Le journalisme professionnel à l’épreuve des réseaux sociaux

7 juillet 2014

Le journalisme professionnel à l’épreuve des réseaux sociaux

Les journalistes doivent reconquérir internet
Les journalistes doivent reconquérir internet

De nombreux professionnels des médias soutiennent qu’internet symbolise une véritable révolution dans leur secteur d’activité. Dans les faits il symbolise un bénéfice énorme en termes de transfert de compétences. La connaissance s’est démocratisée grâce à internet ouvrant les portes sur un savoir emmagasiné dans un monde virtuel. Le web, c’est un gain énorme de temps dans l’exécution des tâches de production. Si hier le transfert d’une bande Nagra pouvait durer le temps d’un vol Paris – Abidjan, internet permet de transférer le contenu numérisé de cette même bande l’espace de quelques clics. Magique ! Bien fini, oui bien fini donc l’époque où les journalistes devaient rentrer de leurs longs voyages pour livrer leurs reportages !

En Côte d’Ivoire comme partout ailleurs, internet dans le sillage de son développement a attiré sur la toile mille et un utilisateurs présents pour une raison ou une autre. Hélas quelques-uns de ces utilisateurs ont commencé à toucher à une matière première assez sensible : l’information. Ces blogueurs et autres cyber activistes que l’on baptise aujourd’hui journaliste-citoyen ont vite fait d’inonder la toile. L’avènement de ce journalisme citoyen – à ne pas confondre avec le web journalisme – change automatiquement la donne de façon positive mais aussi négative. Chacun s’improvise chroniqueur, communicateur ou même journaliste grâce à un ordinateur, une clé internet, un Smartphone et une page hébergée par les nombreux réseaux sociaux que compte la toile. Les blogs et autres pages privées pullulent sur le web créant par moment un véritable flou pour le consommateur à la recherche d’informations crédibles. Les rumeurs se mêlent aux scoops inventés de toute pièce dans des salons et « balancés » sur le net pour reprendre une expression bien à la mode. On siphonne ici et là des brides d’information sur des sites professionnels puis on y ajoute son grain de sel sans aucune règle journalistique.

Au-delà, ces nouveaux faiseurs d’information n’hésitent pas à se présenter comme les communicateurs dont la société a le plus besoin face aux journalistes qu’ils traitent « de plumes à la solde des politiques, de personnes trop éloignées du vécu des  populations et friand de l’institutionnel ». Accusations fondées ou pas, en tout cas les journalistes citoyens marquent des points sur internet. Ils sont bien souvent les premiers à alerter l’opinion avec des analyses et commentaires, vidéos amateurs et alertes par images instantanées. Voici bien une réalité qui doit interpeller le journaliste professionnel. Il est vrai qu’aucun autre métier ne pourra se substituer au journalisme dans le traitement de l’information pure car collecter, sélectionner, traiter et diffuser l’information est un métier qui s’apprend. Il ne s’agit pas d’une science qui s’acquière simplement en s’asseyant devant un ordinateur ou simplement parce qu’on a la faculté de savoir associer des lettres pour former une phrase. Il appartient donc aux journalistes de s’adapter à leur métier qui est en constante évolution, de s’adapter surtout à la réalité d’internet.

La rapidité du web adaptée au journalisme risque de pénaliser le journalisme classique. Les contraintes éditoriales doivent être revisitées pour épouser cette nouvelle forme de communication car les journalistes professionnels doivent reconquérir les réseaux sociaux pour promouvoir l’information pure. Il faudra donc se recycler et évoluer vers une spécialisation de sorte que le journaliste soit incontournable sur la toile. Un style vivant, des phrases courtes et épouser la rapidité d’internet sans pour autant en amont oublier recouper l’information. Car c’est bien là la différence entre le professionnel de l’information et celui qui n’en est pas un. Le journaliste citoyen bien que permettant par moment de remonter l’information et de relayer des évènements en l’absence de journalistes professionnels ne doit pas s’improviser journaliste. Mais ces nouveaux faiseurs d’information ne le comprendront que seulement si les journalistes professionnels marquent leur présence sur les réseaux sociaux et internet de façon générale. C’est seulement à ce prix que les internautes pourront faire la différence entre les nombreuses rumeurs qui circulent sur le net et des informations crédibles proposées par des professionnels.

SUY Kahofi

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Commentaires

FBI
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Merci pour ce billet qui vient une fois de plus interpellé les professionnelles de l'information, à savoir les journalistes, sur leur manque de professionnalisme sur les réseaux sociaux où l’absence de ceux-ci. Cette phrase, tirée de ton article, doit faire prendre conscience aux uns et aux autres: "Le journaliste citoyen bien que permettant par moment de remonter l’information et de relayer des évènements en l’absence de journalistes professionnels ne doit pas s’improviser journaliste. Mais ces nouveaux faiseurs d’information ne le comprendront que seulement si les journalistes professionnels marquent leur présence sur les réseaux sociaux et internet de façon générale", dixit Suy. Voilà qui est clair !!! Désormais, que chacun connaisse sa place. A condition que les pro soient plus pro sur le web et les réseaux communautaires...

Kahofi SUY
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FBI, notre combat de journaliste-blogueur pour convaincre les autres confrères est donc important !

babethlizy
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C'est bien quand on débute de lire ce genre de billets. Qui rappellent les priorités et les objectifs qu'on doit se fixer à soi même de faire du vrai journalisme et non de la propagande.
C'est vrai que de plus en plus le désir d'être le premier à relayer l'information l'emporte sur l'investigation et la nécessité de donner l'information vraie.
C'est tellement facile de perdre sa crédibilité au milieu de ce flot d'infos et de parti pris...
Merci king. Me fauche pas hein.

Kahofi SUY
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Tu ne sera pas fauché...