Tout pour de l’eau dans les quartiers d’Abidjan !

27 août 2012

Tout pour de l’eau dans les quartiers d’Abidjan !

Habitants d’Abidjan recevant de l’eau potable de l’ONEP

L’accès à l’eau potable est devenu difficile dans plusieurs quartiers d’Abidjan. Il ne s’agit pas seulement des quartiers précaires de la ville mais également des quartiers chics où depuis la fin de la crise chacun utilise sa propre méthode pour avoir un peu d’eau potable.

Anono, village Ebrié situé en plein Cocody-Riviéra 2. Le village qui s’est très vite modernisé est une destination prisée pour de nombreux travailleurs soucieux de faire des économies en matière de transport. Les blocs de studio et deux pièces sortent quotidiennement de terre et attirent de plus en plus mais le quartier s’est taillé une réputation de zone à problème quand on parle du difficile accès à l’eau potable. « Anono vit au rythme des coupures d’eau. Vous avez de l’eau au robinet en moyenne 3 jours par semaine. Le reste du temps il faut se déplacer vers d’autres endroits pour en trouver » nous explique Kouassi Désiré un résidant. En effet il n’est pas difficile de voir à Anono de longue file de femmes et jeunes filles transportant des bassines et des seaux d’eau. « L’eau ne vient pas dans notre cours » me lance Rokia une jeune fille épuisée par la grosse bassine qui lui enfonce le cou. « On est obligé de sortir pour acheter l’eau avec les revendeurs » s’indigne Konan Affoué. Il faut débourser en moyenne 25 f CFA pour un seau, 50 f pour un jerricane, 75 ou 100 f pour la bassine ! « En plus de ces dépenses supplémentaires chaque jour, vous devez aussi régler la facture » conclu la mère de famille. Ce constat est le même au quartier Port-Bouët 2 à Yopougon où pour avoir de l’eau il faut se lever de bonne heure pour espérer être servit la première à la fontaine. « Si vous n’arrivez pas tôt les seaux sont tellement nombreux que vous devez aller plus loin » nous explique Doukouré. Cette maman, caissière dans un super-marché souligne que le problème d’eau occasionne d’énorme désagrément aux abidjanais. Difficile de se laver, d’avoir de l’eau potable pour la boisson et pour les travaux de la maison. Marcory, Port-Bouët, Koumassi, Abobo…tous les quartiers vivent la même réalité ! Alors lorsque l’eau se faire rare au robinet chacun utilise sa méthode pour avoir du ‘’jus’’.

Opération tuyau cassé !

L’eau qui se fait si rare dans les robinets est le plus souvent présente dans les canalisations de la compagnie d’eau (SODECI). Certains abidjanais exacerbés par cette situation se sont transformés en véritables vandales. Les tuyaux qui généralement sont enterrés à quelques centimètres dans le sol sont sortis avec la daba puis cassé ! « La SODECI se moque de nous. A la fin du mois les agents viennent nous tendre des factures aux montants exorbitants et chaque fois il y a des coupures » s’indigne un jeune homme. « Alors pour avoir de l’eau on joue les vandales » confie souriant Francis. Une fois les tuyaux sortis et cassés, c’est tout le quartier qui en profite et personne ne se gène pour interpeler le service de dépannage. « Si on les appelle c’est tout le quartier qui sera privé d’eau » souligne Mr N’guessan un habitant de Yopougon SIDECI. Chacun se sert puis le tuyau est rebouché avec des bouts de sachet en attendant le prochain passage des riverains ou des agents de la SODECI pour raccorder la canalisation. Ceux qui refusent de participer à ‘’l’opération tuyau cassé’’ doivent se rabattre sur des suppresseurs pour pomper l’eau. Il s’agit de petites pompes installées sur les compteurs d’eau pour accroitre le débit de l’eau. Cette pratique est interdite mais personne ne semble y prêter attention. A Marcory on affirme même que se sont les agents de la SODECI qui les placent pour se faire de l’argent. Lorsque les canalisations sont totalement vides il faut se résoudre à marcher des kilomètres pour trouver le liquide précieux dans d’autres quartiers. Détenteurs de fontaines et de bornes d’eau se frottent les mains. Moyennant une pièce, chacun vient chercher un seau ou une bassine pour ses besoins.

Penser à une solution à long terme

L’augmentation de la quantité d’eau fournit aux habitants d’Abidjan est une priorité pour le gouvernement qui vient de lancer un vaste projet de pompage à partir de la ville de Bonoua. En attendant que ce projet ne prenne vie, la SODECI tente de colmater ses canalisations sabotées et d’appuyer l’ONEP (l’office national de l’eau potable) dans les projets de distribution d’eau. Des camions-citernes de 80 hl sillonnent les quartiers les plus touchés par le manque d’eau pour distribuer le liquide aux populations. Chaque arrivée du camion est un soulagement pour les populations. « Quand ils viennent nous donner de l’eau ça nous arrange » confirme Ouédraogo Salimata avant de conclure que le passage du camion lui évite de marcher longtemps avant de trouver de l’eau. Elle estime néanmoins que le ravitaillement est insuffisant et ne se limite qu’à un passage par semaine. Un chauffeur de camion-citerne à l’ONEP nous confie qu’il ne s’agit pas d’un manque de volonté de satisfaire la population. « Il y a plusieurs quartiers à ravitailler or notre parc auto n’est pas assez fournit donc nous sommes obligés d’établir un programme de rotation par quartier pour essayer de satisfaire tout le monde » nous explique l’agent de l’ONEP. Quelques goûtes à PK 18 puis Attoban et N’pouto et ce sera ainsi jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée au problème d’accès à l’eau potable à Abidjan.

SUY Kahofi

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