Arrêts sans-abris : le souffre-douleur des usagers du bus

29 juin 2012

Arrêts sans-abris : le souffre-douleur des usagers du bus

Arrêt sans abris de l’avenue Booker à Abidjan

Il faut être un habitué du bus pour les repérer. Rien n’indique souvent qu’ils sont là où vous vous trouvez et si vous avez la chance d’y attendre un bus, sachez que l’arrêt sans-abri n’offre aucun ‘’confort’’, aucune sécurité !

Cocody gare de Saint Jean, un arrêt de bus bien connu mais que rien n’indique. Avenue Booker Washinton ou Marcelin Yacé cité des arts, juste un vieux poteau SOTRA (Société de Transport Abidjanais) à peine lisible nous rappelle que le bus stationne ici. Même décor à Nanan Yamousso (Treichville) où seul l’attroupement d’élèves et de travailleurs renseigne le passant d’un jour… Les exemples d’arrêts sans-abris à Abidjan sont légions et les usagers bien qu’habitués à cette situation la déplore chaque jour.

Pénible à Abidjan d’attendre les bus qui n’en font qu’à leur tête. Il faut s’armer de courage et surtout avoir les mollets solides pour ne pas céder à la tentation de sacrifier plus de sous pour emprunter un wôrô-wôrô (taxi communal) ou ‘’écraser la tomate’’ (emprunter le taxi-compteur). L’attente se veut plus pénible à condition d’être à un arrêt avec abri ou sans abri. Le calvaire des deux endroits est diamétralement opposé. Les abris de la SOTRA munis de bancs permettent aux usagers de s’asseoir et d’être moins épuisés par l’attente. Ceux sans abri sont un véritable rendez-vous avec les intempéries. « On attend le bus mon frère : tu nous vois bien », s’indigne Akin Patrice jeune étudiant dans un centre social spécialisé que la fine pluie de ce matin trempe au fil de l’attente. « Si ce n’est pas le soleil au bon milieu de votre crane, c’est la pluie ! », poursuit-il avec un brin d’ironie. L’arrêt sans abri n’offre donc aucune protection aux usagers qui le plus souvent sont livrés aux caprices du temps. « Nous sommes déjà habitués à la pluie et au soleil mais le plus dangereux c’est qu’en l’absence de panneaux ou d’abri les taxis et wôrô-wôrô menacent de nous renverser en déposant leurs clients », soutient Zokou Guy Simplice technicien.

Même sans abri, l’espace réservé au stationnement des bus se doit d’être respecté. Tout automobiliste qui s’aventure à s’y arrêter s’expose au courroux de la Police de la SOTRA. Les confiscations de permis de conduire sont fréquentes surtout pour les chauffeurs de taxis-compteur et wôrô-wôrô. Les usagers quant à eux veulent un véritable effort de la Direction de la SOTRA. Certains s’insurgent contre l’entreprise du fait que les arrêts sans abris depuis des années n’ont pas changé. « Il faut des politiques internes pour régler ce problème. La SOTRA sait que les passages des bus ne sont pas du tout réguliers par endroit et s’il faut encore laisser les usagers au soleil cela ne nous arrange pas », souligne Klah Sylvain, éducateur.

Selon une source proche de la Direction, la SOTRA est « consciente de la situation et étudie les possibilités de pallier à ce problème ». Selon cette même source, seules certaines zones se prêteraient à la construction d’abris tandis que l’installation d’un poteau serait la seule option possible pour d’autres arrêts. Avec les grands projets de réhabilitation de la voirie à Abidjan depuis la fin de la crise, les usagers du bus estiment que la SOTRA n’a plus d’excuses. « Les bus peuvent circuler partout, les routes ont été refaites, les espaces verts dégagés…qu’est ce que l’entreprise demande de plus ? » s’interroge Koffi Paulin. Le jeune homme estime que la SOTRA doit sérieusement se pencher sur la question car emprunter le bus ne doit plus être un calvaire pour les Ivoiriens.

SUY Kahofi

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