Côte d’Ivoire – Lybie : deux poudrières éventrées !

9 juin 2011

Côte d’Ivoire – Lybie : deux poudrières éventrées !

 

Où iront toutes ces armes demain ?

« Que deviendront les armes de Laurent Gbagbo et de Kadhafi ? » Voici la question autour de laquelle je me suis retrouvé ce mercredi soir avec un ancien Lieutenant-colonel de l’armée Ivoirienne. Pour respecter son choix de garder l’anonymat nous l’appellerons A.M. A la retraite, l’homme vit grâce à des revenus qu’il tire de contrat-conseil auprès des entreprises de sécurité. Sa spécialité : les armes et leurs circulations et voici une dizaine d’années qu’il s’est principalement intéressé aux armes du pacte de Varsovie. Plus facile à transporter, en quantité importante sur la surface de la terre et surtout plus dangereuses, les armes du bloc soviétique continuent d’être vendues au marché noir malgré que certaines aient été prohibées depuis la fin de la 2ème guerre mondiale. C’est malheureusement ces engins de mort qui se retrouvent dans la nature en Côte d’Ivoire et en Lybie. « On parle d’une importante quantité d’armes en Côte d’Ivoire et bien en Lybie le mot à utiliser sera quantité astronomique ! » affirme A.M. Comme Kadhafi et Gbagbo, la passion des achats d’armes habite de nombreux chefs d’Etats africains. Malheureusement en cas de coup d’Etat ou d’instabilité ces armes deviennent un sérieux problème. « Quand il y a un KO total les armes on ne sait par quel miracle sortent des entrepôts et des poudrières. Pour des besoins de victoires on arme des prisonniers, des gamins et même des civils ! Quand le calme revient, de nombreuses armes de dotation appartenant à des armées régulières manquent à l’appel. C’est aujourd’hui le cas en Lybie et en Côte d’Ivoire » nous explique A.M.

Alors mon colonel, quand les armes se retrouvent dans la nature, que deviennent-elles ? « C’est ce que j’appelle la guerre après la guerre. Les armes dans la nature ont généralement deux destinations : soit elles atterrissent sur le terrain d’autres conflits ou elles sont détruites. Si elles sont détruites, le citoyen peut dormir tranquille mais dans le cas contraire c’est ‘’bonjour les ennuis’’ ». Que deviendront donc les armes de Laurent Gbagbo ? « L’Afrique de l’ouest est encore une zone instable et la Côte d’Ivoire en fait parti. Les armes légères (lance roquettes, pistolets, fusil d’assaut ou de précision) des stocks de l’ancien Président peuvent ravitailler les gangs de braqueurs, les mercenaires libériens qui refusent le climat de répression des nouvelles autorités de Monrovia, les trafiquants de drogue bissau-guinéen et même les rebelles casamançais ! C’est possible car les armes voyagent dans certaines filières clandestines plus rapidement qu’on pourrait le penser ». Quand aux armes de Kadhafi elles prendront une destination qui inquiète A.M. « Kadhafi a tellement d’armes que je suis sûr que des centaines d’armes légères et même d’armes lourdes sont déjà hors de son vaste pays. Il y a déjà des preneurs : Al Qaïda au Maghreb pourrait se réjouir de recevoir les missiles portables SA7, SAM7 ou AT3 SAGER pour toucher au vol les aéronefs français qui les traquent, les RPG9 et surtout cette quantité insoupçonnable de munitions diverses peuvent aussi faire l’affaire des séparatistes sahraouis du Maroc » nous explique A.M. Comment faire face à ce voyage macabre des engins de mort hérités de la crise Ivoirienne et du conflit libyen ? « La circulation des armes légères n’est pas seulement une affaire d’Ivoiriens et de Libyens : elle concerne toute l’Afrique du nord et de l’ouest. Par exemple avec les armes en Lybie ; AQMI menace tous les pays de l’Afrique sahélienne. Si on ne traque pas ces armes elles feront encore plus de dégâts et plus d’otages. Dans le cas de la Côte d’Ivoire je vous demande de tourner votre regard vers l’ouest du pays où malgré la chute de Gbagbo les armes continuent toujours de tonner ».

Le Lieutenant-colonel A.M nous dira que pour plus d’efficacité dans la traque de ces armes, des opérations inter-armées peuvent être mise sur pied ou, dans le cas de la Côte d’Ivoire une opération inter-mission MINUL/ONUCI pourrait aider les autorités Ivoiriennes et Libériennes à se débarrasser des armes. Il nous dira pour finir que la meilleure chasse aux armes légères se fait aussi avec les ex-combattants et les populations car ils sont « les premiers témoins des déplacements de ces armes ».

Suy Kahofi

Partagez

Commentaires

JEAN BAPTISTE KOUADIO
Répondre

suy,
C'est un débat qui est plus vieux que vous certainement. Je voudrais vous rappellez ceci un pays est puissant non seulement parce qu'il est développé mais aussi parce qu'il a des armes. Toutes les bases militaires françaises et americaines sont remplit d'armes dont vous ne pouvez pas imaginer leurs capacités de nuisance.
Si les pays développés ne s'attaquent pas entre eux c'est parce qu'ils savent qui dispose de quoi et qui est capable quoi. Que diriez vous des occidentaux qui distribuent des mllier d'armes aux rebelles libyen, yemenite et autres ?

Kahofi SUY
Répondre

La solution serait donc que les pays dit pauvres apprennent à moins faire la guerre pour que les armes qui ne servent pas aux riches ne finissent pas entre nos mains!