Abidjan : 30 ans d’exploitation pour le 3ème pont
Le troisième pont d’Abidjan est l’un des plus vieux projets de travaux publics en Côte d’ Ivoire. Après les ponts Félix Houphouët et De Gaulle, il aura fallu attendre plus de 30 ans pour que le projet soit en voie de réalisation. L’entreprise qui décroche le contrat n’est tout autre que le Consortium français BOUYGUES qui monopolise déjà plusieurs secteurs clés de l’économie Ivoirienne. BOUYGUES Construction a décroché un contrat de 232 millions d’euro soit plus de 152 milliards de francs CFA pour la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance pendant 30 ans du projet du 3ème pont. Ce projet est un axe routier de 6,4 kilomètres à d’Abidjan et prend en compte des chantiers très importants que sont respectivement le pont Henri Konan Bédié (troisième pont d’Abidjan qui sera composé de deux fois trois voies sur 1,5 kilomètre) ainsi que l’échangeur Valérie Giscard D’Estaing dans le quartier de Marcory. BOUYGUES Construction peut être fier d’avoir décroché le plus juteux des contrats de la reconstruction version ADO. Ce projet à sa livraison pourra réellement soulager une grande métropole comme Abidjan où la circulation entre les deux parties de la ville est un véritable casse-tête. 100.000 véhicules au bas mot pourront emprunter chaque jour cet axe routier dont les chantiers débuteront en septembre 2012 pour une durée d’exécution de 25 mois. Bien que le projet soit salutaire en lui-même, le sentiment anti-français bien ancré chez certains Ivoiriens à vite fait de ressurgir et place le consortium BOUYGUES au cœur de ce que certains qualifient en Côte d’Ivoire d’impérialisme économique français. Au-delà de l’indignation face à ce contrat au parfum colonialiste de nombreuses interrogations fusent ici et là. « En plein 2012 plus de cinquante ans après notre indépendance, comment peut-on encore signer ce type de contrat ? C’est de l’esclavage tout simplement une manière d’implorer le colonisateur pour qu’il nous bâillonne de nouveau » affirme dépité Eric K. Sylvain un autre jeune homme qui s’adonne au jeu de scrabble en attendant l’ouverture de l’université s’interroge : « Pourquoi les retombés de l’allègement de la dette n’ont pas permis à la Côte d’Ivoire de négocier un contrat plus bénéfique pour les Ivoiriens ? « On nous annonce une pluie de milliard et le Gouvernement est obligé d’hypothéquer la souveraineté du pays pendant 30 ans sur un pont : c’est triste que personne ne puisse mettre un terme à ces mic mac de la France-Afrique » déclare Alexandre S. un enseignant avant de conclure que « les Pays-Bas, la Suisse, les Etats Unis, le Japon ou même la Chine auraient pu construire le troisième pont en demandant moins que la France ». De nombreuses questions se posent et pour celles-ci les Ivoiriens aimeraient avoir des réponses. 30 ans pour l’exploitation d’un pont, que peut donc bien cacher les dessous des autres accords franco-ivoiriens à un moment où une grosse polémique plane sur le dernier accord de défense entre la France et la Côte d’Ivoire ?
SUY Kahofi
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