VIH/SIDA : la Côte d’Ivoire vers l’objectif zéro

7 décembre 2013

VIH/SIDA : la Côte d’Ivoire vers l’objectif zéro

Tout commence par le dépistage
Tout commence par le dépistage

Zéro nouvelle infection, zéro décès, zéro stigmatisation voici les trois dimensions que l’Etat Ivoirien entend donner à son action contre le VIH-SIDA. La célébration officielle du 1er décembre a été l’occasion pour le Ministère en charge de la lutte contre le SIDA de se prononcer plus en détails sur cette orientation.

Au cours de la célébration officielle de cette journée, le ministre de la santé et de la lutte contre le SIDA, Raymonde Goudou Koffi est longuement revenu sur la nécessité pour les Ivoiriens d’adopter le réflexe du dépistage et de tuer en eux cet esprit de la stigmatisation envers les personnes infectées ou affectées par le VIH. En effet il est important pour l’ivoirien lambda de comprendre qu’aujourd’hui on peut vivre plus longtemps avec le virus dans le corps parce que des médicaments existent pour lutter contre la maladie. Ces médicaments agissent extrêmement bien même chez les femmes enceintes. Ainsi, lorsque le dépistage est fait suffisamment tôt, on ne s’expose plus à l’infection du VIH et en plus on peut se soigner parce que les ARV sont gratuits en Côte d’Ivoire.

Un traitement gratuit et disponible

Le traitement contre le VIH est disponible en Côte d’Ivoire pour tous. De la femme enceinte à l’adulte en passant par le traitement pédiatrique pour les enfants, chaque personne touchée par le VIH peut avoir accès à des soins gratuits. Au sujet du traitement contre le SIDA, le ministre Raymonde Goudou Koffi a pris le soin de s’attarder sur la problématique de l’accès au ARV. En effet des rumeurs ont longuement circulé sur une rupture des stocks des ARV en Côte d’Ivoire, information qui s’avère infondée.

« Les anti rétro-viraux en Côte d’Ivoire sont disponibles. Nous ne sommes pas en rupture je tiens à la répéter : il y a certes eu des incompréhensions à un moment donné mais je tiens à rassurer qu’il n’y pas de rupture » a-t-elle indiqué.

Bien que la Côte d’Ivoire dispose de stock d’ARV, le pays est crédité d’une couverture nationale de 47%. Ce taux est encore faible et il faut des efforts pour aller plus loin dans les efforts de prise en charge des malades. En termes de couverte PTME (prévention de la transmission mère enfant), le taux est toujours inférieur à 50%. Trois raisons peuvent expliquer en grande partie cette situation. Le taux d’abandon des malades, la stigmatisation et le manque d’information. Concernant ce dernier point, il faut comprendre clairement que bien que le SIDA soit une maladie « médiatique », très peu de personnes sont informées sur la maladie et les politiques de prise en charge. L’accès à l’information reste difficile pour les populations rurales or c’est dans ce milieu (majoritairement analphabète) que les préjugés sur le SIDA sont difficiles à combattre. Quand les centres de santé ne sont pas éloignés, le personnel local accorde très peu de place aux questions liées au SIDA parce que préoccupé par des problèmes quotidiens comme le paludisme ou la malnutrition infantile.

Le taux d’abandon s’explique quant à lui par le fait que de nombreux malades après le dépistage et souvent même le début de la prise des ARV ne reviennent plus vers les structures sanitaires. Ils ne suivent plus le traitement et courent le risque de développer la maladie ou d’infecter d’autres personnes. Pire leur attitude prive d’autres malades de l’accès aux médicaments. Et si le taux d’abandon et le manque d’information était liés à la stigmatisation ? Comment s’informer en toute discrétion sur la maladie sans courir le risque d’être toisé de « sidéen » à l’école ou dans le quartier ? Comment rallier le centre de santé pour récupérer ma dose mensuelle ou trimestrielle d’ARV sans susciter la méfiance de mes collègues ou de mes amis sur le campus ? Autant de questions qui éloignent de nombreux ivoiriens des centres de dépistage.

Zéro stigmatisation

2013 sous le signe Zéro stigmatisation trouve donc tout son sens dans le contexte ivoirien. Il y a du travail à faire pour que les malades du SIDA ne soient plus considérés comme des parias ou des pestiférés. Les mentalités doivent évoluer pour faire reculer la maladie qui selon les chiffres de ONU-SIDA à un taux de prévalence de 1,7% dans la population général. Il est cependant important de noter que des poches de résistance persistent dans les milieux des professionnels du sexe et des personnes vulnérables comme les prisonniers.

Désignation

Chiffres

Nombre de personnes vivant avec le VIH 450,000 [390,000 – 530,000]
Taux de prévalence chez les adultes de 15 à 49 ans 3.2% [2.8% – 3.8%]
Adultes âgés de 15 ans et plus vivant avec le VIH 390,000 [340,000 – 450,000]
Femmes âgées de 15 ans et plus vivant avec le VIH 220,000 [190,000 – 260,000]
Enfants âgés de 0 à 14 ans vivant avec le VIH 63,000 [53,000 – 74,000]
Décès dus au sida 31,000 [26,000 – 38,000]
Enfants rendus orphelins par le sida âgés de 0 à 17 ans 380,000 [340,000 – 440,000]

 

Malgré ces chiffres qui sont encore alarmants, il y a de l’espoir. Mais cet espoir, celui de faire reculer la maladie réside dans un engagement commun de tous les acteurs engagés dans la lutte.

« Nous sommes très confiant, nous avons confiance en l’avenir, nous avons confiance aux politiques, nous avons confiance en la société civile…Je pense que franchement si nous restons fidèles à notre vision (trois zéro NDLR) et que nous continuons la lutte dans vision, le SIDA sera un oublie » croit fermement Docteur Louis Ponzio coordonnateur pays ONU-SIDA.

A travers la célébration du 1er décembre, le Gouvernement et ses partenaires veulent rappeler à l’opinion publique que c’est ensemble que les Ivoiriens arriveront à faire reculer le SIDA. Aussi le mois de décembre doit être considéré comme celui de 30 jours d’activisme contre la maladie.

SUY Kahofi

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