Les ‘’France au revoir’’ reines des routes Ivoiriennes

20 juin 2011

Les ‘’France au revoir’’ reines des routes Ivoiriennes

 

Le parc auto abidjanais compte un nombre important de ‘’France au revoir’’

Elles sont trop vieilles pour servir encore en Europe, on dit d’elles qu’elles ne respectent aucune règle en terme de protection de l’environnement ou même de sécurité. Elles, se sont les voitures d’occasion que les Ivoiriens ont vite fait de surnommer ‘’France au revoir’’.

Les origines d’une appellation bien contrôlée

Si aujourd’hui les ‘’France au revoir’’ sont des vieux véhicules importés d’Europe, à l’origine ils ne venaient pas vraiment d’ailleurs ! Ces véhicules d’occasion étaient bien la propriété de coopérants ou de fonctionnaires français qui quittaient la Côte d’Ivoire après de bons et loyaux services. Ne pouvant trimbaler des vieilleries trop encombrantes lors du retour vers Paris, ils les cédaient soit à des amis ou des acheteurs pour trois fois rien. Les coopérants et autres fonctionnaires internationaux, désirant brader leurs véhicules à immatriculation temporaire se faisant rares, l’origine des véhicules a changé. Désormais il faut aller les chercher en Europe et ce nouveau commerce a jeté les bases de grandes filières entre le nord et le sud.

L’organisation de la filière

En amont il y a les pisteurs en Europe qui ont la lourde charge de faire le tour des concessionnaires et des particuliers pour racheter les véhicules. Une fois le ‘’parc’’ plein, il faut trouver un bateau pour acheminer le tout vers Abidjan, Lomé ou Cotonou. C’est dans ces différentes capitales africaines que les véhicules sont débarqués et modifiés. Demba Ousmane est mécanicien et un habitué de la ligne Lomé – Abidjan en qualité de chauffeur, il nous donne des renseignements sur le ‘’bloc opératoire’’ par lequel transite les véhicules. « Il y a tout type de véhicules qui arrivent d’Europe et le rôle des mécaniciens c’est de vérifier si les véhicules peuvent au moins démarrer, bouger, servir vraiment…Après cette étape nous passons à la personnalisation des commandes ». L’homme nous dira que les mécaniciens transforment des véhicules essences à l’origine en véhicules diésels ! « Dans les ports de Lomé et d’Abidjan il y a un nombre important de moteur de marques différentes. Nous installons ces moteurs en réalisant des modifications pour qu’un moteur ou des pièces de rechange de chez Toyota puissent servir sur une Nissan etc. » affirme le mécano. Une fois toutes ces modifications faites l’acheteur peut venir chercher son véhicule. « Certains par contre achète le véhicule et le font retaper chez leur propre mécanicien » conclu Demba.

Un business qui rapporte pour une filière qui bouge

Les vendeurs de véhicules d’occasion ne se plaignent pas et gagnent plutôt bien leur vie ! Les véhicules sont liquidés en fonction de l’âge et de la marque : les prix oscillent entre 1.000.000 et 8.000.000 ! Les ‘’France au revoir’’ sont des reines des routes Ivoiriennes et rendent service dans tous les secteurs. Transport inter-urbain, véhicules de particuliers, transport de marchandises…aucun secteur n’échappe au ‘’dictat’’ des ‘’France au revoir’’. La filière bouge et les chiffres du SACO (Service d’Attribution des Codes Occasionnels) l’attestent. Entre 2004 et 2009, 115.817 véhicules importés ont été immatriculés par les services du Guichet Unique Automobile (GUA). 20.625 en véhicules en 2004, 14.153 en 2005, 13.985 en 2006, 19.304 en 2007, 23.733 en 2008 et 23.845 en 2009. En 2010 après six mois d’activité, le SACO a révélé qu’environ 15.000 dossiers ont été traités. Petit à petit le secteur de la vente des véhicules d’occasion qui était pratiquement dans l’informel, se structure. La Côte d’Ivoire peut être fière d’avoir un Syndicat des Revendeurs de Véhicules d’Occasion de Côte d’Ivoire en abrégé le SYNARVOCI !

Suy Kahofi

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