Abidjan : la vie reprend timidement son cours normal

16 avril 2011

Abidjan : la vie reprend timidement son cours normal

 

La vie reprend timidement son cours normal

La capitale économique Ivoirienne sérieusement balafrée par des semaines de violence et d’affrontements entre FRCI et miliciens pro-gbagbo retrouve petit à petit sa quiétude. A Abidjan tout le monde le sait, lorsque les marchés de quartier reçoivent du monde c’est que la vie reprend petit à petit son cours normal. Tous les quartiers d’Abidjan ne sont pas logés à la même enseigne : ici à Treichville et à Koumassi en plein Abidjan Sud la circulation a repris mais de l’autre côté de la lagune à Cocody les choses trainent encore. Les familles, rassurées par les patrouilles des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, de la Gendarmerie Nationale, des troupes de l’ONUCI  et de la Licorne sont sortis faire quelques emplettes mais très vite les clients sont déçus par la nourriture qu’ils trouvent sur place et surtout les prix qui ont triplé. « J’ai juste pu avoir un peu d’attiéké, du riz et quelques légumes mais je dois reconnaître que les prix ne sont pas abordables » affirme un père de famille venu faire le marché pour des questions de sécurité dit-il. « Regarde mon fils ce petit poisson que tu vois fais 1800 f, le kilogramme de riz à 1000 f, le litre d’huile à 2500 f…On ne peut rien acheter et nos maris n’ont plus rien ! Il faut que les banques ouvrent » souligne Mme Kra. Les quelques boutiques qui ouvrent tentent de remplir les étagères mais tant que les premiers navires marchands qui viennent d’accoster au Port Autonome d’Abidjan ne vident pas leurs cales, les prix des produits seront toujours élevés.

Quelques taxis compteur par ici, des wôrô-wôrô par là : la clientèle ne se bouscule pas vraiment et les chauffeurs ne couvrent que des petites distances. Ce n’est pas la volonté de reprendre le service qui manque mais dans le milieu du transport la crainte est le manque de carburant. « Nous roulons avec nos réserves d’avant crise et on se ravitaille dans les stations qui ouvrent » affirme Kassoum un chauffeur de wôrô-wôrô. Au-delà du carburant pour le transport, les produits pétroliers notamment le gaz seront disponibles avec la levée des sanctions qui frappent la SIR. Des bouteilles de gaz à un prix stabilisé devraient soulager les ménagères d’Abidjan qui sont retournées au charbon et même au fagot par endroit pour faire la cuisine. Les abidjanais veulent avancer et retrouver leur vie paisible d’il y a quatre mois mais on ne peut pas tourner la page aussi facilement en claquant les doigts. Flambée des prix sur les marchés et incertitude quand à la sécurité d’Abidjan sont désormais le quotidien des Ivoiriens. Les pillages se poursuivent dans plusieurs quartiers et les combats font rage à Yopougon entre FRCI et les derniers irréductibles fidèles à Laurent Gbagbo.

Malgré les difficultés liées à l’insécurité, des signes montrent clairement que le processus de retour à la normale ne peut être stoppé par la volonté de personnes nostalgiques du passé violent de la Côte d’Ivoire. Un commerçant libanais d’électronique qui a retrouvé son magasin pillé nous a lancé cette phrase : « ils ont tout volé mais je suis en train de tout retaper et d’ici lundi je vais rouvrir même si j’ai un seul ordinateur en vitrine. Nous allons montrer à ceux qui ne veulent pas la paix qu’ils sont minoritaires ». Preuve palpable de la normalisation, l’école reprendra le 26 avril et les fonctionnaires doivent regagner le bureau ce lundi 18. La vie reprend timidement son cours normal à Abidjan entre crainte liée à l’insécurité et l’espoir de lendemain meilleur.

Suy Kahofi

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