Photographe : Chronologie d’une profession passionnante mais en perte de vitesse

SOS
26 février 2012

Photographe : Chronologie d’une profession passionnante mais en perte de vitesse

Les photographes pourront-ils résister au numérique ?

L’époque où les jeunes photographes assis fièrement sur leurs vélos et cyclomoteurs faisaient le tour des villages et quartiers pour déposer les belles images semble être révolue. Le métier de photographe tel que nous l’avons connu en Côte d’Ivoire il y a quelques années est en train de disparaitre.

Malgré la chaleur Guillaume reste à l’intérieur du laboratoire photo pour faire tourner la développeuse. Les commandes arrivent au compte goûte et les rares clients discutent longuement les prix avant de déposer les travaux. Il n’y a que de rares évènements qui poussent aujourd’hui les Ivoiriens à solliciter des photographes. Il n’y a que les mariages qui permettent aux photographes d’arrondir leur fin de mois, dans une certaine proportion les funérailles et très rarement les quelques cérémonies à caractère administratif ou politique. On ne demande plus vraiment la photo papier car aujourd’hui le numérique a pris le dessus!

Les causes de la décadence

« Aujourd’hui beaucoup de personnes pensent que c’est le numérique qui a sonné le top départ de la chute de notre métier. Erreur ! Bien avant l’arrivée des appareils numériques nos problèmes avaient déjà commencé » soutien Kadom N’guessan. En effet avant les années 1990, les premiers asiatiques (coréens et chinois) avaient porté un coup dur aux photographes Ivoiriens. En faisant chuter le prix d’une photo, les asiatiques avaient commencé ‘’à gâter’’ le marché. De 1000 f CFA, la photo couleur est passée à 700 f puis 500 f. Aujourd’hui après une cérémonie si vous en avez trop le prix peut descendre jusqu’à 350 voir 250 CFA ! Dans la foulée le blanc et noir a aussi perdu de sa valeur grâce aux prix abordables des solutions de développement pour studio. En plus de faire chuter les prix, le marché a été inondé de petits appareils photo produits en série en Corée. Tout le monde pouvait faire désormais des photos avec un peu de coaching de la part d’un pro. Les clubs photo des lycées et collèges ont eux aussi fait la concurrence aux photographes car en pleine rentrée scolaire au lieu de faire appel à des professionnels, la direction avait recourt au club photo. Cela faisait des économies mais causait le malheur des photographes. Le coup de grâce est enfin porté à la profession par le numérique : avec le téléphone portable et des appareils de plus en plus petits tout le monde fait des photos, les développe et même les transforme !

Quelques passionnés résistent

Malgré ce sombre tableau et les nombreuses difficultés liés à leur profession certains passionnés s’accrochent. « Nous sommes obligés de basculer dans l’univers du numérique pour joindre les deux bouts, ce n’est pas du tout facile » soutien Jean-Louis N’goran avant de conclure « aujourd’hui avec un appareil photo et une imprimante on peut se passer d’un labo comme le mien ». Face à un métier de moins en moins rentable on pense à une reconversion. A défaut de changer radicalement, certains pensent proposer leurs services aux organisations Internationales, ambassades ou aux organes de presse écrite.

SUY Kahofi

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Commentaires

Andriamihaja Guénolé
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Je pense qu'il faudrait proposer d'autres alternatives aux photographes...