue entre jeune pour rapprocher les communautés. Il nous explique comment les radios de proximité peuvent contribuer à consolider la paix. « En véhiculant des messages de paix, en couvrant des activités de règlement de conflit et en donnant la parole à toutes les couches sociales et ethniques d’une cité, la radio peut contribuer à la cohésion sociale. La communication est le fondement des échanges entre les être humain et pour le cas de Nobel Fm nous avons décidé d’utiliser la radio pour regrouper les jeunes qui sont les premiers à être sacrifié sur l’autel de l’orgueil politique. Les jeunes sont eux-mêmes les promoteurs de l’émission qui les rapproche par les ondes ». Les professionnels des radios de proximité sont conscients du rôle qu’ils ont à jouer pour promouvoir la paix mais il arrive que dans un contexte de crise des dérives puissent être signalées. L’évolution des médias aidant, les radios de proximité ont eu le droit de traiter l’information et donc de travailler avec des journalistes professionnels. C’est à ce niveau que le plus souvent les patrons de ces radios de proximité sont interpellés pour des propos ou des émissions qui attisent des haines tribales ou communautaires. La Côte d’Ivoire étant en plein processus électorale après les violences de la présidentielle de novembre 2011, il est important pour ces journalistes de jouer la carte de l’apaisement. Karamoko Bamba est le Président de l’URPCI, l’Union des Radios de Proximité de Côte d’Ivoire il nous explique quelle doit être l’attitude du journaliste en période électorale si celui-ci veut préserver un climat de paix. « Le journaliste doit pouvoir tendre son micro à tous les partis, il doit traiter l’information de façon impartiale, il doit traiter l’information qui lui parvient avec responsabilité car en période électorale les rumeurs sont omniprésentes et il doit vérifier la source de l’information avant de la diffuser. C’est sur ces notions de base que nous insistons auprès de nos collaborateurs ».
Des radios de proximité citoyennes
Bien qu’étant autorisées à émettre dans un rayon de 100 km à vol d’oiseau, les radios de proximité ont su se faire une place dans l’univers audio-visuel du pays si bien qu’elles sont devenues des moyens de promotion des activités socio-économiques et humanitaires. Pour l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire qui initie des formations pour les hommes de média, les radios de proximité ne doivent pas sous-estimer leur impacte sur la vie social du pays et leur rôle dans l’instauration d’un climat de paix autour du processus électoral. Qu’attend l’ONUCI des radios de proximité pour des élections municipales et régionales apaisées ? Voici l’élément de réponse d’Amadoun Touré, le porte-parole de la mission onusienne. « Nous attendons de ces radios pour les élections avenirs un bon comportement comme à la présidentielle, ne pas annoncer les résultats avant la CEI (Commission Electorale Indépendante), ne pas jeter de l’huile sur le feu, se contenter de faire de l’information citoyenne qui est une information très importante et très noble pour les populations et s’inscrire dans le processus de paix ». Veiller à ce qu’il n’y ait pas de dérives verbales, ethniques ou politiques relayées par les radios de proximité lors des élections avenirs, c’est également l’une des missions de la HACA, la Haute Autorité de la Communication Audio-visuel qui tout en félicitant les radios de proximité pour leur excellente couverture de la Présidentielle et des législatives entend les épauler pour les rendre plus utiles à la Côte d’Ivoire. KONE Siméon est Responsable de la Cellule Juridique de la Haute Autorité de la Communication Audio-visuelle il nous explique comment la HACA entend accompagner les radios de proximité. « Nous allons encadrer ces radios pas seulement attendre des dérives pour aller à la sanction. Leur donner des outils nécessaires par la formation pour qu’elles puissent respecter les textes qui régissent leur existence. Au final c’est surtout les amener à faire de l’information citoyenne et à ne pas donner dans la politique politicienne pour attiser les haines ».
SUY Kahofi
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