Professeur Mamadou Coulibaly : « Le salut de l’Afrique réside dans les Régimes Parlementaires »

10 octobre 2011

Professeur Mamadou Coulibaly : « Le salut de l’Afrique réside dans les Régimes Parlementaires »

 

Mamadou Coulibaly Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire

Les Libéraux ne se sont pas fait prier pour prendre d’assaut la salle de conférence de la Chambre de Commerce et d’Industrie sis au Plateau Abidjan pour se former et s’informer sur la réalité et les avantages liés au Régime Parlementaire. Sur invitation de Audace Institut Afrique (AIA), des chercheurs Ivoiriens et Français ont tenu le public en halène à l’occasion d’un colloque d’une journée ce samedi 8 octobre. Mamadou Koulibaly, Président d’Audace Institut Afrique, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Jean-Philippe Feldman, professeur agrégé des facultés de droit, Maître de conférences à SciencesPo, Avocat à la Cour de Paris, Eric Kouadio et Gbongué Mamadou, économistes et chercheurs, analystes d’Audace Institut Afrique ont été les conférenciers du jour.

Se sacrifiant à la tradition le professeur Mamadou Koulibaly, a présenté le colloque et Audace Institut Afrique. Au cours de cette première intervention il a procédé à la présentation générale de la relation entre constitution – partis politiques – démocratie – Paix et progrès et le rôle que doit être celui des partis politiques dans l’édification d’un état de droit. Il a démontré texte à l’appui que le Régime Parlementaire avait été déjà expérimenté en Côte d’Ivoire par la constitution de 1959. A sa suite Jean-Philippe Feldman, professeur agrégé des facultés de droit, Maître de conférences à SciencesPo, a instruit le public sur la nécessité pour l’Afrique d’adopter un régime parlementaire. Ce Régime Parlementaire avec une constitution adaptée aux besoins et aux aspirations des peuples africains sera plus utile que le maintien de régime présidentiel fort et des constitutions souvent calquées sur celles des puissances colonisatrices. Régime constitutionnel – liberté économique et Paix en Afrique a été l’étude comparée ou parallèle entre le régime constitutionnel, la liberté économique et la Paix en Afrique. Le comparatif régime présidentiel, semi présidentiel et régime parlementaire a été réalisé par Eric Kouadio et Gbongué Mamadou, économistes, chercheurs, analystes d’Audace Institut Afrique. Cette étude a démontré que les pays à régime parlementaire sont moins exposés au coup d’Etat, guerre civiles et troubles sociaux. Ces pays attirent plus d’aide au développement à cause de la transparence dans la gestion des affaires publiques et totalisent des indices de gouvernance plus encourageants que les pays à régime présidentiel.

Que retenir du régime parlementaire ?

« Le régime présidentiel avec les constitutions que nous avons en Afrique font de nos chef d’Etat des ‘’hyper Président’’ au pouvoir sans limite. A la lecture de ces constitutions on se rend compte que les premiers ministres, les ministres et les parlementaires ne sont présents que pour faire de la figuration. Tous les pouvoirs sont détenus par le Président qui comme on le voit malheureusement peut en abuser ! » souligne le Professeur Mamadou Coulibaly. Pire, dans les régimes présidentiels on note en effet une certaine division ethnique cultivées par les politiciens. Les stratégies électorales et les alliances politiques sont le plus souvent concoctées sur des bases régionalistes. Le programme de gouvernement ne se décide plus en terme de mandat à accomplir pour le bien être des populations mais plutôt d’allier politique à satisfaire. Le régime présidentiel offre l’opportunité à un homme de gérer comme il veut pendant 5 ans un pays et de ne rendre compte que lorsque le moment des élections arrivent. Ce Président n’ayant pas eu le temps d’appliquer son programme de gouvernement est obligé de convaincre d’une autre manière ! L’argent du contribuable est utilisé pour corrompre l’électorat et le tribalisme au sommet de l’Etat devient une arme de division.

Le régime parlementaire met fin à de telles pratiques ! Il interdirait à un ‘’président tout puissant’’ de favoriser son ethnie. D’autre part il empêcherait toute rupture d’égalité juridique en faveur d’une région particulière. En effet toutes les régions sont représentées au parlement et leurs représentants ont un rôle actif et peuvent influer les politiques publiques. L’’’hyper président’’ n’aura plus 5 ans pour faire ce qu’il veut mais devra rendre compte chaque 6 mois de sa gestion au peule.

« Les pays Africains qui ont fait le choix d’un régime parlementaire sont certes un petit groupe situé dans la pointe sud du continent mais il faut dire que les résultats qu’ils ont obtenu depuis leurs indépendances sont encourageants. L’Afrique a les moyens de réussir sa transition et je refuse que des considérations culturelles et sociales soient évoquées comme frein à l’adoption des régimes parlementaires » déclare Mamadou Coulibaly. Les statistiques le montrent, dans les pays ayant un régime parlementaire le niveau d’alphabétisation et de scolarisation sont meilleurs, le revenu par habitant est plus élevé, la corruption est moins importante, la gouvernance est meilleure, il y a moins de conflits et plus de stabilité, le budget militaire est bas et la liberté économique y est également beaucoup plus élevée.

SUY Kahofi

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Commentaires

CREDIS
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Cher professeur, votre thèse est pertinente mais sa réalisation difficile dans un pays qui manque une masse critique de patriotes capables de provoquer un tel changement. Aussi faudra-t-il penser à un mouvement panafricain dont l'élan sur continent soutiendrait les formations politiques en mesure de provoquer des renversements ou des inversions de tendances.