Guillaume Soro : La Voix(e) du Nord
Elu l’homme de l’année en 1997 par le quotidien gouvernemental Ivoir’Soir, SORO Guillaume peut-être aujourd’hui considéré comme l’homme de la décennie en Côte d’Ivoire. Ses excellents états à la tête des Forces Nouvelles et surtout du gouvernement Ivoirien le place largement au-dessus de plusieurs leaders de son âge et même certains de générations antérieures. On ne sait par quel miracle l’ancien secrétaire général de la FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) est devenu un fin stratège politique au point de tenir tête au boulanger d’Abidjan qui était aussi son ‘’père spirituel’’. Il entre désormais dans le panthéon des figures politiques Ivoiriennes avec le titre de l’homme qui a mis fin à la plus grave crise que le pays ait connu depuis son indépendance. Aujourd’hui à la tête du gouvernement d’Alassane Ouattara, il ne pourra donc pas jouir d’une retraite anticipée comme il l’a toujours souhaité. Le grand nord ne verra pas de si tôt l’enfant de Kofiplé : la Côte d’Ivoire a encore besoin de celui qui se voyait déjà député à Diawala !
Soro Guillaume : Gbagbo Laurent light ?
Dans son parcours politique, Laurent Gbagbo aura eu deux ‘’enfants’’ : Soro Guillaume et Charles Blé Goudé. A voir ces deux ‘’enfants’’ diamétralement opposés dans leur manière d’être on arrive à se poser une question. Laurent Gbagbo est-il un mélange de Soro Guillaume, fin bureaucrate, chef militaire et de Charles Blé Goudé, bouillant leader de la rue arborant mal le costume d’homme d’Etat ? La réponse serait OUI avec la précision, ‘’chacun aura pris une facette du père’’. La brouille entre Laurent Gbagbo et Soro Guillaume ne date pas des évènements de 2002. Soro a décidé de voler de ses propres ailes depuis 1998, année où il quitte la FESCI après un second mandat. Laurent Gbagbo ayant une main mise totale sur la FESCI n’accepte pas les reformes démocratiques voulues par Soro pour accéder à la fonction de SG de la FESCI. A part une brève apparition aux côtés de Mme Dagri Diabaté à Port-Bouët on ne verra plus Soro sur le devant de la scène. Il se signale en 2002 à la tête de la branche politique de la rébellion et arrive à évincer le sergent-chef IB. Il fédère tous les mouvements rebelles du nord et de l’ouest sous la bannière des Forces Nouvelles. Son retour en politique fait de lui l’un des plus jeunes ministres d’Etat de la Côte d’Ivoire indépendante et le plus jeune Premier Ministre du pays. Là où les jeunes patriotes ont donné des céphalées à Seydou Diarra et Charles Konan Banny, Soro a trouvé la parade pour réussir et réussir même au-delà des attentes du peuple. On l’aime ou on ne l’aime pas, on reconnaitra son rôle décisif dans le retour de la démocratie en Côte d’Ivoire. Imaginez-vous un seul instant que Soro ait accepté de suivre Laurent Gbagbo avec ses hommes ? Certainement que le pays serait morcelé en petits royaumes où des chefs de guerre pro-gbagbo et prro-ouattara continuaient de se battre ! Sa voix(e) a fait basculer les élections en faveur de l’un des deux candidats.
Son plus grand chantier : la réunification de l’armée
‘’Le miracle Soro’’ est à salué certes mais à la lumière des dernières réalités de la crise Ivoirienne on est en droit de se demander si le plus difficile pour lui ne commence pas maintenant. Le chantier de la réunification de l’armée est une entreprise titanesque car entre les appels d’Alassane Ouattara au retour des ex-FDS et le comportement de certains FRCI il y a un paradoxe. J’en veux pour preuve les menaces de ce jeune élément des FRCI à Toumodi qui jugeant un passager par sa forme a conclu qu’il était gendarme ! Alertés, ses autres collègues ont réclamé la peau du ‘’gendarme de gbagbo’’ avant de se raviser. Ma carte de presse et celle d’un collègue de la presse nationale ont découragé ces jeunes gens ivres au pire même drogués ! « Comment avec ce genre d’attitude on peut parler de réunification de l’armée » avait souligné un passager. Dans une armée embryonnaire marquée par l’indiscipline et le manque d’hiérarchie réelle comment fédérer des hommes (FDS) formés aux métiers des armes et des combattants, la plus part illettrés et formés en brousse ? Comment contenter aussi ses nouveaux commandants de zone qui se voient tous en chef d’Etat major ? Ces ‘’petits’’ rois de la kalachnikov accepteront-ils de se mettre sous les ordres d’un ex-général des FDS ? L’armée n’étant pas un espace fait pour la reconnaissance politique, Soro pourra-t-il convaincre ses ‘’MDL’’ de déposer les armes et de retourner à leurs wôrô-wôrô et autres gbakas ? Voici de nombreuses questions auxquelles le Premier Ministre doit répondre.
Suy Kahofi
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