« Lutte contre la vie chère » : nouvelle hausse du prix du carburant

Article : « Lutte contre la vie chère » : nouvelle hausse du prix du carburant
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4 janvier 2013

« Lutte contre la vie chère » : nouvelle hausse du prix du carburant

Le Super sans Plomb passe de 774 à 792 f CFA
Le Super sans Plomb passe de 774 à 792 f CFA

Voici un cadeau de nouvel an que les Ivoiriens auraient volontiers refusés. En effet le gouvernement Ivoirien vient de décider d’une nouvelle hausse sur le prix à la pompe du Super sans plomb et de la bouteille de gaz. La mesure annoncée le 2 janvier 2013 est déjà appliquée dans toutes les stations service de la ville d’Abidjan. C’est niveau de la station Shell de la Riviera III (carrefour 9 kilo) que nous sommes instruits des nouveaux prix en vigueur. Le prix du Super sans plomb passe de 774 à 792 f CFA. Pour le butane il faut désormais débourser 2000 f CFA pour la B6 qui était vendu à 1800 et 5200 pour la B12 vendue à 4000 f CFA.
Entre surprise pour certains et indignation pour les autres les ivoiriens se prononcent.

« On nous parle de lutte contre la vie chère et au lieu de faire chuter les prix, le gouvernement ne fait qu’augmenter le prix des produits de grande consommation »

affirme indigné Mr Souleymane opérateur économique qui affirme « qu’une telle hausse constatée à la pompe un 3 janvier n’est pas un cadeau de nouvel an digne pour des familles qui souffrent déjà ». « On nous a annoncé des pluies de milliards, là je crois que c’est une pluie de souffrance et certainement la faim que nous sommes en train de recevoir ! Pourquoi une telle hausse ? Les salaires ne sont pas augmentés et se sont les prix qui flambent ! » se demande Mr Konan cadre dans la fonction publique.

Drôle de lutte contre la vie chère !

La hausse touche directement les familles qui broient déjà du noir avec un phénomène de vie chère qui s’emble ne pas prendre fin. Les deux produits touchés par la hausse auront un impact sur le panier de la ménagère quand bien même le prix du gasoil reste stable à 615 pour le moment.

« Il faut déjà changer les habitudes au niveau de la circulation avec la voiture »

nous explique Mr Loua un père de famille. « Là je viens de mettre au garage mon deuxième véhicule pour privilégier la familiale qui consomme moins. Ceux qui n’ont pas un deuxième choix devront soit se rabattre sur les transports en commun ou revoir leurs habitudes de consommation du carburant » conclu notre interlocuteur. Sur la hausse du prix du gaz butane se sont les femmes qui les premières se plaignent. « Vous voyez combien de fois les femmes Ivoiriennes souffrent pour faire manger leurs familles ? Leur demander de retirer 1200 f CFA de leurs prévisions en vivre pour acheter le gaz ça devient encore plus compliqué. Tout est cher sur le marché et cette allure on ne va pas s’en sortir ! » avance dépitée Mme Koné Djénéba. « Je ne sais pas si ceux qui augmentent les prix mangent chez eux mais si ça continue nous irons partager le repas de midi du Chef de l’Etat au Plateau ! » nous lance agacé Mme Lou Pauline avant de conclure que « ce régime nous a promis que d’ici le premier trimestre 2013 les prix seraient totalement maîtrises sur le marché. A peine l’année commence que les femmes doivent de nouveau souffrir pour nourrir leurs familles ! Où allons-nous ? » se demande la mère de famille.
De façon générale, il n’y a pas que les consommateurs qui ont été surpris par cette hausse. Le gérant d’une station service Total qui a requis l’anonymat souligne qu’il a appris la hausse du prix du butane dans les colonnes de Fraternité Matin ! « J’ai un contrat avec Total et en l’absence d’une note de hausse officielle du consortium qui lui livre le carburant en gros, je m’en tiens au prix actuel du gaz ».

Et si les institutions de Bretton Woods tiraient les ficelles ?

Comment les consommateurs accueillent cette hausse dans les stations ? Elément de réponse avec Savanneh Moriféré préposé à Corlay filiale du groupe PETROCI. « Il faut dire que les consommateurs dans l’ensemble réagissent en fonction de l’information qu’ils ont. Ceux qui savent que cette hausse n’est pas particulière à la Côte d’Ivoire l’accueillent plutôt bien. Ceux qui ont le regard fixé sur la politique de lutte contre la vie chère ne cache pas leur indignation ». Une piste pour autant mérite d’être explorée en profondeur. Avec le prix d’un baril de brut constant sur l’année 2012, qu’est ce qui peut bien expliquer cette nouvelle hausse des hydrocarbures en Côte d’Ivoire ? Pour l’analyste économique Yves Koraklo « bien que cette hausse était prévisible elle est plutôt élevée » dans le contexte de reconstruction économique propre à la Côte d’Ivoire.

« La hausse était effective dans les autres pays et si en Côte d’Ivoire les choses ont mis du temps c’est simplement pour des raisons politiques ou de gestion interne »

nous explique notre interlocuteur. Il soutient qu’il « apprécie mal cette nouvelle hausse puisse que sur les marchés mondiaux le prix du baril de pétrole est resté plutôt constant ».
Il est néanmoins possible que cette hausse soit le fruit « de la baisse de la subvention de l’Etat. Si nous décortiquons le prix de vente du carburant, nous remarquons qu’il y a une partie qui va en taxe, puis les subventions et une partie infime qui dépend réellement du prix mondial du brut. Cette hausse est donc le fruit de cette pression de la Banque Mondiale et du FMI sur les autorités Ivoiriennes pour qu’elles fassent chuter la subvention nationale au carburant ».

SUY Kahofi

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