Abidjan : quand la Licorne sert les missiles sur un plateau d’argent

8 avril 2011

Abidjan : quand la Licorne sert les missiles sur un plateau d’argent

 

La licorne agit belle et bien sous mandat onusien

J’ai pris le temps d’écouter les nombreux commentaires sur le bien fondé de l’intervention de la Force Licorne à Abidjan il y a quelques jours et je dois dire que l’émotion et les analyses hâtives sont le fort de certains intellectuels africains. Ces derniers n’ont que pour seuls mots à la bouche néocolonialisme, ingérence, dictat occidental et j’en passe. Le gros verbiage inutile de nos universitaires là où tout un peuple souffre depuis quatre mois de l’entêtement politique d’un pseudo-démocrate qui fait miroiter monts et merveilles depuis huit ans. Ceux qui suivent l’actualité ivoirienne et la scrutent à la loupe savent dans quel contexte les frappes de l’ONU sont intervenues. Depuis quatre mois le monde entier sait que les troupes fidèles à Laurent Gbagbo tuent impunément à Abobo malgré les appels de l’ONU et des humanitaires. Le monde entier sait que des obus de Gbagbo atterrissent sur des marchés, les amis socialistes de Gbagbo savent que leur copain ordonne des tirs de mitrailleuses lourdes sur des manifestantes aux mains nues, les intellectuels africains savent que des crimes à caractère religieux ou ethnique ont été perpétré par des milices pro-gbagbo…la liste des violations des droits les plus élémentaires de la personne humaine est longue et les choses se sont prolongées même avec l’offensive des FRCI. Les troupes onusiennes en mission de protection des civils à Abidjan ont essuyé à plusieurs reprises des tirs des Forces Spéciales du camp Gbagbo : RTI jeudi 31 mars 19 h, 2 avril camp de gendarmerie d’Agban, Plateau bloc ministériel et cocody où cinq éléments des FDS ont été touchés, 3 avril des tirs atteignent le quartier général de l’ONUCI à Sébroko : de nombreuses balles atterrissent dans le bureau de Mr YJ Choi et dans les studios d’ONUCI Fm, ce même jour (3 avril) vers 17 heures, un char de combat a pris position dans un camp militaire donnant sur le siège de l’ONUCI et des obus dirigés contre la Mission ont atterri dans le quartier populaire d’Attecoubé constituant une menace directe contre les populations civiles.

A-t-on besoin d’un portrait supplémentaire pour comprendre que les troupes de Laurent Gbagbo avaient l’intention de nuire ? Je crois que non ! Ceux qui s’exhibent en évoquant une ingérence de la France ne sont pas ceux que la faim malmène à Abidjan en ce moment, ils ne sentent pas l’odeur des corps en putréfaction, ils ne dorment pas sans prendre un bain comme plusieurs abidjanais aujourd’hui, ils ne passent pas des nuits blanches à espérer qu’un obus ne vienne tuer un enfant…voici pourquoi ils ne peuvent pas saluer les frappes de la Licorne. De nombreuses poudrières, tanks et mortiers ont été détruits par les missiles français. Même avec ces frappes Laurent Gbagbo dispose encore d’armes lourdes pour défendre son domicile et les T40 qui gardent sa forteresse sont la preuve qu’un autre bombardement de l’ONUCI et de la Licorne s’impose. Les forces spéciales de Laurent Gbagbo se battent toujours avec des armes lourdes et les snippers embusqués empêchent les agents de la Croix Rouge d’enlever les corps en putréfaction qui jonchent les rues d’Abidjan. Rien de l’arsenal de guerre de Laurent Gbagbo n’a été touché et ses hommes se battent toujours, plus équipés et regroupés grâce au faux cessez-le-feu qu’ils ont négocié pour rouler les FRCI dans la farine. La France n’a pas agit de son propre chef : elle intervient sous mandat onusien à la demande du secrétaire général de l’ONU. Alors pour ceux qui analysent les frappes françaises en ayant en cœur les luttes coloniales ou la traite négrière, sachez que vous vous trompez de réalité. Je trouve que ces frappes sont arrivées bien tard et après de nombreuses victimes. L’ONUCI et la Licorne l’auraient fait il y a une semaine que le camp Gbagbo aurait capitulé ou plutôt négocié avec moins d’arrogance. Aujourd’hui les mercenaires pro-gbagbo s’attaquent aux domiciles des ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire sans que quelqu’un ne s’indigne. Quand l’ONUCI ou la Licorne agiront sous le chapitre 7 des Nations Unies pour stopper ces nouvelles violences, d’autres diront qu’il s’agit encore d’ingérence comme si préserver la vie d’un homme ne pouvait pas justifier l’ingérence d’un Etat dans les problèmes internes d’un autre. Je vous laisse avec cette question : qui d’entre vous osera abandonner un enfant entre les mains de sa mère quand cette dernière est en train de le battre à mort ? Je suis sûr que chacun ira secourir cet enfant sans qu’il ne se pose la question de savoir s’il n’est pas en train de s’ingérer dans un problème familiale !

Suy Kahofi

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