La jeunesse ivoirienne se prononce sur l’immigration

22 février 2011

La jeunesse ivoirienne se prononce sur l’immigration

 

Les candidats à l’immigration sont toujours plus nombreux

La France, les USA, le Canada, l’Allemagne, l’Espagne…voici des pays qui font rêver de nombreux jeunes africains et aussi de nombreux jeunes Ivoiriens. Chacun veut se rendre dans ces pays et revenir chaque vacance avec des billets de dollars ou d’euros en poche. Ce rêve est omniprésent dans le cœur des jeunes Ivoiriens dans la mesure où des amis du quartier ou de classe vivent déjà en occident et sont arrivés à construire au pays et monter des business assez rentables. Mais la réalité de l’immigration est aussi connue par les jeunes Ivoiriens : tout le monde n’arrive pas à fouler le sol de Ceuta ou de la Sicile. Alors jusqu’où les jeunes Ivoiriens sont prêts à aller pour immigrer ? Voici ce que certains d’entre eux pensent.

« Je veux certes étudier en Europe mais je préfère m’y rendre de façon légale. Un visa en règle et tous mes papiers en ma possession. La traversée par pirogue ou dans un train d’atterrissage ça ne me tente pas » déclare Kouamé Oscar étudiant en année de licence. Pour le jeune homme les diplômes obtenus outre mer ont plus de valeur de ceux obtenus en Côte d’Ivoire. Il soutient que l’immigration n’est pas mauvaise mais la question à se poser avant de se lancer est la suivante : qu’est ce que je vais chercher en occident ? En effet de nombreux jeunes gens qui rêvent d’une vie meilleure en France ou aux USA ont une idée à peine précise de ce pourquoi ils veulent immigrer. « Je veux aller ‘’me chercher’’ » affirme Serges Koué Bi avant de conclure « il n’y a plus d’opportunités dans ce pays ! La seule vie que nos dirigeants nous offrent c’est la violence, la guerre et la misère ». Quitter la Côte d’Ivoire sans diplômes, ni qualification aucune pour vivre quelle vie en occident ? Voici la réponse d’un jeune homme qui se dit candidat déclaré à l’immigration. « Je préfère laver les assiettes ou vider des poubelles dans un pays européen que rester ici » déclare Atta Bilé un autre jeune de yopougon, le quartier où nous menons notre petite enquête. Fuir la misère, les difficultés économiques et le manque d’emploi, voici la sempiternelle rhétorique des candidats à l’immigration. A force d’entendre ces plaintes le doyen Basile Blé de yopougon SICOGI pense que les jeunes Ivoiriens veulent immigrer pour une question de frime. « Tout ce que les enfants racontent est pur mensonge ! Ils veulent simplement immigrer pour faire le malin, dire que je vis aussi en Belgique ou en Suisse, revenir au quartier pour dépenser sans compter et rouler la mécanique pour afficher sa réussite. Voici pourquoi le jeune Ivoirien veut immigrer ». A la question de savoir si la crise n’est pas aussi à l’origine de ce désire de quitter la Côte d’Ivoire, la réaction de Mr Ouaraga se passe de commentaire. « Malgré la crise les jeunes des pays frontaliers continuent de venir ici en quantité. Ces derniers réussissent ici en vendant de l’attiéké ou des portables. Alors pourquoi nos jeunes ne réussissent pas dans leurs propres pays ? ». Les candidats à l’immigration bien qu’informés des dangers liés à leur voyage sans retour, ne semblent pas être inquiétés par ces dangers. « Qui ne risque rien n’a jamais rien ! » affirme avec assurance Issiaka un jeune mécanicien qui semble connaître par cœur les tracés de l’immigration clandestine en Afrique. Alors qu’est ce qui pousse les jeunes à avoir une assurance aussi ferme en une réussite par l’immigration ? Pélagie Douzou croit avoir la réponse. « Quand nos frères benguistes* reviennent de bengué*, ils préfèrent prêcher la belle vie et camoufler leurs difficultés. Jamais ils n’ont de problèmes, jamais ils n’ont été traqués par la police, jamais ils n’ont eu faim…Si ceux qui revenaient avaient le courage de dire la vérité sur la vie difficile qu’ils menaient, le nombre de candidats à l’immigration allaient considérablement baisser ».

Alors face à ce fléau, Koffi Hilaire un jeune vendeur de véhicule d’occasion lance un appel aux jeunes ivoiriens. « Il y a des opportunités en Afrique et dans notre pays. Personne ne viendra développer ce continent et ce pays à notre place. Alors j’invite mes frères à se lancer dans l’auto emploi et créer des PME. Il est préférable de gagner sa vie ici en toute liberté que de vivre la peur au ventre et gagner sa vie pratiquement comme un esclave en occident ! ».

Benguiste : immigrants vivant en occident (argot ivoirien)

Bengue : La France et par extension les pays occidentaux (argot ivoirien)

RAPPEL DESORMAIS QUOTIDIEN


Voici 23 Jours que nos amis et confrères Sanogo Aboubakar dit Abou Sanogo et Kangbé Yayoro Charles Lopez dit Gnahoré Charly de Télévision Notre Patrie (TVNP) sont arbitrairement détenus à la MACA.

Au nom de la liberté de la presse nous ne les oublions pas !

Suy Kahofi

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Commentaires

NathyK
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Même rhétorique dans presque tous nos pays d'Afrique ! Mais qd mm la crise a aussi à y voir. Les sud-africains par exemple n' immigrent pas tant que ça car leur pays leur offrir bcp de possibilités sur un plateau d'or et parfois les candidats nationaux n'ont même pas le niveau du poste auquel ils postulent mais ils sont tout de même embauchés. Généralement, ils ont tendance à revenir ds leur pays après un voyage outre-mer.
Je crois que la solution des PME est brillante, il faut déjà cultiver cet esprit de leadership et d'entreprenariat, pense grand, et avoir des qualités comme la foi, la persévérance, la patience... Ce que les jeunes africains n'ont pas toujours. On attend encore tout du gouvernement ou alors on cherche à devenir riche assez rapidement ou on se contente de petits boulots pouvant assurer tout au moins la "survie" de la famille.