30 juillet 2012

Intermédiaires administratifs : les dessous d’une organisation bien huilée

Intermédiaires administratifs aux abords de la Mairie de Cocody Abidjan

Ils sont visibles aux abords de la quasi-totalité des services administratifs de la Côte d’Ivoire. Ils servent d’intermédiaires très officieusement à ceux qui ont la lourde charge d’émettre des documents pour les examens, concours et autre dossier de la fonction publique. Leur service ne sont pas gratuits et ils appartiennent à un milieu très organisé…bienvenu dans l’antre des intermédiaires administratifs ivoiriens !

Il n’existe pas un seul endroit où l’on émet des documents administratifs qui échappe à leur contrôle ou plutôt à leur présence. Les intermédiaires administratifs sont présents aussi bien dans les Mairies, sous-préfectures, centres d’orientations, services de scolarité des universités… Leur mission consiste à vous faire obtenir en quelques minutes un document pour lequel vous aurez dû mettre trois ou quatre jours d’attente. Ils sont le bras officieux de l’administration. Les fonctionnaires se défendent d’avoir recours à leurs services mais avec le temps qui passe les Ivoiriens savent désormais comment cette petite ‘’mafia’’ fonctionne.

On retrouve généralement les intermédiaires aux abords des bâtiments administratifs ou à l’intérieur quand leurs protecteurs sont assez influents. Ils sont connus de la majorité des travailleurs et composent avec eux : ils sont officieusement le prolongement de l’administration version dessous de table ! Leurs activités ne sont pas couvertes par l’administration et en cas de plainte celle-ci décline toute responsabilité. Les intermédiaires administratifs  travaillent avec des fonctionnaires soucieux d’arrondir la fin du mois avec un ‘’petit gombo’’ (bonus) lié à la profession. Dans le milieu des intermédiaires administratifs celui qui veut aller vite doit savoir mettre la main dans la poche. « Mon frère si veux que ton attestation à usage administratif du BAC sorte rapidement fait parler ton cœur » soutien Serge un démarcheur de la DECO (direction des examens et concours). L’intermédiaire administratif est efficace grâce à son réseau de connaissance : il faut être le plus proche possible de celui qui signe. Plus le ‘’chef’’ est arrosé plus il est facile pour vous de faire passer n’importe qu’elle dossier pour satisfaire à la base le client. On ne se marche pas sur les pieds car entre intermédiaires administratifs un code de bonne conduite existe. Chacun se contente du ‘’peu’’ qu’il gagne. « Je ne peut pas me plaindre : ça rapporte ! Si tu empoche 2000 francs  sur 14 fiches à légaliser et que tu libères 500 f sur ton ‘’chef’’ tu vois que tu as quelque chose en quittant le Plateau » souligne Sindou Coulibaly.

Les Ivoiriens semblent plutôt satisfaits des prestations des intermédiaires administratifs. « Avec eux les choses vont vite ! C’est vrai que tu sors de l’argent mais tu es satisfait dans un court délai » soutien Kouamé Sandrine jeune élève préparant le concours de Police. Il existe malheureusement des brebis galeuses dans le milieu. « Ces faussaires ne font pas honneur à notre profession. Ils viennent juste un jour, arnaquent quelqu’un qui passe et ne reviennent plus » dénonce Sindou Coulibaly avant de conclure « nous nous connaissons entre nous et pour ne pas tomber dans le piège d’un voleur il est préférable de ne pas s’adresser à quelqu’un qui, détacher du groupe, vous propose ses services ». Quant aux fonctionnaires, rares sont ceux qui reconnaissent ouvertement travailler avec les intermédiaires administratifs. Certains acceptent quand même de nous expliquer leur collaboration avec ces jeunes gens. Celui qui se fait appeler Pacôme est un fonctionnaire, il reconnait travailler directement avec son frère. « Il reste à la maison du matin au soir à vider mon sac de riz et dormir. Je viens avec lui chaque matin. Il prend 2000 ou 3000 aux demandeurs et j’use de ma position pour faire signer rapidement le document. Le soir mon petit frère rentre avec quelque chose » nous explique le fonctionnaire. Quant à ce qu’il gagne lui-même et avec combien d’intermédiaires il ‘’travaille’’ Pacôme préfère garder le mystère intact.

SUY Kahofi

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Commentaires

sabre
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Bonsoir. J'utiliserais quelques elements de ton blog
pour mon article. Merci

Kahofi SUY
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ok pas de problème mais merci de rester fidèle à l'esprit des faits! N'oublie pas de nous faire parvenir le lien de ton article en retour!

Arukey Adama ILBOUDO
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Cela s'appelle "coxer" au Burkina Faso!