Gratuité de l’accouchement et de la césarienne en Côte d’Ivoire

17 février 2012

Gratuité de l’accouchement et de la césarienne en Côte d’Ivoire

 

Réduire la mortalité maternelle par la gratuité des soins

La nouvelle est tombée lors du Conseil des Ministres du mercredi 15 février 2012. Les autorités Ivoiriennes viennent de rendre gratuit l’accouchement et la césarienne pour toutes les femmes de Côte d’Ivoire. Sur présentation du Ministre de la Santé et de la lutte contre le SIDA, le Président de la république a signé un décret portant exemption du paiement des prestations et des actes en rapport avec l’accouchement par voie basse et la césarienne dans les établissements sanitaires publics, pour les populations démunies et les non assujettis sociaux. La prise de ce décret se justifie par le niveau élevé de la mortalité maternelle et l’injustice sociale que constitue le décès d’une femme au cours de la grossesse ou de l’accouchement. Le coût de cette mesure d’exemption de paiement est estimé à 17 milliards de FCFA pour l’année 2012 et à 87 milliards de FCFA pour les quatre (4) prochaines années.

Cette mesure réjouit plus d’un Ivoirien et surtout les Ivoiriennes qui voient en la signature de ce décret un nombre plus importants de femmes qui seront sauvées lors de l’accouchement. La signature de ce décret est aussi l’aboutissement d’un long combat des ONG de promotion des droits de la femme telles que CEFCI, AIDF ou l’OFACI qui n’ont cessé d’interpeller les autorités Ivoiriennes sur la nécessité de rendre gratuit l’accouchement et la césarienne en Côte d’Ivoire. La joie affichée par les uns et les autres ne cachent pourtant pas les inquiétudes. Les récentes mesures de gratuité des soins ont conduit à des abus dans certaines formations sanitaires et les Ivoiriennes en garde un mauvais souvenir. « Je suis heureuse de cette décision du gouvernement mais je suis aussi inquiète. Vous savez la première opération de gratuité des soins nous a permis de voir jusqu’où certains médecins étaient capables d’aller pour faire payer les malades. Ils ont inventé toutes sortes de charges étranges pour nous faire payer et je me demande s’ils ne feront pas la même chose avec la gratuité pour les accouchements ? » s’interroge inquiète Botti Lou Madeleine commerçante. Koffi Brigitte partage les inquiétudes de Madeleine. « Il y a de quoi avoir une joie mesurée ! Dans un pays où la corruption est reine il est difficile que les praticiens acceptent de donner aussi facilement dans la gratuité là où ils avaient l’habitude d’empocher des sommes très importantes entre 350.000 et 600.000 pour la césarienne ! Il faut aussi souligner le fait que même avec l’argent la négligence a conduit à la mort de nombreuses femmes ou à des fistules pour les plus chanceuses ! ». Pour de nombreuses Ivoiriennes il faut attendre pour voir ce que sera la mesure dans les faits !

Il est clair que la mesure de gratuité de l’accouchement est une excellente nouvelle pour les femmes mais elle l’est aussi pour les hommes. « Il ne faut oublier qu’au-delà de toute chose c’est nous qui portons la main à la poche pour les soins médicaux de la famille. Je pense que cette mesure nous soulage mais comme tous les Ivoiriens je me méfie. Le gouvernement veut le meilleur pour la population Ivoirienne mais la question est de savoir si les praticiens vont appliquer cette décision ? » se demande Mr Coulibaly enseignant. Pour Calixte K. il ne faut pas juger les praticiens mais leur donner le temps de montrer leur bonne foi. « C’est vrai qu’on peut être inquiet mais je crois qu’il faut laisser le temps aux professionnels de la santé d’appliquer la décision. Si certains refusent de le faire les autorités prendront les mesures disciplinaires qui s’impose » souligne le jeune homme. Si à l’unanimité les Ivoiriens saluent la gratuité de l’accouchement et de la césarienne ils estiment qu’il faut des mécanismes de suivi pour que les praticiens puissent appliquer ce décret à la lettre.

SUY Kahofi

 

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