Vendeuse d’eau glacée à Abidjan : Un petit métier à hauts risques

15 novembre 2011

Vendeuse d’eau glacée à Abidjan : Un petit métier à hauts risques

Attention quand vous buvez de l’eau dans la rue !

« Il y a de l’eau ! Il y a de l’eau ! »  les entend-on crier à tue-tête à longueur de journée sur les différentes gares routières. Les vendeuses d’eau glacée d’Abidjan ont vécu leur période de crise à cause des polémiques nées, à tord ou à raison, de l’apparition – si ce n’est de la recrudescence – des maladies liées à l’eau.

Sous le chaud soleil d’Abidjan elles transportent, toute la journée, des plateaux et des petites bassines remplis de sachets d’eau. Dans les sacs en plastique, de l’eau du robinet. Un petit commerce artisanal, qu’elles managent du robinet au marché. La méthode est toute simple. Elles remplissent d’eau une grande bassine. Puis, grâce à un récipient, souvent un gobelet, les jeunes filles mesurent l’équivalent de 65 cl d’eau qu’elles transvasent dans un sachet. Une fois scellée d’un nœud, la précieuse marchandise est mise au réfrigérateur. Sur les marchés, les sachets « d’eau glacée » seront vendus entre 5 FCFA et 25 FCFA (moins de 0.1 euros).

Maladie façon-façon

Parce que leurs mains sont en contact direct avec la ressource lors du conditionnement, les petits sachets  des jeunes vendeuses ont souvent été indexés comme étant à l’origine d’infections, si ce n’est d’épidémies. « A chaque fois qu’il y a une maladie façon-façon, on demande aux Ivoiriens de ne pas boire l’eau en sachet. C’est monnaie courante ici : il y a eu la diarrhée, le choléra et aujourd’hui la fièvre typhoïde« , soutient Saoré Brigitte. Elles en sont convaincues : une mauvaise publicité leur est faite par la concurrence qui essaie de jeter le discrédit sur leur corporation. Certaines n’hésitent pas à mettre ces accusations au compteur des entreprises productrices d’eaux embouteillées. « On nous a chassées des marché pendant des semaines mais au final les services d’hygiène sont allés chercher la solution à leurs problèmes ailleurs. Ils ont compris que nous n’avions aucun lien avec ces maladies« , souligne Gobo Noëlle.

Aucune propreté corporelle

Aucun lien avec ces maladies ? Pas si sûr selon ce consommateur. « Avez-vous déjà vu les petites filles qui attachent les sachets d’eau ? Aucune propreté corporelle. C’est à peine si elles se lavent les mains et pendant qu’elles s’occupent du conditionnement, elles font autre chose. Dans ces allées et venues entre une vaisselle et une bassine d’eau elles peuvent charrier des bactéries sans le savoir« . D’autres à l’image de Blé Zié Olivier jouent la carte de la prudence. » Je ne peux pas dire que les sachets d’eau sont à l’origine des maladies que nous avons connues mais je soutiens que si les règles d’hygiène ne sont pas appliquées, se désaltérer devient dangereux« . Face à la psychose et malgré le prix très abordable des sachets, beaucoup choisissent des solutions radicales : ne plus boire de l’eau que chez soi.

Vigilance

Si la majorité des vendeuses s’assure que les règles d’hygiène soient respectées, difficile d’oublier les autres, même minoritaires. A leur attention, M.Coulibaly de l’antenne INHP (Institut Nationale d’Hygiène Publique) du N’zi Comoé tire la sonnette d’alarme non sans manquer de donner quelques conseils aux consommateurs. « Nous n’accusons pas une corporation en vu de la discréditer mais nous soulignons de façon claire que les sachets d’eau peuvent contribuer à la propagation des maladies bactériennes et typhiques ». M.Coulibaly demande donc aux vendeuses d’observer une hygiène corporelle stricte. A savoir, prendre un bain et se laver les mains avant de débuter le conditionnement.

Aux consommateurs assoiffés, il recommande la plus grande vigilance : tout sachet contenant un corps étranger même petit ne doit pas être bu. Pour juger de la qualité de l’eau, une petite astuce. En levant le sachet vers le soleil, ils pourront voir si l’eau est trouble et impropre à la consommation. On y voit plus clair sous le chaud soleil d’Abidjan.

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