6 décembre 2011

Quand la musique défie les armes !

Pochette du tube humanitaire du CICR

De ‘’So Why’’ au dernier ‘’Refrain Humanitaire’’, le Comité International de la Croix Rouge a utilisé et continuera d’utiliser la musique pour adoucir les cœurs révoltés lors des conflits armés. Histoire d’apporter un peu d’humanité à ceux qui l’ont perdu.

Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire. Dans un petit taxi brousse, un air de reggae s’échappe du vieux poste-radio. La voix qui réclame plus de droit pour les détenus est celle de Don Mike, un jeune artiste ivoirien. L’album interdit à la vente à un nom très évocateur : L’Homme, un Remède pour l’Homme ! Cet album produit en 2002 est le deuxième pamphlet contre la violence édité par le CICR après So Why en 1997.

Un engagement pour la paix

Le Comité International de la Croix Rouge a définitivement décidé d’utiliser la musique pour contrer la violence. Cette expérience musicale est née d’une volonté du CICR mais également d’un engagement de certains artistes pour la paix. A l’image de l’action et des règles de fonctionnement de la Croix Rouge, le bénévolat fut à la base de l’engagement de chaque artiste. Explication avec Simon Pulse, coordonnateur musical du projet : « tous les projets musicaux du CICR sont basés sur le volontariat et le bénévolat des artistes. Personne ne reçoit un cachet pour un album du CICR et les artistes qui nous ont demandé de l’argent avant de s’engager se sont disqualifiés eux-mêmes. Nous en avons sollicité plusieurs mais il n’y a qu’une poignée qui a accepté d’utiliser sa voix et sa notoriété pour la paix ». Ainsi, pour ‘’So Why’’, des monstres sacrés de la musique africaine se sont réunis. Wally Badarou, le Béninois auréolé de sa solide expérience, avec de grands noms de la musique comme Joe Cocker, Mick Jagger, Black Uhuru, Jimmy Cliff, ou encore Salif Keita, a produit et co-écrit l’album. A ses côtés l’on retrouve Youssou N’Dour du Sénégal, Papa Wemba de la République Démocratique du Congo, Jabu du groupe Bayete, Lucky Dube d’Afrique du Sud, Lagbaja du Nigeria et Lourdes Van-Dunem de l’Angola. Après eux, une autre génération d’artistes africains porte le flambeau de la non violence. Sous la baguette de Simon Pulse, Kajeem, Don Mike, Mawa Traoré, Patric Sacko du groupe Espoir 2000 de la Côte d’Ivoire, Sonia Carré d’As du Burkina, Dama Damawuzan du Bénin se donnent la main pour la réalisation de L’Homme, un Remède pour l’Homme. Ils sont tous devenus des ambassadeurs du CICR.

La musique, un langage universel

La diversité des rythmes et des thèmes développés dans les albums du CICR sont à la base de leur succès. Droit des femmes en temps de conflits armés, enfants soldats, prolifération des armes légères, libre accès aux hommes et femmes privées de liberté, sont autant de thèmes abordés par les apôtres de la paix du CICR. Loin d’être une musique pour salons feutrés dans des grandes agglomérations, les épitres musicales du CICR sont des compositions qui parlent au quotidien. Aussi bien appréciée par le travailleur à son bureau que par les soldats sur la ligne de front, cette musique parle aussi aux politiciens, aux hommes des médias, aux citoyens de tous les jours. Elle fait comprendre à quel point la vie humaine est sacrée. « La musique joue un rôle important dans la prise de conscience des masses. C’est un langage universel et son action contribue à faire changer les mentalités. Le combat de la musique face aux armes semble perdu d’avance, mais c’est le contraire qui se produit en réalité ! » déclare Kajeem,  mentor du N’gowa Posse, un artiste engagé pour le CICR.

Les expériences de 1997 et 2002 montrent que la musique peut apporter un peu d’humanité au cœur des conflits. Le CICR a remis le couvert. Afin de relayer ses messages humanitaires de protection et de respect des victimes de la guerre et de la violence interne, la délégation régionale du CICR à Abidjan a choisi la musique comme vecteur de communication. Le projet musical lancé sous forme d’un single en 2010 a pour nom Le Refrain Humanitaire. Produit en 500 exemplaires pour le pré-lancement en Côte d’Ivoire, il a été distribué gratuitement aux médias et est actuellement joué sur les ondes de 22 radios ivoiriennes. Le CD offre trois versions de la chanson : originale, acoustique et instrumentale. Le clip vidéo, diffusé sur les chaînes de la télévision nationale, a reçu un bon accueil de la part du public national. Pour la diva de la musique manding Mawa Traoré, une si passionnante aventure ne saurait s’arrêter car tant que les armes continueront de crépiter, les artistes devront se mobiliser pour dénoncer cette violence. « Grâce au projet du CICR, j’ai croisé et travaillé avec d’autres artistes ivoiriens et africains. Ces contacts ne sont que le début d’une collaboration, aussi bien au plan d’un échange de rythmes que pour la cause des droits de l’homme et du respect des actions de la Croix Rouge en Afrique et dans le monde », affirme Mawa Traoré, la reine du yagba.

SUY Kahofi

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