Cliniques ou hôpitaux publics: où aller pour ne pas succomber?

15 juin 2012

Cliniques ou hôpitaux publics: où aller pour ne pas succomber?

Un Centre Hospitalier Régional en Côte d’Ivoire

La clinique ou l’hôpital public ? La question est d’actualité lorsque les Ivoiriens veulent se soigner. Le choix pourrait être fait très rapidement en fonction des moyens mais certains nantis ont peur des belles enseignes. Cela peut paraître surprenant mais les hôpitaux et les cliniques semblent afficher une panoplie d’avantages et de petits côtés obscures qui ternissent leurs images.

Cocody, nous sommes dans le quartier présidentiel et résidentiel par excellence d’Abidjan ! Le quartier abrite l’un des deux centres hospitaliers universitaires (CHU) de la ville. Très fréquenté il est un ensemble de bâtiments abritant plusieurs services dont certains sont uniques en Afrique de l’ouest. Le CHU n’échappe pourtant pas aux maux des services sanitaires publics du pays et il faut aller de prés pour le voir. Des malades couchés à même le sol, des lits complètement rouillés, des médecins occupés par la chasse au trésor et aux malades fortunés constituent le décor. Le comble, le mot propreté semble ne pas faire parti du vocabulaire de l’hôpital ! Daloa, Gagnoa, Divo, Dimbokro…la quasi-totalité des hôpitaux publics de Côte d’Ivoire dans ces villes citées sont sous les plaintes des contribuables à cause du laxisme aussi bien au niveau des services de soin que de l’entretien des bâtiments. Pourtant malgré cette atmosphère qui ne rassure guère les malades, 85% des Ivoiriens sont obligés de se rabattre sur les hôpitaux publics à cause de leurs conditions socio-économiques. Au-delà de l’argent qui fait défaut, d’autres facteurs expliquent ce choix même pour certaines personnes qui ont de l’argent.

« Il y a des problèmes mais… »

Marc Koffi est Docteur en lettre moderne et professeur des grandes écoles il ne jure que par les hôpitaux publics. Fort d’une expérience personnelle il est sûr que malgré l’image de dégradation affichée par les services sanitaires publics, le personnel soignant peut encore être utile aux populations. Son fils souffrait d’un mal de ventre aigu et devait passer au bloc opératoire après 8 mn de diagnostique dans une clinique. L’intervention aurait coûté 215.000 f CFA ! Sérieusement paniqué à l’idée de laisser son fils se faire « charcuter » il décide de se rendre dans un CHU. « Malgré les souffrances de mon fils un collège de quatre médecins l’on ausculté pendant près de 15 heures ! Ils en sont arrivés à la conclusion que mon fils n’avait besoin que d’un médicament qui ne coûtait que 1750 f ! J’étais tellement étonné après la guérison de mon fils que j’ai résilié mon contrat de prise en charge familiale avec la clinique » conclu Mr Koffi. Pour lui si les médecins font preuve de laxisme dans l’exercice de leur fonction c’est simplement à cause de leur mauvais traitement salarial. « Notre salaire brut n’excède pas les 200.000 f  CFA pour huit ans d’étude. Dans ces conditions certains préfèrent négliger le travail ici pour gagner plus dans les cliniques car ne vous y méprenez pas se sont les mêmes médecins des hôpitaux publics qui se retrouve dans les cliniques » nous confirme un chef de service du CHU de Treichville sous couvert de l’anonymat. Ce manque de conscience professionnel dans les hôpitaux publics conduit à des drames et pousse d’autres Ivoiriens vers les cliniques. Patricia Enouh en sait quelque chose, elle dont la mère est décédé sur un brancard à cause d’un acte de négligence aux urgences. « Quand on n’aime pas un métier on ne le choisi pas. Certains médecins sont à l’origine de la mort de nombreuses personnes dans le pays simplement parce que le malade est pauvre ou indigent. Nous payons nos impôts pour mourir dans les hôpitaux ? L’attitude de nos médecins est souvent incompréhensible » s’indigne la jeune femme. Elle s’est jurée que quelque soit la modestie de ses moyens elle n’ira plus se faire soigner dans un hôpital public. Yannick Diakité évoque d’autres atouts des cliniques. « Il ne faut pas se le cacher : les cliniques sont propres, on vous reçoit comme un homme contrairement aux hôpitaux publics, vous êtes bien soignés et bien nourrit, les médecins ont une conscience professionnelle chose qui existe à peine dans nos hôpitaux publics« .

La conscience professionnelle a-t-il un prix ?

Les services de santé quelque soit le lieu où ils se pratiquent peuvent être de qualité. Le seule condition c’est qu’il faut de l’argent pour les financer. « Dans les cliniques privées les honoraires des médecins dépassent largement ceux du public, le matériel médical est de dernière génération, les malades prêts à payer pour ne pas succomber…si toutes ces conditions sont réunis dans les hôpitaux publics et que l’Etat s’engage à payer pour le contribuable il n’y a pas de raison que les soins ne soient plus de qualité » nous confirme un chef de service du CHU de Treichville sous couvert de l’anonymat. Cet argument signifie-t-il que les médecins Ivoiriens attendent d’être mieux payés avant de donner un sens au serment Hippocrate ? Non, ils demandent juste des meilleurs conditions de travail et Aziz Assalê est de cet avis. « Au-delà du salaire il faut que le plateau technique de nos hôpitaux publics soit renforcé avec du matériel de pointe car c’est à force de travailler avec un matériel vétuste que les morts s’accumulent dans nos morgues. Pour des soins de qualité il faut aussi que les Ivoiriens soient prêts à mettre la main à la poche« . Contribuer financièrement pour des soins de qualité dans les hôpitaux publics, les contribuables qui payent déjà leurs impôts estiment que cela doit se faire dans un cadre plus honnête. « Nous avons déjà observé les politiques de gratuité des soins et nous sommes plus que déçus. Si nous devons payer, nous devons avoir la certitude que nous serons effectivement soignés » affirme Kévine Addissa une mère de femme.

SUY Kahofi

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