11 juin 2014

Abidjan sous les flots

Abidjan a les pieds dans les eaux !
Abidjan a les pieds dans l’eau

Comme chaque année lors de la saison des pluies, la capitale économique ivoirienne se retrouve sous les eaux. Une situation qui occasionne des morts et d’importants dégâts matériels.

Aucun quartier d’Abidjan n’échappe aux inondations en ce mois de juin. Les pluies diluviennes qui s’abattent sur la ville menace chaque habitant. A la maison, au bureau ou en voiture, nul n’est à l’abri de cette eau de ruissellement qui rend impossible la circulation et entraîne sur son passage les bâtiments les moins stables. C’était un peu comme s’il n’y avait plus de voie d’écoulement pour cette eau qui, à défaut de se déverser dans la lagune, stagne sur les routes. En cause, l’urbanisation sauvage, l’obstruction par les populations des œuvres d’écoulement des eaux pluviales et leur mauvais entretien par les agences gouvernementales.

Une urbanisation sauvage qui coûte chère

Dans de nombreux quartiers des propriétaires immobiliers ont décidé de fouler aux pieds les règles les plus élémentaires d’urbanisme. Les parcelles des lots dédiées aux espaces verts ne sont pas respectées, pire les habitations sont par moment construites sur des caniveaux ou des zones dédiées aux buses. Du coup, des quartiers entiers se retrouvent sans caniveaux même dans des cités dites résidentielles ou chics. C’est le cas à Cocody, Riviera 2 et 3 où depuis ce mois de juin où les images de rues inondées sont visibles. Une urbanisation sauvage qui coûte chère puisque les rares caniveaux existants ne peuvent plus drainer les eaux de ruissellement.

« Ce n’est plus une question de quartiers précaires : nous subissons tous la montée des eaux parce que rien est fait pour l’entretien et le respect des voies d’écoulement d’eau », s’inquiète Alexandre Koffi, un riverain.

Lorsque les caniveaux existent, ceux-ci servent les intérêts des particuliers mais d’une drôle de manière. A Abobo et Adjamé par exemple, des riverains ont préféré ne pas construire de fausses septiques. Les tuyaux d’évacuation des sanitaires et cuisines sont directement raccordés aux caniveaux. Ils servent également de poubelle ou de zone de construction de baraques pour le petit commerce. Résultats, les eaux de pluies doivent se frayer un chemin pour atteindre les bassins de retenue d’eau avant la lagune.

« Lorsque les eaux de pluie, qui représentent un volume important de liquide, doivent se créer un chemin pour attendre la lagune on peut dire qu’elles opèrent un passage en force. Nous constatons ici et là des digues qui cèdent et des maisons qui sont littéralement détruites », nous explique un agent de l’Office National de l’Assainissement et du Drainage (ONAD).

L’eau devient un danger pour les populations et les infrastructures publiques. C’est le cas du carrefour de l’Indénié, situé dans le bassin du guru entre les quartiers du Plateau, d’Adjamé et de Cocody. Bien que des bassins de retenue d’eau existent aux alentours du carrefour, les inondations sont quasi perpétuelles ! En cause le manque d’entretien. Le sable et les ordures qui se sont déposés dans les bassins d’une profondeur de 5m n’ont pas été enlevés avant la saison des pluies. Les décanteurs sont obstrués et les bassins de stabilisation ne peuvent plus contenir les eaux de ruissellement. Pourtant les travaux de réaménagement du bassin du guru, exécutés par l’entreprise de Travaux Publics FRANZETTI-CI, ont duré six mois et coûté 1,5 milliard de francs CFA. Un financement de la Banque Mondiale qui n’a rien donné !

« Avec ces premières pluies du mois de juin on se rend compte que le gouvernement a fait du bruit pour rien. Le carrefour de l’Indénié est de nouveau impraticable, une situation qui va sans doute engendrer des embouteillages », se désole Diomandé Issouf, un chauffeur de taxi.

 

Apprendre à préparer la saison des pluies

Les années se succèdent et se ressemblent. Chaque année, le même constat: pluies diluviennes, morts et dégâts matériels. Pourtant, le gouvernement et les populations ne font pas l’effort de préparer la saison des pluies. Les travaux de curage à la belle saison n’existent pas et les populations préfèrent attendre les mairies pour assainir leur cadre de vie. A cela s’ajoute le mutisme du ministère de la Construction et de l’Urbanisme qui laisse pousser des quartiers dans les zones à risque pourtant clairement identifiées. La ville d’Abidjan compte au bas mot 75 zones à risque où vivent des populations que l’on déguerpit par moment sans mesures réelles de relogement.

En 365 jours, il y a forcément en Côte d’Ivoire une saison des pluies. Et il est préférable d’entreprendre des travaux de drainage avant l’arrivée des premières pluies. Il faut déboucher les caniveaux, entretenir les bassins de retenue, débarrasser la ville des dépotoirs sauvages et procéder à la libération des sites à risque. De telles activités nous éviterons de jouer au médecin après coup. La compassion du gouvernement aux victimes de Mossikro c’est bien mais éviter des morts c’est encore mieux.

SUY Kahofi

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Commentaires

A.B. Ladji Coulibaly
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Ca va aller. Après l'Emmergence, l'Immergence.

Kahofi SUY
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Comme quoi pour émerger il faut être sous les eaux !