Abidjan étouffe…la Côte d’Ivoire au bord de l’asphyxie

31 mars 2011

Abidjan étouffe…la Côte d’Ivoire au bord de l’asphyxie

 

La dynamique capitale Ivoirienne est méconnaissable

La capitale économique Ivoirienne étouffe et pour preuve elle se vide de sa population. Tout Abidjan nord est aujourd’hui le théâtre de violents affrontements. La ville tourne au ralenti : l’administration fonctionne à peine, les banques sont fermées, les entreprises sont en mode chômage technique, le secteur privé et tertiaire n’existent plus alors que les activités de commerce et de transport battent de l’aile. Pire l’avancée ‘’facile’’ ces dernières 72 heures des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire a jeté une psychose dans toute la ville : les rumeurs d’infiltration vont bon train et la peur s’installe. Chacun rallie donc les marchés pour faire les dernières provisions avant ce que certains appellent déjà ‘’La Bataille d’Abidjan’’. Les familles qui criaient au désespoir avec la première vague de hausse des prix au mois de janvier ne savent plus où donner de la tête : un cube d’assaisonnement à 50 f, le prix du sucre majoré à 50 ou 75 % selon les boutiques, les morceaux de thon de 500 f sont passés à 800 f… « On croyait avoir tout vu mais là c’est le comble ! Des fonctionnaires qui font un repas par jour en Côte d’Ivoire, le pays d’Houphouët Boigny où la nourriture se jetait ; l’ivoirien peut faire des jours en train de boire de l’eau : ça fait pitié » affirme Mme Ahoutou. « Je vous dis que rien ne marche » affirme une commerçante du marché de Belleville à Treichville avant de conclure « C’est parce qu’on ne peut pas rester à la maison que nous sommes assises derrières ces quelques morceaux de poisson. Les ménages n’ont plus d’argent car les salariés sont au chômage, les gens viennent au marché par hasard et même quand ils viennent les denrées sont si chères que seules quelques personnes peuvent repartir avec des vivres ».

Les réalités traduites par ces femmes sont visibles dans la quasi-totalité des familles d’Abidjan comme ici à Yopougon. Oscar qui était la fierté de son bled à cause d’un poste qu’il occupait dans une entreprise de travaux publics est au chômage technique : en fait il s’agit d’un licenciement qui ne dit pas son nom. « Je suis de retour à la case départ et je dois chaque jour me tourner les pouces ou jouer au ludo ou au jeu de dame comme les autres copains du quartier » affirme le jeune homme. « Une petite querelle politique qu’on croyait passagère est en train de plonger le pays dans le KO ! Voici quatre mois que je ne travaille pas et j’ai quitté ma maison pour revenir vivre à la charge de mon père comme un écolier » conclu notre interlocuteur. Aucun secteur d’activité n’échappe à la crise : ‘’tout est verrouillé sur le pays’’ comme on dit à Baby* ! Les embargos pleuvent sur le pays : ports, médicaments, cacao…la Côte d’Ivoire s’enrhume et ses partenaires de la sous-région (notamment les pays enclavés) ayant patientés durant huit ans de crise préfèrent tisser d’autre partenariat. « Avec le retour au calme en Guinée et les chantiers du Président Condé notamment le port de Conakry aux mains de Bouygues, les entreprises maliennes et burkinabé espèrent la mise en service du chemin de fer pour ne plus choisir Abidjan comme destination. Les nigériens avec les facilités du port de Tema et d’Accra risquent d’y rester ! » affirme Sékou S. un camionneur. Son ami Barro s’inquiète de la situation : « tous ceux qui connaissent la sous-région savent aujourd’hui que la Côte d’Ivoire est en train de tomber au plan économique. On se chamaillent pendant que les autres avancent : on doit se ressaisir ». Oui se ressaisir sinon le pays mettra du temps avant de retrouver sa place sur la scène Africaine et renouer avec le développement.

Baby : petit nom pour désigner Abidjan (expression nouchi, l’argot ivoirien)

RAPPEL DESORMAIS QUOTIDIEN


Voici  60 Jours que nos amis et confrères Sanogo Aboubakar dit Abou Sanogo et Kangbé Yayoro Charles Lopez dit Gnahoré Charly de Télévision Notre Patrie (TVNP) sont arbitrairement détenus à la MACA.

Au nom de la liberté de la presse nous ne les oublions pas mais nous pensons aussi à tous les journalistes exilés et ceux privés d’exercer librement !

Suy Kahofi

Partagez

Commentaires