Procédure judiciaire ou procédure d’humiliation ?

Sous le règne du Docteur Alassane Ouattara la loi sera strictement appliquée à tout contrevenant quelque soit la couche sociale ou professionnelle à laquelle il appartient. La justice sera indépendante et le nouveau Président Ivoirien ne cesse de le répéter à chaque discours. Pour donner un sens à ses convictions, il entend laisser la justice régler en toute liberté les crimes liés à la crise post-électorale.
Premier ‘’prévenu’’ : Laurent Gbagbo ! Prévenu entre griffe car officiellement l’ex-chef d’Etat n’a pas encore ce statut. Il est donc dans une prison dorée sous protection de l’ONUCI et des FRCI, mis aux arrêts ou en résidence surveillée sur ordre du Chef de l’Etat. Premier couac ! Dans un pays où la séparation des pouvoirs existe, ce n’est pas au Président d’assigner quelqu’un en résidence surveillée mais au garde des sceaux. Quelque soit la loi (notamment celle de 1964) utilisée pour le cas Gbagbo, le Président de la République n’a aucun pouvoir pour assigner un Ivoirien en résidence surveillée. Deuxième couac ! Le 6 mai, pendant qu’Alassane Ouattara prête serment, Laurent Gbagbo est interrogé sans l’assistance de ses avocats. La loi Ivoirienne stipule que dans le cadre d’un simple interrogatoire le prévenu peut se passer d’un avocat mais la présence d’un avocat s’impose si le prévenu en fait la demande. Où étaient les avocats de Laurent Gbagbo ? Ils ont été priés de quitter le pays pour ‘’visa non conforme’’. Troisième couac les déclarations du Ministre Hamed Bakayoko, le feu follet du régime RHDP (au four et au moulin). Celui qui hier critiquait le zèle de Ouattara Gnozié semble l’avoir remplacé ! « Il y a de nombreux avocats en Côte d’Ivoire, s’il veut prendre un avocat à Paris que cet avocat respect les règles de l’Etat de Côte d’Ivoire » affirmait le Ministre au micro de RFI. Laurent Gbagbo est soumis aux lois Ivoiriennes et il est libre de choisir l’avocat qu’il veut. D’accord que les avocats de Laurent Gbagbo n’ont pas leur visas en règle mais si les avocats ne sont pas présents, il est du devoir du garde des sceaux de reporter son audition. Voici une manière très originale d’appliquer le droit et de garantir la liberté de la justice. Un procès qui commence déjà dans ce genre de condition risque de n’avoir aucune valeur. Laurent Gbagbo n’a pas peur de se retrouver face aux juges ni d’aller en prison (son passé l’atteste), c’est plutôt Alassane Ouattara qui joue toute sa crédibilité dans ce processus judiciaire. Si Laurent Gbagbo doit être jugé, ses droits doivent être respectés car ces nombreux reports, ces mic mac juridiques, ces interprétations intempestives des textes de lois sont de nature à ridiculiser l’ancien Chef d’Etat. Laurent Gbagbo a été défait point besoin de le présenter comme le guignol politique d’Afrique.
Le Président Alassane Ouattara aura le temps de montrer qu’il tient à la justice. Aujourd’hui elle s’applique à la lettre à Laurent Gbagbo, demain lorsqu’elle s’appliquera à quelqu’un de son clan politique ou militaire, le peuple espère la même rigueur. Quand demain un commandant de zone des FRCI sera épinglé pour crime de guerre et crime contre l’humanité, nous espérons de tout cœur que le garde des sceaux affichera son plus joli sourire pour signer son ordre d’extradition vers La Haye.
Suy Kahofi
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