Tout pour éloigner la jeunesse Ivoirienne de la criminalité

SOS
4 juin 2012

Tout pour éloigner la jeunesse Ivoirienne de la criminalité

La jeunesse Ivoirienne doit tourner le dos à la violence

En Côte d’Ivoire bien que l’indice de sécurité soit passé de 3 à 1 en l’espace de six mois, d’énormes progrès restent à faire pour définitivement rassurer les populations et les investisseurs. Cette insécurité depuis la fin de la crise est alimentée par des jeunes qui détiennent à la base des armes ! Que faut-il faire pour aider ces jeunes à tourner le dos à la criminalité ? La répression ne sera pas une solution dans un contexte marqué par le chômage de près de 4.500.000 personnes dont les ¾ sont des jeunes. Le Gouvernement ivoirien a mis sur pied des opérations d’emploi jeune mais surtout de désarmement à grande échelle pour réduire à la fois le chômage et l’insécurité.

Il est important de souligner dans un premier temps que la Côte d’Ivoire vient d’hériter de douze ans d’instabilité qui auront fortement modifié la vie sociale du pays. L’insécurité et la criminalité sous toutes ses formes ont atteint aujourd’hui un seuil inquiétant. Les jeunes qui ont été manipulés avec des idéaux ethniques ou politiques sont devenus malgré eux les acteurs de ces viols, vols à main armée et meurtres qui sont désormais le quotidien des Ivoiriens. Désœuvrés et n’ayant que pour seul gagne-pain les armes qu’ils ont gardé par devers eux depuis la fin de la crise, rares sont ceux qui veulent se séparer de ces engins de mort. Pourtant la Côte d’Ivoire ne peut se construire dans ce climat d’où la vaste opération de DDR qui a été lancé ; DDR pour Désarmement Démobilisation et Réinsertion. Abobo, Adjamé, Attécoubé, Daloa, Duékoué, Bangolo…. Chaque quartier d’Abidjan et ville et de l’intérieur reçoit constamment les équipes de l’ONUCI et de la COMNAT-ALPC. Campagne après campagne, les jeunes ont commencé à comprendre le bien fondé du DDR. Le climat de confiance qui s’est crée a encouragé de nombreux jeunes à déposer leurs armes. Au cours des opérations de DDR de nombreux jeunes Ivoiriens viennent se débarrasser pour certains d’une kalachnikov, pour d’autres d’une grenade, de caisses de munitions ou de pistolets automatiques. Chacun dans ces files d’attente a une raison qui le pousse à déposer son arme. « La guerre est finie et je pense que la place des armes se trouve dans les casernes ! Je pense que si je suis pris avec une arme chez moi les forces de l’ordre pourraient me prêter de mauvaises intentions avec tous ces braquages dans la ville » affirme Camara, un jeune d’Attécoubé. Pour celui qui se fait appeler IB il se ‘’débarrasse’’ de son arme pour des questions de sécurité. « Cette arme chez moi c’est un danger permanent : mes enfants peuvent se tuer en jouant avec, mes petits frères peuvent être tentés d’aller régler leur compte dehors avec cette arme » affirme le jeune homme de 25 ans avant de conclure que « sincèrement il en a marre de cette arme qui lui rappelle constamment des heures sombres de sa vie ! »

Malgré cette volonté affichée par de nombreux jeunes ivoiriens notamment d’ex-combattants et miliciens, certains analystes des questions militaires soutiennent avec véhémence qu’il faudra plus de dix ans à la Côte d’Ivoire pour qu’elle soit débarrassée des armes légères et des petits calibres qui circulent par milliers dans le pays depuis la fin de la crise post-électorale. Qu’à cela ne tienne, les autorités ivoiriennes refusent de céder au découragement vu l’œuvre qui les attend. Cette persévérance paye visiblement si l’on s’en tient aux propos du Commissaire Principal Djébrey Léon de la COMNAT-ALPC qui estime que depuis « octobre 2011 les opérations de DDR ont permis de récupérer 3.500 armes, 230.000 minutions et des dizaines de grenades offensives ». Désarmer les jeunes n’est que la première étape du DDR mais si celui-ci s’arrête à ce niveau rien n’aura été fait car ces derniers pourraient être tentés de renouer avec le crime. Il faut leur trouver des occupations saines et surtout des activités génératrices de revenus d’où l’étape du profilage suivi des formations professionnels. L’Agence de Formation Professionnelle (AGEFOP) est l’une des entités qui forme les jeunes démobilisés. Le Directeur de l’agence nous explique comment ces jeunes sont formés et orientés. « Nous partons d’abord de l’emploi en analysant les compétences que celui-ci requiert. C’est seulement en fonction des besoins estimés que nous procédons à la formation. Le choix des emplois et des formations est donc fait en fonction des compétences des jeunes mais aussi en fonction de la demande sur le marché » déclare Bamoutien Traoré. Des jeunes formés pour être compétitifs sur le marché de l’emploi avec des diplômes reconnus est une alternative salutaire pour les jeunes démobilisés mais le plus important c’est surtout et avant tout de les rendre autonomes par l’auto-emploi. A ce niveau le PNRRC, le Programme National de Réinsertion et de Réhabilitation Communautaire dit explorer des pistes pour leur insertion dans le tissu socio-économique. « Pour tous ces jeunes qui ont été formé et qui ont eu leurs diplômes nous continuons de rechercher des fonds avec les banques et les opérateurs économiques pour promouvoir une insertion de ces jeunes. Nous avons encore beaucoup de démobilisés, environ 20.000 personnes qui sont en attente d’être réinsérées. Au niveau de la réinsertion nous somme à 15.000 personnes réinsérées, que nous suivons » explique Daniel Kossominan Ouattara, Coordonateur National du PNRRC.

20.000 démobilisés, majoritairement des jeunes à sauver du grand banditisme, n’est pas une mince affaire et pour épauler les structures de réinsertion le Gouvernement lance le concept de la Réserve. « Nous avons tenté toutes les expériences en termes de réinsertion et de réintégration. Il faut aujourd’hui trouver une approche qui soit pérenne et donc nous avons trouvé l’option d’une réserve mais qui n’est pas une réserve militaire ! Ce passage à la réserve permettra aux jeunes premièrement de se former, deuxièmement d’avoir les concepts et les comportements disciplinaires et républicains, troisièmement d’apprendre un métier et enfin d’aider au développement. Aussi vous avez la possibilité parmi eux que certains aillent à des opérations de maintien de la paix dans le monde entier » nous explique Paul Koffi Koffi le Ministre Ivoirien délégué à la défense. PNRRC, DDR, Réserve…tout pour que la jeunesse Ivoirienne puisse vivre de façon honorable après la longue crise que le pays a connue.

SUY Kahofi

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