Jeunesse Ivoirienne : quand les difficultés font évoluer les mentalités

11 juin 2011

Jeunesse Ivoirienne : quand les difficultés font évoluer les mentalités

 

eburnietoday.mondoblog.org
Les jeunes Ivoiriens ne font plus le tri des opportunités qui s’offrent à eux

La maçonnerie c’est pour les ghanéens, la menuiserie pour les togolais, la vente du garba c’est bon pour les haoussas du Niger, gagner sa vie en jouant les porte-faix c’est bien pour les bêlas, gérer une boutique ça c’est le business des mauritaniens, la restauration c’est bon pour les filles sénégalaises, la vente de l’électro-ménager c’est pour les nigérians…C’est propos étaient le propre de certains jeunes Ivoiriens et Ivoiriennes qui se voyaient trop importants, trop supérieurs, trop biens pour se rabaisser à vivre de certains métiers. L’Ivoirien se croyaient crée pour n’occuper que les grands postes de responsabilité et exercer des professions ‘’propres’’. « Pour le petit Ivoirien on n’appelle travail ce qui vous permet de vous asseoir du matin au soir dans un bureau climatisé. On veut donc tous devenir enseignants, policiers, gendarmes (c’est à la mode !), agent de bureau…Personne ne veut exercer les petits métiers pourtant la réalité c’est que la fonction publique ne peut pas embaucher tous les Ivoiriens » déclare Kouakou Frédéric peintre.

Cette mentalité du petit Ivoirien au-dessus des autres à bien fait école jusqu’en 2002 avec la crise qui a durement touché le pays. Précarité de l’emploi, camp de réfugiers, déplacés de guerre, difficultés pour manger et se loger et famine ont achevé l’orgueil des jeunes Ivoiriens. Il est vrai que certains d’entre eux avaient déjà fait le pas vers l’acceptation de ces boulots qu’on disait fait pour ‘’les étrangers’’ mais les difficultés de la vie quotidienne liées à la crise ont poussé un grand nombre à un changement de mentalité. Désormais il est facile de trouver un jeune Ivoirien qui vend du garba, qui pousse son ‘’wôtro’’(charrette), qui se transforme en apprenti maçon sur les chantiers, qui accepte la chaleur des dessous de capot en qualité de mécanicien, qui fait du commerce… « La faim nous a amené à réfléchir : c’est parce que nous avons tout sans effort que nous faisions le malin et classifions les professions en fonction des origines. Aujourd’hui l’Ivoirien a compris que tout ce qui permet de gagner sa vie et qui n’est pas de la prostitution ou du vol est bon à prendre » affirme Bamba Ousmane licencié en géographie et tenancier de magasin. Ce changement de mentalité est bien observé par les ainés qui se réjouissent que les jeunes Ivoiriens acceptent de se salir pour vivre heureux ! « Quand j’entendais à l’époque des enfants dire : ‘’j’ai une maitrise je ne peux pas accepter un salaire de moins de 250.000 f’’ je me demandais s’ils se rendaient compte qu’il y avait plus diplômé qu’eux au chômage ! Notre jeunesse était à la dérive ! J’ai vu des jeunes filles préférer la prostitution à la vente de légume sur le marché. L’argent facile c’est ce que nos jeunes veulent. Heureusement qu’ils commencent à changer et aujourd’hui quand je vois des jeunes Ivoiriens concurrencer les jeunes immigrants dans l’univers des petits métiers je suis fiers » nous explique Sanogo Coulibaly un opérateur économique du bâtiment.

Comme le dit le proverbe, il n’y a pas de profession qui ne garantisse pas la dignité de l’homme.

Suy Kahofi

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Commentaires

Christelle
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Edifiant! Bravo pour tout cet excellent boulot.

Kahofi SUY
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Merci pour vos encouragements et merci surtout de votre fidélité à mondoblog !

JEAN BAPTISTE KOUADIO
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salut suy
Je suis souvent choqué quand j'écoute ou je lit ces types d'analyse sur le pauvre peuple ivoirien qui souffre de cette situation qui n'a que trop duré.
Il est vrai que nous héritons du système français, mais cette situation n'est pas le simple fait de vouloir rester au bueau. Depuis Houphouet nous avons délibérement laissé des secteurs aussi importants entre les mains des étrangers à tel point qu'il étais difficile pour des ivoiriens d'y pénétrer. Aujourd'hui DIEU merci les jeunes gens sont entrain de corriger le tire. La cote d'ivoire souffre de son taux trop élevé d'étrangers qui 'est approprié des secteurs clés c'est ça qui est la vérité