Gratuité des soins : le revers de la médaille

21 mai 2012

Gratuité des soins : le revers de la médaille

La gratuité semble ne pas faire l’affaire du personnel soignant des CSC

La gratuité des soins voulue par le Gouvernement Ivoirien est une mesure qui dans l’ensemble soulage les populations mais d’un autre côté fait grincer les dents des professionnels de santé qui croulent aujourd’hui sous le poids des dettes. C’est le cas des établissements de santé communautaire qui ont du mal à payer leur personnel et à faire face à leurs dépenses quotidiennes. Les agents de ces établissements broient du noir et pour cause la mesure de gratuité de soin instaurée par le gouvernement Ivoirien a laissé certains sur le faim en terme de rémunération. 4 mois d’arriéré de salaire et 12 mois de redevance c’est trop pour ces agents qui en ont marre d’attendre ! « Qu’est ce qu’on reproche aux établissement sanitaires communautaires de Côte d’Ivoire ? Qu’est ce qu’on reproche à leurs agents pour leur refuser le droit d’avoir un salaire ? » explose Julien Sié Essoh de l’association pour la santé communautaire de Yopougon toit-rouge (un sous-quartier d’Abidjan). L’interrogation de Julien Sié Essoh reste sans réponse de la part du gouvernement Ivoirien pendant que le calvaire des agents se poursuit dans les centres de santé communautaire avec le découragement qui gagne les troupes, les moyens qui fond défaut et la menace des fournisseurs qui veulent couper les vivres. « Depuis le 16 avril nous sommes entrés dans la gratuité mais jusqu’à ce jour nous n’avons perçu aucun sou au titre de la redevance : nous en avons informé le ministère de la santé. Aucun centime pour le fonctionnement de nos centres : que faisons-nous dans ce cas ? » s’interroge Bakayoko Abdoulaye président du collectif des ACS-COM pour la défense de leur droit avant de conclure par une autre série d’interrogations qui mettent à nu les dangers qui planent sur les centres de santé communautaire « les fournisseurs qui nous ravitaillent en registres de consultation et d’accouchement nous les payons comment ? Que faisons-nous puisse que certains menacent de prendre des huissiers ? Même les factures d’eau et d’électricité ne sont pas encore réglées : des avis de coupure nous menacent ! Jusqu’à quand allons-nous tenir ? ».

Au centre de santé communautaire de Yopougon GESCO on n’aura pas la chance d’attendre la clémence de la compagnie d’eau. Le liquide, source de vie est absent des robinets pour le plus grand mécontentement des patients et personnel de santé. « La SODECI est venue enlever le compteur et au moment où je vous parle nous sommes à la troisième semaine sans eau dans notre centre de santé » se lamente Tiéhi Kéhi Laurent de la Formation Sanitaire urbaine à base communautaire de Yopougon GESCO. La gratuité des soins saluée par les Ivoiriens à la majorité écrasante est donc devenue le grain de sable qui empêche l’engrainage des administrations des établissements sanitaires communautaires de tourner correctement si l’on s’en tient aux explications de Kessi Alexis du centre de santé communautaire d’Angré Cocody. « Avant la gratuité nous n’avons aucun problème mais depuis que cette mesure est entrée en vigueur nos facture sont de plus en plus salées et nous courrons tout droit vers la dérive » s’inquiète Kessi Alexis. Face au silence du gouvernement faut-il continuer de travailler même sans moyen ? Les agents des centres de santé communautaires s’interrogent et proposent que des solutions soient rapidement trouvées. « Si nous observons tout de suite un arrêt de travail pour protester il est claire qu’il y aura plus de mort que dans les CHU et les CHR. Si nous acceptons de travailler malgré les difficultés ce n’est pour autant que nous devons être négligés ! Nous demandons pardon à Madame la Ministre (NDLR : N’dri Thérèse Yoman) pour que nos salaires soient versés » plaide Kaman George secrétaire général du syndicat en charge de la défense des agents des établissements communautaires.

Au ministère de la santé on appelle à plus de patience de la part des agents des établissements de santé communautaires car le principe du règlement des arriérés est un acquit. Il ne reste plus qu’un financement conséquent pour que l’ardoise soit effacée mais jusqu’à quand ces pères et mères de famille resteront-ils dans l’angoisse ? Personne n’oserait répondre à cette question.

SUY Kahofi

 

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Commentaires

bamory
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la gratuité de soins dont on parle est une affaire des grandes villes. Allez-y voir dans nos villages lointains et faites de sérieuse enquêtes auprès des populations locales. Elles paient les kits d'accouchement à 10.000 frs et voir même plus. allez-y demander aux populations de Foumbolo dans le departement de Dabakala.