Dans l’antre des mendiantes de luxe d’Abidjan

14 mai 2011

Dans l’antre des mendiantes de luxe d’Abidjan

 

eburnietoday.mondoblog.org
Il y a ceux là et il y a l’autre catégorie…le grand luxe !

A Abidjan il y a deux catégories de mendiants : ceux avec la calebasse et les vêtements troués et rapiécés de toutes parts et le clan des mendiants de luxe ! Cette catégorie composée d’arnaqueurs V.I.P de profession compte un nombre importants de jeunes filles et de jeunes dames. Leur mode opératoire : utiliser leur charme et inventer une situation imprévue pour soutirer de l’argent au premier qui passe. Illustration ! Il est 14 h 30 mn à Cocody centre quand une jeune fille nous accoste : élégante, vêtu du culotte courte et d’un body très sexy avec des lunettes de soleil. Elle semble paniquée et traquée : elle s’approche et commence sa tirade. « Excusez-moi messieurs, je me gène de vous demander ça mais je suis obligée. Croyez moi je ne mendie pas : je suis même étudiante en année de BTS ! Vous voyez bien que je suis paniquée c’est parce que je viens de me disputer avec un jeune chargeur de wôrô-wôrô à la gare. Pendant qu’on se chamaillait un autre m’a fait les poches ! Je n’ai plus mon portable et je dois me rendre à la CNPS. Vous ne pouvez pas me donner 550 f ? » Ignorant tout de la pratique et touché par son baratin nous réunissons la somme demandé pour soulager la pauvre infortunée. Après deux mercis bien appuyés elle tourne les talons et prend congé de nous. 700 m plus loin aux environs du collège Jean Mermoz nous retrouvons notre ‘’pauvre infortunée’’ avec ces complices (deux autres jeunes filles). Nous la voyons remettre distinctement le contenu de sa poche à la plus âgées avant reprendre le même itinéraire pour certainement plumer d’autres pigeons !

Petite enquête faite dans les rues d’Abidjan, je me rends compte que ce phénomène de la mendicité déguisée est très rependue au sein de la gente féminine et elle est pratiquée par tous les âges. Voici un exemple type avec Charly un chauffeur de taxi. « Généralement se sont des femmes âgées, des mères de famille même. Elle monte dans le taxi et à la descente simule le coup du porte-monnaie qui est tombé. Elle panique, se fouille dans tous les sens, fait semblant de pleurer car l’argent du marché était dans le porte-monnaie imaginaire avant de tourner le regard dans le taxi ! Elle est sûre que quelqu’un touché par son mensonge paiera le transport à sa place ». Le Plateau, centre des affaires n’échappe pas aux mendiantes de luxe, ici elles ont pion sur rue et c’est un cadre d’une compagnie d’assurance du nom de Mr Konan qui en parle. « Celles qui opèrent ici ont tout pour plaire : belles et bien habillées. Elles savent tellement bien vous ‘’saborder’’ que vous ne pouvez pas dire non ! » Les histoires qu’elles avancent sont souvent les mêmes mais elles y mettent de l’émotion pour toucher même les cœurs de pierre ! « Généralement quand elles vous approchent elles ont une voix mielleuse : ‘’tonton je suis venu déposer mes dossiers dans une société, mon argent est fini je veux juste 200 pour un ticket de bus’’. Elles savent qu’au Plateau les tontons sont des gens toujours pressés qui n’ont jamais de petite monnaie. On leur tend bien des billets de 1000 f avec des bénédictions : ‘’du courage ma fille’’ ! » ironise Mr Konan. Plus grave des femmes d’une cinquantaine d’année s’y mettent et Kevin à eu déjà affaire à ce calibre. « La femme qui s’est approchée de moi était plus âgée que ma maman ! Elle m’a dit : ‘’mon enfant pardon, mon fils travaille dans cette banque, à cause de sa femme il ne veut pas me voir. Donne moi l’argent pour manger je vais marcher pour traverser le pont pour partir à Treichville ». Kevin nous dira que c’est la mort dans l’âme qu’il s’est séparé de sa dernière pièce de 500 f. Une heure plus tard dans une autre rue du Plateau la même vieille tente de lui raconter la même histoire ! « J’ai  compris alors que je me suis fais avoir » nous dit le jeune homme. Un autre témoignage que nous avons pris avec des pincettes faisait état du fait que ces mendiantes en vrai SDF pouvaient même inventer l’histoire de la fille venue du village et larguer en pleine capitale pour bénéficier du gîte et du couvert pour au moins une semaine avant de trouver quelqu’un d’autre !

Pour Koffi Priva, les mendiantes de luxe ou de charme sont à condamner et à démasquer. « Je ne peux pas comprendre comment des filles mendient pendant que leurs camarades travaillent ou continuent leurs cours. C’est tout simplement dégradant pour l’image de la femme ivoirienne ». « Tout ça c’est la pauvreté, le chômage, la démission des parents…. Je ne les soutiens pas mon fils mais je préfère ces petits mensonges à la prostitution ! Mais je pense qu’elles doivent arrêter et cherche à faire quelque chose de leurs dix doigts » affirme le vieux Soumahoro. « Il n’y a pas d’excuses pour ces filles qui font ce genre de chose. Moi je gère ma cabine pour manger. Au lieu de demander de l’argent toute la vie, que mes sœurs acceptent de se salir pour vivre dignement » déclare Koné Fatou.

S’il y a des mendiantes de luxe c’est qu’il y a des mendiants de luxe et nous en parlerons prochainement !

Suy Kahofi

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Commentaires

nelson
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les mendiants qui portent des vestes sont plus fragiles et se sont eux qui sont plus dangereux. car avec l'aide de l'internationale ils soutirent de l'argent et en retour ils garantissent deux grandes choses à l'internationale.

Kahofi SUY
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@nelson
Oui Nelson, les délinquants en costards comme j’aime les appeler sont le vrai danger ! Comme disait le Président Sankara « quand un pauvre commet une peccadille c’est pour se nourrir. Celui qui part avec l’argent du FMI ne détourne pas des fonds : c’est un voleur ! »