Carton rouge collectif pour les bleus !

14 septembre 2012

Carton rouge collectif pour les bleus !

Les journaux proches de l’opposition suspendus en Côte d’Ivoire

L’exercice de la revue de la presse équilibrée sera un véritable casse-tête pour les chroniqueurs Ivoiriens cette semaine. La raison est connue de tous : les journaux proches de l’opposition ne seront pas dans les bacs. Le CNP (Conseil National de la Presse) en a décidé ainsi. Très officiellement ce carton rouge collectif fait suite à un acte d’indiscipline constaté par le CNP. Le communiqué signé du président de l’organe de régulation et daté du 12 septembre 2012 souligne un même manquement imputé aux six quotidiens pro-gbagbo. Le texte mentionne ceci :

« Il  ressort des faits que le quotidien Notre Voie a été suspendu par décision du CNP du 6 septembre 2012 pour avoir publié en quatrième de couverture, des photographies soutenues de légendes interdites par le CNP ; Que suite à cette suspension, les journaux Le Nouveau Courrier, Lg Info, Le Temps, Aujourd’hui, Le Quotidien d’Abidjan L’ Alternative, ont en guise de protestation à cette décision, reproduit collectivement, le manquement objet de la suspension de Notre Voie ; Que le faisant, ils contribuent sciemment, par voie de presse à entretenir dans l’esprit des populations, l’existence d’un bicéphalisme au sommet de l’Etat. Qu’une telle pratique relève de la sédition et ne saurait être tolérée« 

Les bleus devront donc garder le silence et se sont les lecteurs qui ne savent donc plus où donner du regard ! Eux qui étaient habitués à comparer les titres (ou les écrits ???), à commenter les cohues avant de choisir s’ils décident de voir la vie en vert ou en bleu devront se contenter des titres dit neutres (s’ils existent encore) ou les verts ! La deuxième option est à écarter car tout le monde n’est pas abonné aux quotidiens proches du RHDP. Les premiers consommateurs des produits de la presse sont bien sûr les Ivoiriens et c’est eux que nous nous sommes tournés pour savoir ce qu’ils pensent de la décision du CNP. D’un côté il y a ceux qui estiment qu’il y a entrave à la liberté de la presse et de l’autre ceux qui estiment que le silence des bleus est plutôt bon signe !

« Très sincèrement quand je regarde les journaux Ivoiriens je me demande qui mérite de paraître ? Ils disent tous la même chose : les mêmes propos haineux, les mêmes injures, la même violence…alors quand on veut être juste il faut que les sanctions puissent s’appliquer à gauche comme à droite » estime Franck O. cadre dans le voyage. Il y a selon lui une volonté manifeste de diaboliser les journaux proches de l’opposition Ivoirienne et à travers eux tout ce qui touche à l’ancien président. Le débat politique doit être semblable à une rencontre sur un terrain de football. Il y a quelques jours Guillaume SORO, le Président de l’Assemblée Nationale Ivoirienne le rappelait au Gabon : il faut un minimum de fair play ! Or le régime du Docteur Alassane Ouattara est plutôt bon « diseur » que bon « faiseur ». « Où est la liberté de la presse quand un régime utilise des organes de régulation pour régler ses comptes politiques ? » s’interroge Cédric Kouadio avant de conclure qu’il « est claire que les journalistes sont aujourd’hui les soufis des politiques mais par respect pour les textes qui régissent leurs professions le Gouvernement doit pouvoir garantir une certaine liberté de penser et d’écrire ». Une presse Ivoirienne à sens unique dans un pays qui aspire à instaurer la démocratie est utopique. Pourtant certains Ivoiriens sont convaincus que cette presse d’opposition mérite largement ses sanctions et mérite de « la fermer » de temps en temps ! « Ils sont trop friands des propos haineux, des titres alarmistes et des injures ! La liberté de presse ne signifie pas la liberté de dire du n’importe quoi. Moi personnellement leur silence ne me dérange pas. Au moins cette semaine les gens vont dormir tranquillement sans penser aux attaques et aux bruits de bottes ! » affirme convaincu Méïté K. Notre interlocuteur estime que la décision du CNP est largement justifiée. Casimir Koffi est de cet avis et il va plus loin. « Ils veulent simplement ternir l’image du régime en place, dire qu’il est mauvais, qu’il brime les journalistes…sinon comment expliquer qu’une bêtise qui a conduit à des sanctions pour Notre Voie puisse être délibérément reprise par les autres journaux proches de l’opposition ? Ils veulent simplement dire « on fait ce qu’on veut » mais devant il y a aussi des gens pour répondre « on vous fait ce qu’on veut » ».

Au-delà du débat entre lecteurs, des voix s’élèvent pour demander aux autorités Ivoiriennes de garantir une certaine liberté de penser. Au compteur des ces déclarations nous citerons celle de l’Ambassade des Etats Unis à Abidjan qui est libellée comme suit :

« L’Ambassade des Etats-Unis s’inquiète de la suspension le 12 septembre dernier par le Conseil National de la Presse de six journaux. Le public est mieux servi lorsque la diversité d’opinions est librement exprimée à travers les médias. La liberté de la presse est inscrite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le peuple Ivoirien doit  avoir le droit de déterminer de lui-même de la validité des différents points de vue politiques, déclarations et arguments relayés par la presse.« 

SUY Kahofi

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