Une crise humanitaire qui ne dit pas son nom

SOS
9 mars 2011

Une crise humanitaire qui ne dit pas son nom

 

Une vie difficile dans les camps de réfugiés

Une agréable odeur de frite de pomme de terre s’échappe d’une cuisine à Cocody Angré. Les gamins invités à table semblent se plaindre du menu et la mère de famille débordée tente gentiment de réexpliquer aux enfants la situation du pays. Si seulement ces enfants issus d’une famille plutôt aisée pouvaient comprendre que juste à Abobo, des enfants comme eux dorment chaque soir l’estomac vide. Les projecteurs des médias sont braqués sur la révolution Libyenne pendant que dans les quartiers d’Abidjan et dans plusieurs villes les populations déplacées dorment à la belle étoile. Les corps en putréfaction à Abobo et dans certaines localités de l’ouest, où une offensive des FAFN est en cours, annoncent la recrudescence des épidémies typhiques. Les moindres moments d’accalmie poussent les populations ayant quitté leurs maisons à revenir mais une fois sur place il faut encore sortir car les armes lourdes crépitent de nouveau. Pendant que deux hommes se chamaillent pour le pouvoir la population qu’ils espèrent diriger souffre terriblement.

La violence et les accusations portées contre l’ONUCI et les agences des Nations Unies rendent difficiles le travail des humanitaires. Dans ce contexte, la faim, le manque d’eau potable, la maladie et les morts rythment le quotidien des camps de déplacés. Désormais le Libéria n’est plus le seul point de chute des fuyards Ivoiriens : on les compte par milliers au Ghana y compris les ressortissants CEDEAO du Niger, du Burkina, de la Guinée et du Mali. « On ne peut plus rester ici » affirme un ressortissant nigérien qui attend le trans-ecowas. « Des hommes en uniforme se livrent à la chasse à l’homme : on nous traite de rebelle et on nous tue. Je préfère partir ». A la gare de Niamey certains sont venus juste avec les habits qu’ils portent : pas de bagages, juste de quoi payer le ticket. L’insécurité est toujours grandissante, le chômage atteint des records, les entreprises ferment et d’ici peu les vivres vont manquer sur les marchés, les médicaments aussi. On en parle très peu mais c’est une réalité : seules les familles aisées pourront manger à leur faim dans les semaines qui viennent. A voir les mamans trainer les paniers vides sur les marchés, on se demande si certaines familles auront de quoi tenir tout ce mois de mars ! La Côte d’Ivoire est méconnaissable et l’Ivoirien qui voyait les images de la guerre d’Ethiopie, du Libéria, de Sierra Léone et du Mozambique comme quelque chose qui n’allait jamais se produire sur son sol n’en revient toujours pas. Nous voici Ivoirien dans le club des pays sous perfusion alimentaire du PAM. Pour l’instant il y a des camps de refugiés, demain se sera peut-être les avions de la Croix rouge qui nous lanceront les sacs de protéines. Nous devons sauver ce pays et nous le pouvons, non pas pour nous mais pour nos enfants.

La seule prière des Ivoiriens c’est que Dieu opère le miracle à Addis-Abeba ce 10 mars sinon la catastrophe risque de se produire. Ceux qui malheureusement voulaient croire en un face à face Ouattara – Gbagbo seront déçus car le second n’a pas fait le déplacement. Le président sortant sera représenté par le président de son parti politique, Pascal Affi N’guessan et par son Ministre des affaires étrangères, Alcide Djédjé. Motif officiel évoqué pour justifier cette absence l’insécurité interne qui nécessite la présence du leader. Officieusement Gbagbo Laurent ne veut pas se faire arrêter ou au pire des cas faire tuer ! L’histoire de l’Afrique nous a donné les preuves que les avions des leaders indisciplinés ou trop zélés finissent un matin par disparaître des écrans radars. La montagne risque donc d’accoucher d’une souris en l’absence d’un des deux protagonistes mais avec ou sans Gbagbo la crise doit prendre fin car trop d’homme ont perdu la vie.

RAPPEL DESORMAIS QUOTIDIEN


Voici 39 Jours que nos amis et confrères Sanogo Aboubakar dit Abou Sanogo et Kangbé Yayoro Charles Lopez dit Gnahoré Charly de Télévision Notre Patrie (TVNP) sont arbitrairement détenus à la MACA.

Au nom de la liberté de la presse nous ne les oublions pas mais nous pensons aussi à tous les journalistes exilés et ceux privés d’exercer librement !

Suy Kahofi

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