Coup de théâtre à Abidjan : le camp Gbagbo appelle au cessez le feu
On pourrait bien en rire s’il ne s’agissait pas de vies humaines engagées dans la crise post-électorale que connait la Côte d’Ivoire. L’appel au cessez-le-feu immédiat du camp Gbagbo a certainement surpris bon nombre d’Ivoiriens. Le camp ‘’des garçons’’ qui semblait jusque là insensible aux appels de la Communauté Internationale et de l’ONUCI a opéré un toilettage très rapide de son vocabulaire. Le discours fait de menaces et de prise de positions guerrières a vite laissé la place à un appel plein de tendresse au calme et à la retenue. C’est d’une voix plaintive, pour ne pas dire la larme à l’œil que le sieur Ahoua Don Mélo le porte-parole du gouvernement Aké N’Gbo au micro de TV5 a fait passer son régime pour la victime du camp Ouattara. « Je crois qu’aujourd’hui toute la Communauté Internationale voit que les rebelles sont lourdement armés et qu’ils attaquent partout où ils passent avec des morts, des pillages…Nous pensons que la force conduira forcément à l’impasse et que le dialogue nous sortira de l’impasse. Et donc nous appelons à un cessez-le-feu et nous souhaitons que le cadre de dialogue tracé par l’Union Africaine puisse s’ouvrir dans les plus bref délais ».
Le tigre d’hier c’est métamorphosé en chat devant l’avancée des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire qui ont fait tordre la ligne de front. La question que l’on se pose est de savoir pourquoi de tels propos n’ont jamais été tenus par le camp Gbagbo ? En lieu et place des obus sur Abobo on aurait bien pu commencer par là ! Au lieu de parler de guerre civile au nez et à la barbe de l’UA à Addis-Abeba, pourquoi n’avons-nous pas appelé au dialogue ? Connaissant les attitudes du club des boulangers, les pro-ouattara interrogés croient qu’il s’agit d’une autre stratégie pour tuer le temps (à la Kadhafi) en vue de lancer une contre-offensive. Dans son intervention si Ahoua Don Mélo souligne que le camp Gbagbo s’inscrit dans la logique de la feuille de route de l’UA préconisant un dialogue les 4 et 6 avril, il ne manque pas de lancer ce semblant d’ultimatum qui trahi la bonne foi des pro-gbagbo. « Nous utiliserons notre droit de légitime défense si les négociations échouent et nous le feront en temps opportun » a-t-il déclaré. On attend donc de voir les MI 24 et les Sukhoï de l’opération dignité voler de nouveau pour stopper l’avancée des FRCI. Le camp Gbagbo peut encore compter sur la garde prétorienne et les unités spéciales qui leur restent fidèle pour renverser la vapeur mais face à des hommes qui végètent dans la reconquête d’Abobo, on se demande bien ce qui reste du courage du valeureux régiment. Au cours de son intervention, l’ONUCI qui est le cure dents* du LMP a eu sa dose de salves verbales de la part d’Ahoua Dom Mélo (comme d’habitude) : on reproche à la Mission d’appuyer l’avancée des FRCI et de leur apporter un soutien tactique. La crise post-électorale Ivoirienne connait un autre rebondissement avec une interrogation à la clé : peut-on encore trouver une issue pacifique à cette crise ? Pour l’ivoirien de tous les jours, l’issue semble être plus que jamais entre les mains de Dieu !
*Etre le cure dents de : expression extrait du français familier ivoirien; exprime l’idée qu’un homme soit la bête de foire ou le dépotoir à injures d’une autre personne
RAPPEL DESORMAIS QUOTIDIEN
59 jours de détention arbitraire à la MACA pour nos amis et confrères Sanogo Aboubakar dit Abou Sanogo et Kangbé Yayoro Charles Lopez dit Gnahoré Charly de Télévision Notre Patrie (TVNP) accusés sans preuves d’atteinte à la sureté de l’Etat.
Au nom de la liberté de la presse nous ne les oublions pas et nous pensons également à tous les journalistes et hommes de médias exilés et ceux privés d’exercer librement !
Suy Kahofi
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