Universités Ivoiriennes : après le bruit…espérons le changement !

4 septembre 2012

Universités Ivoiriennes : après le bruit…espérons le changement !

Une nouvelle Université pour quel avenir?

Combien de millions auront coûté la petite frasque du gaspillage pour la réouverture de l’Université Ivoirienne ? Je suis de ceux qui ne seront pas surpris si officiellement on nous dit que le Gouvernement Ouattara aura englouti une centaine de millions pour simplement faire du bruit. Du bruit pour montrer qu’on a jeté une couche de peinture à eau sur les murs des amphithéâtres. Du bruit pour dire qu’on a enterré des pavés composés à 80% de sable. Du bruit pour justifier une facture de rénovation estimée à plus de 100 milliard f CFA ! Du bruit pour dire aux étudiants et aux parents qu’ils doivent désormais payer plus cher pour avoir accès à l’éducation. Après ce vacarme dont le plus grand bénéficiaire est le Sieur Cissé Bacongo, heureux dans le bruit de la fanfare comme personne, à quoi devons-nous nous attendre ? Une Université nouvelle n’est pas simplement une histoire de nouveaux bâtiments. Une Université nouvelle n’est pas simplement une question de nouvelle dénomination. Le véritable changement devait venir avant tout ce raffut ! Si l’on ne s’attaque pas aux problèmes de base, l’Université, même avec ses nouveaux bâtiments ne pourra jamais pondre des cadres sérieux.

Que fait-on de la corruption et des droits de cuissage ?

L’Université Ivoirienne est à l’image de la Côte d’Ivoire elle-même. La corruption et les droits de cuissage sont omniprésents et servent encore de monnaie d’échange ! Combien de jeunes filles ont dû quitter le campus et les UFR parce que refusant de coucher avec des enseignants ? Combien de jeunes ivoiriens ont été obligé d’abandonner leurs études parce que n’ayant pas de quoi graisser la patte aux seigneurs de l’Université pour de meilleures notes ? Ces messieurs et dames qui n’hésitent pas à rappeler qu’ils sont docteurs ou professeurs titulaires sont au fond de petits « démons » qui eux aussi ruinent l’avenir de nombreux jeunes. La culture du mérite a bien longtemps cédé la place aux faveurs que chacun doit obtenir par ses propres moyens. L’argent ou une partie de jambe en l’air fera l’affaire ! Le comble certaines UFR et les avantages liées à la gestion de celles-ci sont devenues la propriété de certains enseignants et de leurs familles. Ces enseignants s’assurent qu’à leur départ du campus, seuls leurs enfants ou leurs frères pourront les remplacer. Ne parlons pas des bourses : elles n’existent plus ! Elles ne suffisent pas pour les dirigeants de l’Université à plus forte raison les étudiants les plus méritants. Monsieur Bacongo a-t-il interpellé les enseignants sur ces pratiques ? Lui qui a toujours fait croire aux Ivoiriens que le problème de l’Université s’appelle FESCI aurait dû avoir un tête-à-tête avec les enseignants afin qu’ils se débarrassent de leurs vieilles habitudes avant d’entrer dans les nouveaux bâtiments. Le ministre aurait dû demander également aux enseignants d’arrêter de déserter les campus Ivoiriens pour les gombos dans le reste de l’Afrique !

En système éducatif à redresser !

Le système éducatif des universités Ivoiriennes est à redresser et surtout à aligner sur les modèles les plus modernes à travers le monde. La compétitivité des étudiants Ivoiriens sera fonction de la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent. Les cours doivent être modernisés et adaptés à l’évolution de la société ivoirienne et celle du reste du monde. On ne peut pas enseigner en plein 2012 avec des ouvrages de référence qui datent des années 1970 ! Les bibliothèques, les laboratoires et les salles de TD doivent être rééquipés pour être véritablement utiles aux étudiants. Les qualifications et diplômes obtenus font toujours l’objet de spéculation pour leur retrait. Imaginez-vous un étudiant ivoirien en année de DESS qui a du mal à obtenir son diplôme de licence ou même son bulletin de Deug II ? Des retards inutiles dans l’attribution des diplômes qui retardent les étudiants et ne favorisent en rien la possibilité pour eux de faire des équivalences. Les lourdeurs administratives ! Voici une autre maladie de l’administration universitaire qu’il faut guérir le plus vite possible.

Quelle orientation pour le CROU ?

Le CROU : Centre Régional des Œuvres Universitaires ! L’entité à pour rôle premier la gestion des campus : nourriture, électricité, eau, chambres…tout passe par le CROU sur les campus ! Le CROU si sollicité est malheureusement un des problèmes de l’Université Ivoirienne. Elle gère les œuvres universitaires avec un certain laxisme et s’est fait damer le pion par les syndicats étudiants. A une certaine époque sur le campus on se demandait si le CROU existait encore tant la FESCI faisait la loi. Le CROU attribuait une chambre et la FESCI en délogeait le lendemain l’occupant. Son autorité s’arrêtait à l’entrée des restaurants et lorsque la FESCI l’exige elle se plie à ses désirs. Pire le CROU s’est pris au piège de l’attribution de chambres aux jeunesses des partis politiques. Des quotas de chambres étaient réservés dès la rentrée à la JPDCI, à la JFPI, à la JRDR et j’en passe. Un tour dans les restaurants et s’est la catastrophe. La bouffe servit aux étudiants est digne de celle d’un bagne ! Comment peut-on réfléchir quand on est nourrit au riz et à la sauce mal cuit ? La nouvelle université doit être également une université où l’on mange bien et c’est au gouvernement de monsieur Alassane Ouattara de mettre les moyens à la disposition du CROU. Que les passations de marché pour la restauration des étudiants ne se fassent plus dans la complaisance. Que les chambres ne soient plus attribuées sur la base ethnique ou politique ! Il en va de l’équilibre social et de stabilité même de l’Université.

Que fait-on de l’insécurité, du trafic de drogue et de la prostitution ?

L’une des raisons qui a milité en faveur de la fermeture totale de l’Université était bien entendu l’anarchie qui régnait sur les campus. C’est une réalité, les Universités Ivoiriennes et particulièrement celles d’Abidjan étaient de véritables bordels à ciel ouvert ! Qu’est ce qu’on ne pouvait pas trouver sur le campus ? Les lesbiennes et les pédérastes y avaient élu domicile, les vendeurs de drogue ne se cachaient plus, que dire des chambres du campus transformées en chambre de passage et en hôtel ! Les parkings et les terrains de sport la nuit tombée se transformaient en hôtel à ciel ouvert. On ne se privait plus pour s’accoupler sur les bancs publics ou sur les banquettes des nombreux véhicules stationnés. La FESCI, la toute puissante Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire avait écho de ces pratiques et les autorisaient car elle-même, qui faisait la loi, profitait bien de cette situation. Elle apportait protection aux trafiquants et prostitués du campus. Certains langues affirmaient que les barrons du syndicat avaient certaines de leurs petites amies sur le bitume ! Parlant d’insécurité, la FESCI ne se privait pas de battre à mort ou de violer tous ceux ou toutes celles qui s’opposaient à elle. La machette n’a jamais disparu des campus pire elle a cédé la place aux kalachnikovs et pistolets automatiques. En lieu et place des syndicats qui font la loi, que propose le gouvernement ? Une police universitaire ? OUI c’est possible mais quel sera son visage et de qui sera-t-elle composée ? Il faut y réfléchir sérieusement avant de se lancer dans cette aventure. De grâce si cette idée est retenue que les illettrés d’éléments FRCI qui nous servent aujourd’hui de militaires restent en dehors du campus ! La cohabitation sera très compliquée si c’est le cas.

Que fait-on des syndicalistes et de la politique ?

Il serait utopique pour le gouvernement de Côte d’Ivoire de dire qu’il pourra priver les étudiants de la liberté syndicale. La chose la plus importante est de faire comprendre à ces groupuscules d’étudiants qu’ils ne sont pas les maîtres de l’Université. Il faut bien que le Ministère de l’Enseignement Supérieur définisse très clairement un canevas juridique de l’exercice des activités des syndicats étudiants. Que ces derniers comprennent que la machette n’est pas un mode de dialogue et de résolution des conflits. L’Université n’appartient pas aux syndicats : elle appartient à tous les Ivoiriens et elle est le symbole d’un peuple qui croit son avenir. Un groupe de personnes ne peut donc pas la détruire sur la base de pseudo-revendications. Le syndicalisme OUI mais NON à la politique. Les associations d’étudiants FPI, RDR ou PDCI ne doivent plus exister sur le campus ! Si certains étudiants veulent s’essayer à la politique qu’ils prennent rendez-vous avec leurs mentors au siège des leur partis respectifs. Les manipulations d’étudiants pour des pseudo-causes patriotiques doivent prendre fin afin que cesse pour de bon le cycle de la violence sur les campus.

SUY Kahofi

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Commentaires

Arukey Adama ILBOUDO
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Sujet intéressant et traité avec suffisamment de précision. J'ai fait le constat suivant en parcourant quelques blog: un blog dont le texte est bien aéré et construit autour de phrases courtes donne du goût à la lecture. N'hésitez surtout pas à vous relire pour vous corriger avant de poster vos billets, cela vous évite des fautes d'inattention pouvant ternir la qualité de votre document! Merci et courage à vous !