10 décembre 2011

Evitons que l’histoire ne se répète!

Violence post-électorale à Abidjan

Depuis la fin de la crise post-électorale, quand on parle d’élection en Côte d’Ivoire le premier réflexe est de penser automatiquement à la guerre ! Si pour certaines personnes les législatives ne sont que des élections locales, pour d’autres il faut jouer la carte de la prudence.

Il ne faut pas se voiler la face : rares sont les Ivoiriens qui au fond sont véritablement emballés par les élections législatives. La raison est toute simple : le traumatisme de la dernière crise liée à des élections n’est pas si loin. En l’espace de quelques mois, les Ivoiriens ont perdu toute confiance en leur classe politique. Chacun souligne sans faux fuyant qu’il n’y a qu’un groupe de personnes qui depuis la mort de Félix Houphouët Boigny ont plongé la Côte d’Ivoire dans la misère et dans les crises à répétition. Le bouquet sur la cerise se sont bien sûr les nombreux morts, déplacés, exilés et prisonniers politiques de l’après 11 avril. Au regard de ce sombre tableau l’Ivoirien se pose une seule question : « pourquoi diantre se rendre dans l’isoloir si c’est pour consacrer une République sur des cadavres et une Assemblée Nationale au cimetière ?« 

« Les résultats sont déjà connus »

Les campagnes pour les législatives se passent dans une timide ambiance. Il n’y pas d’enjeu véritable : la marée sera verte dans la future Assemblée Nationale. Le RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix), coalition qui soutien le Président Ouattara est sûre de rafler la majorité des sièges. Le Front Populaire Ivoirien fidèle à Laurent Gbagbo ne sera pas là ! « Comment voulez-vous voir le FPI à des législatives quand à la veille de cette élection Laurent Gbagbo est embarqué pour la CPI ? Le pouvoir ne veut pas de nous alors nous restons en dehors du processus électoral ! » martèle Laurent Akoun, le secrétaire à l’organisation du FPI. Sans le FPI l’opposition Ivoirienne n’existe pratiquement plus et cela pousse Kobénan Atta, un jeune sympathisant de l’ancien régime à parler de recule de la démocratie. « Pourquoi irais-je voter puisse que les résultats sont déjà connus ? Avec ça certains continuent de chanter sous tous les toits qu’ils sont démocrates. La démocratie est où quand on bâillonne l’opposition, la démocratie est où quand on expédie un leader comme Gbagbo en prison pour mieux contrôler le pays…Arrêtons d’être ridicule aux yeux du monde et sachez que cette mascarade d’élection ne conduira pas ce pays vers la paix mais vers une domination du clan Ouattara sur les hommes du FPI qu’il a défait par les armes« . Pour N’guettia Irène commerçante, ce n’est pas le débat politique qui l’empêche de se retirer dans l’isoloir. C’est plutôt la crainte de la violence et des bruits de bottes qui l’éloigne de l’actualité des législatives. « Nous irons voter et au final on viendra encore nous tuer comme la première fois ? Non, je ne suis pas partante. S’ils veulent s’entretuer cette fois encore qu’ils nous le signifient dès maintenant pour que nous puissions retourner dans les camps de déplacés« . N’guessan David constructeur métallique en quête d’emploi pense qu’il faut positiver. « Les législatives sont des élections locales et elles ne peuvent pas entrainer tout le pays dans le KO. Aussi je demande à chacun de garder son calme et d’aller voter tout en respectant les consignes de non-violence de la CEI« . Pour David l’absence du FPI n’est pas le symbole d’un recule de la démocratie car dans ce pays « chacun est libre de ces choix et il les assume« . Il espère que le FPI comme le RDR en 2002 ne souffrira pas de ce boycotte.

Vaincre les peurs pour construire la démocratie

Les ONG de défense des droits de l’homme après le décompte macabre dont ils ont été les témoins ont choisi la méthode de la sensibilisation pour éloigner les démons de la division. Ici à l’OFACI, l’organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire, les femmes seront des pèlerins de la paix avant, pendant et après le vote. « Nos militantes ont été formées avec le soutien du PNUD et elles iront dans chaque marché, chaque rue du pays, chaque maison pour dire aux populations que les élections ne rime pas avec la guerre. Elles expliqueront l’importance du parlement, comment voter et surtout comment resté digne dans la victoire ou la défaite » nous explique Namizata Sangaré la président de l’ONG. Pour les ONG Ivoiriennes il est temps pour les populations de tourner le dos à la violence et de comprendre l’impact social d’un scrutin sur la vie de tous les jours. « La Côte d’Ivoire doit avoir un parlement et c’est l’affaire de tous. Si nous voulons construire ce pays et combler notre retard en matière de développement nous devons taire nos petites querelles et penser à l’intérêt du pays. Pas de violence lors des campagnes, pas de violence le jour du vote et c’est la Côte d’Ivoire qui gagne » affirme Traoré Wodjo Fini président de la COSOPCI, la Coalition de la Société Civile pour la Paix et le Développement Démocratique. La stabilité, l’ordre social, la sécurité et la paix ne sont pas seulement l’affaire des dirigeants d’un gouvernement ou d’un Président de la République. Seul l’effort conjugué de toutes les couches peut garantir une paix durable au pays. Les Ivoiriens doivent savoir résister à la violence s’ils aspirent à vivre de nouveau en paix et surtout réconciliés !

SUY Kahofi

 

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