Réconciliation et justice : le paradoxe du discours d’Alassane Ouattara

9 août 2011

Réconciliation et justice : le paradoxe du discours d’Alassane Ouattara

 

Que cache l’appel d’Alassane Ouattara ce 7 Août ?

« Rentrez de votre exile il ne vous arrivera rien. Je m’engage à garantir la sécurité de chaque Ivoirien ». Cette phrase les Ivoiriens l’entendent depuis le 11 avril 2011 mais loin de les rassurer elle plonge le peuple dans une peur totale. Pendant qu’Alassane Ouattara appelle au retour des exilés il crée en Côte d’Ivoire le lit de la répression et de la vengeance justicière. Comment peut-on appeler d’une même bouche à la réconciliation, au pardon, à l’unité et utiliser cette même bouche pour sévir ? Difficile pour de nombreux Ivoiriens pro-gbagbo ou pro-ouattara de comprendre l’esprit de cette réconciliation voulu par le Chef de l’Etat ! Hermann Aboua journaliste Ivoirien dans les geôles de la gendarmerie nationale était bien en exile. Prenant pour argent comptant les déclarations du chef de l’Etat il est revenu de sa cavale. Le sort qui l’attendait était digne d’un pays qui veut aller à l’unité. Le jeune homme s’est retrouvé en prison ! Peut-être bien que c’est là que le Président Ouattara pourra lui assurer une meilleure sécurité : qui sait ? S’il faut appeler au retour et jeter les uns et les autres en prison cela ne vaut pas la peine de retourner en Côte d’Ivoire. Pire pendant que la Côte d’Ivoire célèbre le 51ème anniversaire de son indépendance avec un discours plein d’assurance à l’endroit de l’opposition, des mandats d’arrêt sont lancé contre les anciens caciques du régime de la refondation.

Ces mandats d’arrêt sont relatifs aux infractions économiques et viennent s’ajouter à ceux adressés aux autorités judiciaires des pays membres de la CEDEAO, de la France, du Canada, de la Suisse, du Brésil, d’Israël et de l’Italie. Comme ces derniers cités, ces mandats d’arrêts internationaux sont accompagnés de commissions rogatoires avec pour objet d’identifier les biens, meubles et immeubles appartenant aux personnes mises en cause dans l’enquête, rendre indisponible lesdits biens et geler les avoirs des personnes indexées. Quand on n’a pas d’argent en exile certainement que notre processus de retour s’accélère mais quand on a une épée de Damoclès qui plane sur la tête on n’est pas vraiment pressé de rentrer au pays. Soit on laisse de côté la réconciliation pour juger tout le monde, soit on se réconcilie et on laisse de côté la vengeance justicière ! Le Président Ouattara a sans doute trouvé une formule correcte pour dire « rentrer de votre exile pour que je vous mette en prison ? » mais au fond elle passe mal surtout quand on se veut héritier de BOIGNY. En ce qui concerne les infractions relatives à la sureté de l’Etat, le procureur Simplice Kouadio a annoncé qu’un mandat d’arrêt a été lancé au plan national contre KONE Malachie, ce fameux pasteur dont les prétendues prophéties sèment le trouble au sein de la population. Au chapitre des crimes de sang, une équipe de médecins légistes séjourne depuis le 3 août dans la ville de Daoukro au centre-est du pays pour examiner les corps de 6 personnes tuées pendant les évènements. Une équipe d’enquête composée de magistrats du Parquet et d’officier de Police judiciaire, des services de Gendarmerie et de Police se rendra incessamment dans cette locale symbole de la contestation contre le régime de Laurent Gbagbo en vu d’entendre les ayants-droits des personnes décédées et de procéder également à l’identification et à l’audition des autres victimes, des éventuels mis en cause et de tout autres sachant a indiqué le Procureur de la République. Concernant la cellule spéciale d’enquête, il a indiqué qu’à la date du jeudi 4 juin 201, 405 personnes ont été reçues et entendues.

La vie de la Côte d’Ivoire est rythmée par un appel hypocrite à la réconciliation en surface et un sentiment de vengeance en dessous qui représente malheureusement la masse la plus importante de cet iceberg de rancune amassé en trois mois de crise. Si en Afrique du Sud pendant que Nelson Mandela parlait de paix et de réconciliation entre Blancs et Noirs il avait fait appel au CPI pour juger les crimes des oppresseurs blancs, il est fort probable que son pays aurait consacré une autre forme d’apartheid celle des noirs sur les blancs : tâchons d’y réfléchir.

SUY Kahofi

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Commentaires

Boss Alino
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Sujet intéressant.
Le journaliste observateur que tu es, dois faire une différence entre la justice du vainqueur et la justice d'un état. Toute guerre sur cette terre à toujours été suivi d'une justice du vainqueur le pourcentage varie de 90 contre 10 ou 60 contre 40. ces chiffres pour te dire que celui qui gagne la guerre est un défenseur des droits, celui qui perd est un bafouilleur des droits. Le vainqueur condamnera des têtes de turques de son camp mais jamais les têtes de taureaux quelques soit la justice la plus sensée ou objective qu'il proclame. Donc rentre dans l'histoire en apprenant que le voleur s'il est à la place du juge il accusera le juge de quelque chose pour le condamner.

leçon: on ne fait pas la guerre pour montrer qu'on un homme mais pour montrer qu'on est un vainqueur. le vainqueur c'est celui qui juge et le garçon c'est celui qui perd ou gagne.
tu vois un peu la différence...