20,59 % de réussite au BAC : bravo les artistes !

11 octobre 2011

20,59 % de réussite au BAC : bravo les artistes !

 

Maigre moisson pour la première de Kandia Camara

20,59 % de réussite au BAC pour la session 2011, la Côte d’Ivoire ne pouvait pas espérer mieux après la crise post-électorale qu’elle a vécue. Un examen organisé dans la précipitation pour sauver les apparences et montrer que le pays est en marche ne pouvait produire qu’un tel résultat. Aux nombreux pleures des élèves ayant échoué il y a un peu plus de paroles réconfortantes. On ne s’aventure pas à blâmer, ni même réprimander un enfant : on comprend et c’est tout ! Ce n’est pas la faute aux candidats mais au système lui-même qui a fait le choix d’imposer un calendrier malgré le fait que de nombreux élèves soient en dehors du pays ou même dans des camps de déplacés. Ces derniers ont eu à peine le temps de rentrer à la maison qu’il fallait retrouver les cours et réviser. « kôrô* on a écrit pour nous » (on a fait ce qu’on pouvait) me lance un petit camarade du quartier dans un français très Ivoirien. Ici on ne pleure pas mais on refuse la défaite comme pour dire « nous ne sommes pas les seuls responsables ». 20,59 % c’est également le score de la bêtise humaine : pendant que sous d’autres cieux on pense à l’avenir des enfants, chez nous c’est plutôt à un avenir fait d’enfants en arme qu’on construit ! Quand après des élections on se bat au point de traumatiser des gamins on ne peut espérer mieux. Bravo les enfants mais je vous plains !

Des bacheliers la Côte d’Ivoire en produit avec des scores en dent de scie depuis dix ans et une question brule pourtant toutes les lèvres : quand est-ce que ces enfants iront un jour à l’université ? Dix ans de crise avec des semblants d’année universitaire qui on ne sait pas quand elles commencent ni quand elles s’achèvent ! Dix ans que l’école Ivoirienne n’existe que parce que nos impôts alimentent les caisses du Ministère de l’éducation nationale ! Les générations de bacheliers s’accumulent année après année avec le risque déjà réel de créer un embouteillage sur les chemins qui mènent aux Grandes Ecoles et dans les FAC. Comme disait à l’époque le général Saddam de la FESCI « on est tous dans le même bateau car quand devant est bouché personne ne peut avancer ». Les taux bas de réussite au BAC ne sont pas le symbole de jeunes Ivoiriens de moins en moins intelligents mais ils sont le symbole d’un système éducatif qui ne s’est adapté au développement du pays. La preuve est visible à travers nos amphithéâtres qui n’ont pas gagné en volume depuis la mort de Félix Houphouët Boigny, les Cités Universitaires bourrées, les lycées d’excellence du pays qui tombent en ruine, les professeurs qui font grève à Abidjan et se retrouvent à Lille, Accra, Bordeaux ou Bruxelles pour donner des cours. C’est à juste titre qu’on nous dit souvent hors de nos frontières : « la Côte d’Ivoire a de grands professeurs et docteurs ». Ils sont grands et imminents mais nos diplômes ont du mal à être reconnus hors de notre pays ! Je crois qu’au lieu de mener des campagnes de lutte contre la fraude sous fond de menaces inutiles à l’endroit d’élèves déjà traumatisés, il fallait harmoniser les épreuves en fonction du niveau réel des enfants. Le système est à revoir si nous voulons voir à la hausse les résultats de nos concours et examens de fin d’année.

kôrô* : ainé en malinké

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