2 août 2012

Sur les pas des agents de vente abidjanais

Agents de vente dans le quartier de Yopougon (Abidjan)

« Je suis titulaire d’une licence en criminologie et je veux me présenter cette année au concours de police. Avec le yoyo à l’Université et un avenir incertain pour les jeunes de ce pays, je n’ai plus cette volonté de poursuivre mes études. C’est juste pour réunir de l’argent pour le concours que j’ai accepté l’offre de cette PME qui s’occupe de la vente de biens de consommation d’origine asiatique ». Comme Francis Aka, nombreux sont ces jeunes ivoiriens qui ont accepté un poste d’agent de vente au sein de ces PME qui se sont spécialisées dans la promotion de divers produits. Ils ont entre 18 et 35 ans, jeunes hommes ou jeunes femmes, ils sont de couches sociales défavorisées et veulent se faire de l’argent pour s’assurer les fins de mois en attendant des jours meilleurs. Plusieurs raisons les poussent donc vers cette profession : certains sont en quête d’argent pour financer leurs concours ou leurs petits projets, d’autres y viennent le temps de trouver un emploi stable et certains la pratique comme activité première. A Abidjan par respect pour ces jeunes gens on les appelle par abus de langage commerciaux ou démarcheurs !

« C’est un travail difficile ! »

La journée des agents de vente démarre par le regroupement matinal. Le responsable de la PME où travaille Francis notre jeune agent de vente réunit son effectif à un carrefour des 220 Logements dans le quartier marchand d’Adjamé. Ici les choses sont bien structurées : il arrive avec la marchandise en voiture et la répartie entre ses vendeurs. Après des conseils d’usage, chacun des agents choisit un axe routier ou un secteur d’un quartier où il peut facilement convaincre un maximum de personnes et vendre plus. Les agents de vente à Abidjan sont des as du nomadisme urbain : ils parcourent des dizaines de kilomètre à pied par jour sous le soleil. Cela impose une bonne condition physique ! « C’est dur mon frère! », lance Pacôme le collègue de Francis. « Si tu n’est pas un homme, tu ne peux pas faire un mois dans les rues ! Nombreux sont ceux qui partent parce qu’ils tombent trop malade. A la fin ce que tu gagnes passe facilement dans les médicaments » conclu le jeune homme. Pacôme n’a pas tord de dire qu’il faut avoir le moral et surtout un physique assez solide pour exercer le métier d’agent de vente. Les vendeurs portes la totalité de leurs marchandises sur le dos. Entre 6 et 8 kilo de charge dans le sac à dos et le reste des articles entre les mains pour les proposer directement aux clients.

Les femmes sont aussi présentes sur le terrain

Pélagie Gueu et sa petite sœur sont bien connues à Abobo-gare pour leurs petits produits qu’elles proposent chaque jour. « Nous les ‘’démarcheurs’’ nous vendons un peu de tout : des postes de radio, des ventilateurs, des brûleurs et foyer pour butane, des lecteurs DVD, des plateaux de cuisine et à cause des coupures d’électricité intempestifs dans certains quartiers d’Abidjan des lampes torches rechargeables ». Pélagie Gueu donnait dans la restauration jusqu’à ce qu’elle perde tout à la suite de ce qu’elle qualifie « de mystérieuse maladie ». Elle espère faire des économies pour ouvrir un nouvel Allokodrome (espace gastronomique aménagé pour vendre des frites de banane). Quant à sa petite sœur Prisca, elle compte continuer cette activité. « Je suis fatigué des jobs de fille de ménage. Nos patronnes nous maltraitent et nous traitent comme leurs esclaves. Ici au moins on me respecte et je m’entends avec mes clients et mes amis ».

Pour ce qui est de la rémunération, les agents de vente sont payés selon un pourcentage sur chaque article vendu. Certaines structures plus solidement implantées proposent un salaire de base et ensuite un pourcentage après vente mais dans majorité des cas les pourcentages oscillent entre 500 f CFA et 1500 f CFA pour celui qui sait vendre. « Pour se faire de l’argent dans ce milieu il faut savoir convaincre. Plus vous arrivez à vendre au prix le plus élevé plus votre bénéfice est important » nous explique Francis Aka.

SUY Kahofi

Partagez

Commentaires

Arukey Adama ILBOUDO
Répondre

J'avoue apprécier positivement votre façon d'aborder vos sujets: par la forme (introduction, développement et conclusion bien saisissables) et le fonds (contenu bien expliqué suivant réponse aux questions "qui, quand, comment, pourquoi, où..."), tout (même le style) dans vos écrits se laisse pénétrer facilement. C"est tout simplement bon.

Je suis membre de l'Atelier des Médias et mon blog est LE BURKINABE https://leburkinabe.blog4ever.com Faites y des visites et critiques pour m'aider à parfaire mes œuvres

Continuez ainsi