L’Aïd el-fitr célébré par les musulmans Ivoiriens

20 août 2012

L’Aïd el-fitr célébré par les musulmans Ivoiriens

Prière dans une mosquée d'Abidjan

La fête du Ramadan marquant la fin du mois de jeûne portant le même nom a été célébrée ce 19 août sur toute l’étendue du territoire Ivoirien. Malgré le contexte social marqué par la crise et une flambée des prix sur les marchés, les musulmans ont voulu célébré cette fête, moment important du calendrier islamique. Très tôt le matin de nombreux musulmans ont pris d’assaut les marchés qui pour acheter des légumes ou du riz, qui pour chercher un poulet ou quelques kilogrammes de viande. Vu les quantités demandées par la clientèle, on se rend compte que chacun joue sur les réserves et calcule énormément avant de se décider. « Voici notre deuxième année consécutive sans le mouton ! C’est devenu trop cher donc on se rabat sur les poulets ou la viande de bœuf. Là encore il y a problème : 2200 f le kilo ce n’est pas donné » nous confie Mme Traoré une mère de famille venue chercher de la viande au marché de 9 kilo, Riviera 3. Non loin nous retrouvons une autre ménagère qui, la paume remplie de jetons, semble pianoter sur le clavier d’une calculatrice invisible les yeux dans le vide. « Excusez moi je fais mes comptes » nous dit-elle. Dame Sidibé est là pour acheter du riz et des légumes. Pour l’occasion elle reste fidèle à la consommation habituelle de la famille. « Je vais prendre du riz maman à 2500 f les 5 kilo. C’est ce qu’on mange d’habitude à la maison ». Elle nous confiera que pour la viande, sa famille s’est associée avec deux autres pour un mouton à 100.000 f ! Une vrai chance car comme le confirme Naré le bouché de Belleville « certain mouton se vendait à 150.000 voir 175.000 ! ».

Du côté des mosquées il fallait aller tôt à la traditionnelle prière de l’Aïd pour espérer avoir une petite place pour écouter le prêche. Ici et là on a parlé de paix, de tolérance et de réconciliation. Les Imams ont insisté pour que les musulmans soient des modèles dans leurs quartiers et leurs familles en tournant le dos à la haine, au tribalisme et aux querelles inutiles. « Grande Mosquée de la Djiby, Adjamé, Riviera 2, Aghien…je pense que le message cadre avec l’actualité du pays. Nous avons besoin de paix et de réconciliation et je pense qu’Allah est celui là même qui donne la vraie paix et la vraie réconciliation. Il faut se pardonner, oublier le passer et penser à notre pays » résume pour sa part Koné Ismaël à la sortie de la mosquée de la Riviéra 2. A quelques pas d’Ismaël, Hadja Nan Kouyaté malgré son âge avancé est venue parler à Dieu. Deux doléances pour son pays : la fin des violences et du travail pour les jeunes. « Nous qui avons passé 65 ans nous sommes au soir de notre vie mais nous devons penser à nos enfants. Que Dieu les conduise sur le droit chemin car ils sont l’espoir de ce pays » soutien la grand-mère avant de conclure que plus les jeunes seront occupés sainement plus ils seront moins endoctrinés par les politiciens.

Musulmans ou pas, le moment de l’Aïd est le jour du partage. La bonne odeur qui s’est dégagée des cuisines a réunit autour des tables et des nattes des chrétiens, des musulmans et des non-croyants. « On a des amis et c’est le moment de partager le peu que Dieu nous a donné » nous explique Mr Kassimi au moment où il reçoit ses collègues de service pour le repas autour de 13 h. A peine sorti de la concession de notre hôte qu’Amadou assis sur sa natte avec des copains de son quartier nous invite à partager de la sauce arachide et du riz. La bouche pleine, il nous confie que pour les jeunes de son âge la fête est loin d’être finie avec la nourriture. « Nous allons faire un tour au maquis et puis après on ira en boite de nuit ». Le maquis et les boites de nuit à l’occasion de l’Aïd parlons-en ! Ces lieux ne sont pas à fréquenter pour certains musulmans mais pour de nombreux jeunes on peut y faire un tour à l’occasion de la fête de l’Aïd à condition de ne pas consommer d’alcool. Notre petite virée nocturne nous permettra de voir un nombre important de boubous se trémousser au son du coupé-décalé. Côté boisson il nous sera difficile de nous prononcer sur la nature des breuvages consommés, les noceurs de l’Aïd ont refusé de se prêter à l’inspection de leurs verres !

SUY Kahofi

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