Appel à la grève général : un mouvement suivi dans les transports

29 décembre 2010

Appel à la grève général : un mouvement suivi dans les transports

Rares sont les gbakas et wôrô-wôrô qui circulent à Abidjan

Il y a quelques jours Guillaume Soro, le premier ministre du gouvernement du Docteur Alassane Ouattara invitait tous les Ivoiriens à la grève générale pour ne pas dire une désobéissance civile. Si à l’origine le mouvement semblait peu suivi, ces dernières 48 heures le mouvement semble prendre de plus en plus de l’ampleur surtout dans le transport. En effet plusieurs communes d’Abidjan et de la Côte d’Ivoire tournent au ralenti à cause d’un manque important de véhicule assurant le transport inter-urbain. Yopougon, Koumassi et Abobo sont des quartiers de la capitale où l’on a noté une forte perturbation dans les transports. « Depuis ce matin nous sommes à la gare de wôrô-wôrô (taxi communaux) et après deux heures d’attente nous n’avons pas encore vu un seul taxi » s’indigne une commerçante de Yopougon qui doit rallier le marché d’Adjamé. A Bondoukou, Odienné, Bouaké, Man, San Pédro et Yamoussoukro rares sont les cars de voyage qui ont quitté la ville depuis une semaine. Les camions bourrés de vivres ne peuvent pas regagner Abidjan car personne ne veut prendre le risque de s’aventurer sur une route sans sécurité. Assiaka Koné est membre d’un syndicat de transporteur il nous donne les raisons de se débrayage. « Nous savons que sans transport il n’y a pas de vie économique dans ce pays. Nous demandons pardon aux Ivoiriens mais qu’ils fassent l’effort de nous comprendre. Lorsque vous remplissez un car, toute votre recette est utilisée pour des frais de route : l’argent est versé aux nombreux barrages et check-points. Nous ne pouvons plus continuer de travailler dans ces conditions. Nous attendons que la situation du pays s’arrange pour que nous puissions retourner travailler ». Les usagers sont gagnés par le découragement et ne cachent pas leur indignation. « Dans tout ça c’est le peuple qui souffre ! Nous sommes obligés de marcher sur des kilomètres pour faire nos courses ou même nous rendre au travail ! C’est difficile il faut que le pays retrouve sa stabilité » souligne Kouamé Oscar enseignant.

Alors que le peuple souffre des conséquences de la crise post-électorale, les positions au plan politique se durcissent. Si de son côté le gouvernement Aké N’gbo menace de renvoyer les ambassadeurs de certains pays accrédités en Côte d’Ivoire, le gouvernement Soro menace quant à lui tous les fonctionnaires qui « collabore avec le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo ». Les populations Ivoiriennes sont plus que jamais prises en otage. Entre le marteau et l’enclume, il est difficile pour l’Ivoirien d’échapper aux humeurs des politiciens, des opérateurs économique et même des émissaires de l’UA et de la CEDEAO. En effet depuis le départ des trois présidents ouest-africains venus pour la médiation de la dernière chance, chacun retient son souffle. L’omerta sur les clauses des entretiens avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara jette une grande crainte dans le cœur des Ivoiriens. Les regards sont donc tournés vers Abuja où l’avenir immédiat de la sortie de crise se joue.

Suy Kahofi

Partagez

Commentaires