Bidonvilles d’Abidjan, qui sont les vrais habitants ?

12 juillet 2012

Bidonvilles d’Abidjan, qui sont les vrais habitants ?

Washington nouveau quartier, un bidonville d'Abidjan

Les inondations de ces dernières années en Côte d’Ivoire qui ont entrainées d’importants dégâts dans plusieurs quartiers d’Abidjan ont permis aux Ivoiriens de découvrir la dure réalité de la vie dans les bidonvilles. Des familles entières s’entassaient dans des baraques pourries qui prennent l’eau de partout ! Ces familles mettent en péril leurs vies et certaines malgré les appels du Gouvernement préfèrent camper sur des sites classés à risque. La réalité des inondations a permis également aux Ivoiriens de découvrir l’identité des occupants des bidonvilles. Ils ne sont pas pauvres et démunis comme on pourrait le croire. Ils ne sont pas tous des sans-emplois ou même des immigrés sans argent. Dans les bidonvilles d’Abidjan, toutes les couches sociales se côtoient.

Les toitures rouillées s’étendent à perte de vue, à quelques endroits des constructions en dur, ici une habitation faite de matériaux de récupération…Voici le visage que nous offre Washington nouveau quartier situé entre les communes de Cocody et d’Adjamé. Ici, comme dans la majorité des bidonvilles, les familles luttent pour survivre dans un univers insalubre. Manque d’eau potable, d’électricité, de sanitaire digne du nom et de canaux d’évacuation des eaux usées sont les premiers problèmes que l’on y rencontre. Pourtant lorsqu’on s’approche des habitants on se rend compte que les raisons de leurs présences en ces lieux sont différentes. Kassy est agent de sécurité et touche le modique salaire de 75.000 f CFA. « Qui peut dire qu’il est content de vivre dans un tels endroit ? Nous sommes obligés c’est tout » se plaint le jeune homme. Il poursuit en nous disant que sa famille (sa femme et 2 enfants) partagent ‘’une maison’’ qu’il loue à 15.000 f CFA. Il nous dira que son lieu de travail n’est pas loin et que cela lui permet de faire des économies. Non loin de sa demeure, deux étudiants de l’Université de Cocody squatte une ‘’entrer-coucher’’ (une pièce) avec un toit qui laisse passer l’eau. « Le campus n’existe plus ! Nos efforts pour en obtenir un studio en ville ont été vains. Les offres étaient largement supérieures à nos moyens. Alors pour ne pas être loin de l’université lors de la réouverture nous vivons ici », souligne Armand. Ilboudo et Léguan Jules sont quant à eux burkinabés et n’ont pas de famille en Côte d’Ivoire. Immigrés et vivant de petits boulots ils préfèrent se terrer à Gobelet. « Si je vis ici c’est pour pouvoir faire des économies en vue de construire au pays. Je suis avec un de mes compatriotes et nous partageons le loyer de 20.000 f CFA par mois », affirme Léguan Jules.

Dans les bidonvilles vivent aussi des ‘’propriétaires terriens’’ ! On les appelle doyen et il serait hasardeux de dire depuis quand ils vivent dans ces bidonvilles. Certains affirment même être les fondateurs des bidonvilles ! Ils vivent de la vente de terrains et possèdent d’autres affaires. Magasins, réseau de vente d’eau et d’électricité, boutiques et PME de construction sont à mettre à leur actif. A la question de savoir pourquoi ils ne quittent pas le bidonville, ils répondent avec un brin d’ironie : « Quand un endroit vous porte chance il n’est pas bon de le quitter ».

« Le bidonville n’est pas aussi bizarre qu’on peut le croire et je crois qu’avec un peu de volonté de la part des autorités, on pourrait se sentir bien. Les populations ici ne demandent qu’un peu d’eau et d’électricité pour vivre heureux » plaide Sina gérant de kiosque.

SUY Kahofi

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